En s’adressant au Chef de l’Etat, Moussa Balla Coulibaly lui a signifié qu’il lui présente ses vœux ainsi qu’à la « nation malienne, cette valeur inestimable que nous avons en partage et dont vous avez la sauvegarde ». Il lui a ensuite rappelé les fondements de ce qu’il appelle « un privilège », en l’occurrence la présentation des vœux du nouvel an à lui et au peuple malien : la présidence du Conseil économique, social et culturel, institution de source constitutionnelle, qui lui a été conférée par le vote du bureau du Conseil national du patronat malien (CNPM) et par les membres du CESC.
« En démocratie, le vote procure la meilleure légitimité et, parlant, la liberté qui est l’essence même de la démocratie. Notre nation a choisi la démocratie, donc la liberté en tout et pour tous : liberté de culte, liberté de pensée, liberté d’expression, liberté d’association. Il revient aux Maliennes et Maliens de conforter ces libertés par l’acquisition d’une culture démocratique faite de conscience éclairée et de responsabilité », a encore rappelé Moussa Balla Coulibaly.
Le but d’un tel rappel, Moussa Balla Coulibaly le révélera quelques phrases plus loin : en vrai communicateur, pour fustiger une situation ou critiquer une personne, il faut commencer par présenter ses forces pour lui donner de l’assurance. C’est ainsi qu’ensuite, il considère que le véritable ennemi des libertés, dont il a parlé plus haut, est l’ignorance. Celle-ci peut revêtir deux aspects : le vécu et le voulu.
La première forme d’ignorance – celle vécue qui se décline en manque de civilité et en délinquance de toute nature – s’installe ^quand la famille et la société n’ont pas assuré une éducation citoyenne à leurs membres». Dans ces conditions, «la vie en société perd tout son charme et devient un sujet d’inquiétude permanente. Tel est aujourd’hui le vécu de nos cités». Et Moussa Balla Coulibaly de citer l’exemple de Ségou et de Bamako qui, de 1960 à 2006, ne sont plus reconnaissables. Tellement les us et coutumes y sont transgressés ! Aux dirigeants de la nation et aux associations politiques d’assumer toutes leurs responsabilités pour inverser cette fâcheuse tendance.
Quant à la deuxième forme d’ignorance – l’ignorance voulue -, elle est «l’apanage des cadres, en tout cas ainsi appelés, que la nation a formés à grands frais pour exercer des responsabilités qui conditionnent la bonne marche de l’Etat». Mais, le civisme, gage de la paix sociale, n’étant plus de mise par malheur, Moussa Balla Coulibaly a fait un constat amer sur la situation sociale au Mali en de termes virulents notamment à l’égard des cadres. A commencer par les juges : «si une sensibilité exacerbée existe par rapport à quelque chose, il est certain que le comportement du juge devance toute autre chose. La Justice, le juge du Mali ignorent délibérément leur mission de construction de la paix, de la quiétude sociales. La lecture, l’audition des médias privés de notre pays est un exercice des plus affligeants».
Il n’a pas été non plus tendre à l’égard des journalistes qui n’ont, à ces yeux, aucun respect de la déontologie et de l’éthique : «Les journalistes ignorent délibérément tout ce qui fait la beauté et la grandeur de leur métier : l’objectivité, la recherche passionnée de la vérité, la civilité, le langage et récriture châtiés. L’éthique, la déontologie ne rentrent pas dans leurs préoccupations». Les soi-disant hommes des médias semblent avoir pour seule règle de conduite la vénalité, portant ainsi atteinte «à l’honorabilité des uns et des autres par des accusations sans preuve et sans retenue».
Il a conclu en ajoutant : «Notre choix, la démocratie, est sans nul doute, le meilleur mais l’ignorance vécue et voulue risque de l’assombrir». Montesquieu, John Lock et Jean-Jacques Rousseau auraient sans doute été contents d’écouter une telle satire du Président social qui n’a jamais mâché ses mots.
Zoubeïrou MAIGA
04 janv 07