Partager

Architecte de son état, Moustaph Soumaré était parti à Kayes, mardi 16 janvier, par avion pour des raisons professionnelles, notamment la réhabilitation de deux mosquées de la ville et la mise en valeur d’un terrain à Médine. Cette parcelle étant liti­gieuse, Moustaph Soumaré se rendit sur le site en compagnie des services du Domaine et de l’Institut Géographique du Mali (I.G.M). Auparavant, il avait lancé des avis d’assemblées générales des signataires du Manifeste pour la Démocratie. C’est ainsi que, de retour de Médine, il trouva des gendarmes qui l’attendaient à son hôtel. Ceux-ci l’embarquèrent très respectueusement dans un 4×4, immatriculé CD – code diploma­tique- 124. Arrivé à la gendarme­rie, on lui reprocha d’avoir loué à Kayes un véhicule frauduleuse­ment dédouané. Ce qui, du reste, est faux, selon Moustaph lui-même que nous avons pu joindre par téléphone. A supposer même que ce fut vrai, qu’est ce qu’il a à voir dans cette affaire dans la mesure où il n’est ni le propriétaire ni le chauffeur ? Ainsi, après un interrogatoire qui n’aura duré que quelques minutes, les pandores lui présentèrent leurs excuses avant de le laisser rega­gner son hôtel.

A t-on voulu l’empêcher de te­nir sa réunion avec les militants de l’ADJ?. Rien n’interdit de le penser. Il reste que sa brève in­terpellation par les gendarmes kayésiens a suscité un vif émoi à Bamako dans le contexte préélectoral où nous nous trou­vons. En effet, Moustaph Soumaré fait partie des hommes qui inquiètent le pouvoir en place. Un des inspirateurs et rédacteurs du Manifeste pour la Démocratie qui prône le retour de la politique aux seuls partis politiques et la fin de l’aventurisme individuel, il lançait récemment le mot d’ordre suivant : «Tout sauf un candi­dat indépendant». Une claire al­lusion voire une attaque frontale au président ATT donné partant pour sa propre succession en avril 2007.

Ancien député ADEMA du­rant la deuxième législature (1997-2002) de la troisième Ré­publique, proche de l’ex-président de la République Alpha Oumar Konaré, Coordinateur pour Ba­mako de l’ADJ qui s’est fixé pour mission un recentrage de la dé­mocratie malienne par la remise en orbite des partis politiques en tant qu’acteurs constitutionnels de la vie publique, Moustaph Soumaré, en raison de son engagement sans faille, passe sou­vent pour un dangereux activiste. Raison pour laquelle beaucoup sont enclins à penser que l’inci­dent de Kayes relève davantage d’une tentative d’intimidation que d’une bavure. Affaire à suivre.

Chahana Takiou

18 janv 07