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Le handicap n’empêche aucunement certaines personnes d’exercer leur métier. Si certains handicapés jugent nécessaire de mendier dans la ville, d’autres se battent bec et ongle pour réussir. Tel est le cas de ce jeune handicapé de vue Nazy Dembélé, présentateur du journal et de la revue de presse Bambara à la radio Maliba FM.

Selon l’écrivain ivoirien Bernard B. Dadié, «Après le travail vient l’indépendance ». Et selon les livres sacrés, «L’homme mangera à la sueur de son front ». Ceci pour expliquer la bataille que l’Homme mène dans cette vie . En effet, Nazy Dembélé est un jeune célibataire malvoyant. Ayant toujours voulu de travailler à la radio comme journaliste, il nourri aujourd’hui son rêve d’enfance.

Après avoir eu son Diplôme d’Etudes Fondamentales à l’Institut des jeunes aveugles(IJA), Nazy Dembélé a échoué plusieurs fois au BAC avant d’embrasser le métier de la radio. Le jeune aveugle avait une passion forte pour le football avant de tomber amoureux de la radio. Au cours de son existence, le jeune voit son rêve tombé à l’eau en devenant aveugle. « Au départ, je voulais devenir footballeur, Dieu faisant les choses, je suis devenu aveugle. Alors, j’ai jugé nécessaire de me retourner vers ma deuxième passion qui est le métier de la radio » ; a affirmé le jeune avec un sourire aux lèvres.

En 2015, Nazy Dembélé se lance pour devenir un agent de la radio, il fît le tour dans la ville de Bamako à la recherche d’une radio pour vivre sa passion.

Malheureusement, il fut rejeté par plusieurs d’entre elles à cause de son handicap. Il voulut se décourager mais, la radio Maliba FM lui donne une chance afin qu’il montre son savoir-faire. C’est ainsi que le jeune s’impose à travers son talent après un petit moment de stage et de formation. D’abord, il intègre l’équipe de la revue de presse puis il passe à la présentation du journal en Bambara. « Je présente la revue de la presse qui se fait du lundi au vendredi. En plus de cela, je présente le journal en Bambara. Je ne vois pas, j’accomplis toutes ces tâches avec mon braille. Le braille est un système d’écriture en point saillants à l’usage des aveugles » ; ajoute Nazy Dembélé.

D’après les collègues de Nazy Dembélé, il est courageux et déterminé de tout ce qu’il fait à la radio. Selon eux, il accomplit avec efficacité les tâches qu’on lui confie. « Voir un jeune comme Nazy fait ce boulot, c’est très rare même dans le monde. Il est courageux et en même temps il aime son boulot. J’avoue qu’il est l’un de nos meilleurs présentateurs en Bambara » ; a témoigné Boubacar Guindo rédacteur en chef par intérim de la radio Maliba FM.

Selon Fatoumata Gnambélé, technicienne à la radio Maliba FM, Nazy Dembélé est un agent courageux, déterminé et ordonné malgré son état. « Il aime ce métier car, il quitte très loin pour se rendre ici à l’ACI 2000 chaque jour pour son boulot. Depuis des années, nous travaillons ensemble » ; déclare-t-elle.

Grâce à ce métier, Nazy Dembélé est devenu indépendant. Il arrive à subvenir à ses petits besoins. « Je suis fier de mon métier. Grâce à ce que je fais, je prends soin de moi et de certains membres de ma famille. J’ai acheté un terrain que je vais peut-être construire dans le futur. Sans oublier que ce métier m’a ouvert plusieurs portes » ; se réjouit-t-il.

Dans tout travail, il y a une difficulté, il ne serait qu’une portion. Le jeune présentateur du journal parlé bambara rencontre également des difficultés au cours de ce métier car, dans ce monde, tout ne peut pas être rose. Au sein de la rédaction, Nazy Dembélé affirme ne pas avoir de problèmes, mais quand il s’agit de chercher le marché pour la radio, la donne change catégoriquement. « Souvent, la hiérarchie supérieure ordonne aux journalistes de chercher des publicités pour la radio. Une publicité gagnée par le journaliste égal à un pourcentage qu’on lui verse. Et quand moi je sors, pour aller à la quête de ces publicités auprès des commerçants et autres, certains ne me croient pas. D’autres vont jusqu’à me traiter de menteur et de voleur » ; déplore-t-il.

Cependant Nazy Dembélé invite tous ses semblables à faire comme lui, de ne jamais baisser les bras. Car, selon lui, nous sommes dans un monde très rapide dans lequel chacun cherche son pain pour sa propre survie. Il conclut que : « Ce qui pose problème, c’est de ne pas être avec toutes ses facultés en place. Le handicap ne doit pas être une excuse pour baisser les bras et de se promener dans les rues pour quémander ».

Bamako, le 24 Août 2020
Adama SANOGO
@Afribone