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A l’exception des Pyramides d’Egypte, aucune des 7 merveilles du monde (Le temple d’Artémis à Ephèse, Les pyramides d’Egypte, Les jardins suspendus de Babylone, Le mausolée d’Halicarnasse, Le phare d’Alexandrie, Le colosse de Rhodes, La statue de Zeus à Olympie) n’existe aujourd’hui de la liste établie 140 ans avant J. C. par Antipader Sidon et communiqué à la postérité par Philon de Byzance. Un vote mondial consacrera les 7 nouvelles merveilles du monde. Tombouctou, seul site du continent est pour le moment en queue de peloton.

« On s’y est pris tard », déclare Ismaël Sacko, membre du comité de pilotage pour la mobilisation pour Tombouctou. En effet, car c’est depuis l’année 2000 que la campagne pour la désignation des nouvelles merveilles du monde est lancée et est devenue quelques mois seulement la première et plus la importante campagne électorale mondiale.

La ville de Tombouctou, cité mystérieuse et fascinante connue dans le monde entier, a été logiquement inscrite sur la longue liste dressée par des internautes du monde entier. Cette liste a été ramenée à 200 sites et au mois de janvier dernier, un comité d’experts en architecture s’est réuni et décidé de ramener le nombre de sites pour la compétition finale à seulement 21.

Depuis lors, le 7 de chaque mois un classement est établi en fonction du vote pour les vingt sites finalistes. Le dernier, qui date donc du 7 mai, révèle que le seul site africain en compétition occupe le bas de la liste. On pourrait comprendre ce rang pour Tombouctou, le vote se faisant par le moyen des technologies de la communication et de l’information notamment Internet, le SMS (service sur le téléphone portable) et le téléphone. La fracture numérique aura déclassé la Cité des 33 Saints.

Alors le jeune Ismaël Sacko, ancien président des jeunes Maliens en France, se bat pour mobiliser le vote pour que Tombouctou soit une des 7 nouvelles merveilles du monde. Des personnes intéressées le rejoignent et forment avec lui un comité de pilotage très actif qui démarche le ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Le comité explique qu’il compte prendre des contacts avec des cybers afin de mobiliser la clientèle à voter pour Tombouctou sur Internet en lui offrant le temps de connexion. Environ une centaine de cybers en France participeront à l’opération.

Les ambassadeurs du Mali en Allemagne et aux Etats-Unis ne sont pas en reste. Mais tout ceci ne pourra signifier grand-chose que si un grand écho de par le monde n’est donné en faveur de la cité dont la merveille fondatrice, comme le dit le chercheur Youssouf Tata Cissé, réside dans la prémonition faite par cette vieille dame au nombril proéminent qui serait, selon la légende, fondatrice de la ville. Selon, Youssouf Tata Cissé, Bouctou aurait juré que le monde accourait pour venir la rejoindre et « l’apport conjugué des peuplements a fait le renom de Tombouctou ». « Ce paysage au bord du chagrin avec une population flottante, une ville étrange et secrète », renchérit le poète Tandina.

Finalement, on aura regretté que des personnalités des arts et des lettres, réseaux culturels par excellence, soient ignorées dans une bataille où, seule, compte la force de mobilisation, déterminante pour l’issue de la partie. Si Youssouf Tata Cissé, Amadoun Tandina se sont déplacés pour venir soutenir Tombouctou dans une petite salle, c’est en dehors de toute autre considération.

La ville fondée au 12e siècle et classée monument historique depuis 1988 par l’Unesco ne mérite pas d’être ensevelie par le sable, de disparaître comme les autres merveilles du monde. Sortir la mosquée de Djingayber, l’Université Sankoré, etc. de l’oubli est un devoir pour tous les citoyens. Les premières 7 merveilles du monde ont été consacrées voici plus de 2150 ans. On ne pourra s’offrir le luxe d’attendre 2150 autres années. Encore que…

Oussouf Diagola
(Paris)

05 juin 2007.