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S’achemine t-on vers une crise politique au Mali ? La question mérite d’être posée avec la motion de censure déposée par l’opposition parlementaire le vendredi 13 juin 2014 contre le Gouvernement du Premier ministre Moussa Mara. L’auteur de cette motion de censure, première du genre sous IBK et deuxième de la 3ème République depuis 1992, s’appelle Soumaïla Cissé, député élu à Niafunké et challenger du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la présidentielle de 2013.

Si le dépôt d’une motion de défiance est d’ordre constitutionnel, il fait suite à la succession d’événements importants dans la vie de la Nation malienne mais dont la conduite s’est révélée éprouvante pour le pouvoir en place. De quoi s’agit-il ? Pourquoi l’opposition veut la tête du Premier ministre Moussa Mara ?

JETER LE BÉBÉ AVEC L’EAU DU BAIN?

Le PREMIER Premier ministre d’IBK, M. Oumar Tatm Ly, a au terme de sept (7) mois de gestion du pouvoir jeté l’éponge, puisque n’ayant pu surmonter certaines difficultés. Parmi ces difficultés, il y a la situation de Kudal où Oumar Tatam Ly n’a pu se rendre à cause de l’insécurité. C’est dans ce contexte que Moussa Mara a pris le relai le 05 avril 2014 et a rendu publique la liste des membres de son Gouvernement le 11 avril.

Un mois plus tard, soit le 17 mai dernier, Moussa Mara s’est rendu à Kidal dans un climat très tendu. La suite, on la connaît : les bandits armés du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla) et leurs complices narco-trafiquants se sont attaqués au gouvernorat et ont égorgé certains préfets et sous-préfets (8 au total) qui y étaient présents. Le Premier ministre Moussa Mara lui-même a failli perdre sa vie au cours de cette visite à Kidal qui s’est déroulée sous les balles des ennemies du Mali.

En peu de temps, Moussa Mara a imprimé sa marque à la gestion des affaires publiques, en présentant au élus de la nation une Déclaration de Politique Générale (Dpg), en instaurant des cadres de concertation entre la Primature et les institutions de la Républiques. L’expert comptable qu’il est se revèle un gestionnaire rigoureux, un communiquant politique, un intellectuel très dense.

Les résultats auxquels il est parvenu en peu de temps lui ont donné une certaine assises populaires qui n’est pas du goût de l’opposition, qui voudrait véhiculer le sentiment que le Premier ministre Moussa Mara a déjà échoué. D’où le dépôt de la moton de censure.
Il est vrai que dans la conduite des affaires pbliques le Gouvernement a fait certaines erreurs, mais faudra-t-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

QUE DIT LA LOI SUR LA MOTION DE CENSURE ?

C’est l’article 78 du titre VI de la Constitution que règle la question de la motion de censure. Le deuxième alinéa de l’article 78 de la Constitution du 25 février 1992 stipule que : “L’Assemnlée Nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. Une telle motion n’est recevable que si elle est signée par 1/10ème aux mains des membres de l’Assemblée Nationale, (soit au moins 15 députés)”. Il faut préciser que l’opposition malienne compte 22 députés.

Dans l’esprit de l’article 78, le vote de la motion de censure ne peut alors lieu que quarante huit (48) heures après son dépôt. Le dépôt de la motion de censure a lieu le vendredi 13 juin 2014. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu’à la majorité des 2/3 (soit 98 députés) des membres composant l’Assemblée.

L’article 79 précise que lorsque l’Assemblée Nationale adopte une motion de censure, le Premier ministre remet au Président de la République sa lettre de démission.

Face à la faiblesse numérique de l’opposition, 22 députés sur 147, la motion de censure n’a aucune chance d’aboutir, à moins que…

Facourou TOUNKARA

18 Juin 2014