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Après une longue tournée à travers le monde pour se rendre compte de la situation des Maliens vivant à l’étranger, le tout nouveau ministre des Maliens de l’extérieur Dr Alou Badra Macalou est arrivé à Abidjan le vendredi dernier. A la tête d’une délégation de quatre membres dans la capitale économique Ivoirienne, il devait mettre en place le nouveau bureau du Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire (CMCI). Loin d’y parvenir, comme il avait promis à ses compatriotes, la mission du ministre a été un fiasco.

Le 20 Janvier dernier, lors d’une grande Assemblée Générale qu’il a organisée avec nos compatriotes au Palais de la culture d’Abidjan, le Ministre avait promis des élections propres sur la base des textes du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur et de la feuille de route qui balise les futures échéances.

Début Février, les structures associatives qui travaillent habituellement avec la chancellerie ont été saisies par le Chargé d’affaires Amadou Opa Thiam de l’organisation des élections au Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire le 23 Février 2008.

C’est ainsi qu’une copie du courrier du Ministre de tutelle a été remise à toutes les 9 structures habilités à prendre part au vote des instances du CMCI. Ces structures associatives connues et enregistrées au consulat sont :

La Coordination des Amicales maliennes de CI, la Coordination des Associations maliennes de CI, l’Union des Ressortissants maliens en CI (UJRMCI), le Conseil de la Jeunesse Malienne de CI (CJMCI), la CAFO, l’AFEF, l’Association des Cadres Maliens de CI, le CARIMEX et le Mouvement Citoyen.

Sur convocation du Chargé d’affaires, un comité d’organisation des élections, composé des anciens membres du bureau sortant et un délégué de chacune des structures associatives citées plus haut, avait vu le jour depuis cette date.

Pendant trois semaines, la commission va aborder tous les sujets concernant les élections. Mais ce sont les problèmes de cartes et la liste finale des structures votantes qui finiront par provoquer le blocage.

En effet, le président sortant sentant sa cause perdue a tout simplement refusé de remettre les cartes du Haut Conseil aux structures dans le but de les empêcher de voter.


Pas d’archives au Consulat d’Abidjan

L’article 1 des textes du Haut Conseil stipule : « Le Conseil des Maliens de l’Extérieur dont le sigle est CME est le démembrement du Haut conseil des Maliens de l’extérieur dans les pays de résidence. Il est composé d’associations, d’amicales, de regroupements d’associations ou d’amicales, existant dans les pays de résidence et déclarés auprès des Missions Diplomatiques et Consulaires du Mali. ».

Jusqu’à ces élections dont l’enjeu a complètement noyé notre représentation consulaire, les neuf structures étaient les seules à prendre part à toutes les activités des Maliens de Côte d’Ivoire.

Au lieu de se limiter à celles-ci pour les élections, nos autorités diplomatiques et consulaires ont demandé que toutes les associations déposent leurs dossiers en plus de ceux déjà existants. Selon eux, le dépouillement allait se faire à partir des archives du Consulat.

Mais, surprise ! Le Consulat ne dispose pas d’archives de plus de 5 ans. Cette nouvelle donnée par le premier responsable de la Chancellerie laissa tout le monde sans voix. Surtout quand on sait que la plupart des anciennes structures associatives ont été constituées depuis les années 90.

Tout se passait comme si le chargé d’affaires donnait sciemment l’occasion à des personnes mal intentionnées de se glisser dans cette faille. La délégation du ministre à qui le chargé d’affaires s’est remis pour trancher s’est finalement retrouvée avec plus de 200 associations fictives dont la grande majorité appartenait à Ousmane Tanapo, président sortant.

La liste définitive des structures votantes n’a donc pu être dégagée pendant toute la journée du vendredi. Ce n’est que dans l’après-midi du samedi 23 Février que le ministre a décidé de sortir de sa réserve, au terme de conversations très serrées avec sa délégation et les autorités consulaires. Son entrée en scène, très attendue, n’a pas réussi à dissiper tous les malentendus.

Car le camp du collectif des structures avec leur jocker Hamet Diawara, opposé au président sortant, soutient bec et ongles que tant qu’on ne retire pas les associations fictives il n’y aura pas de vote. Ils reprochent au chargé d’affaires tout comme à certains missionnaires, comme Amadou Soulalé, de rouler pour le président sortant contre forte récompense, en cas de victoire.

La situation est très critique, car les uns et les autres vont jusqu’à proférer des menaces de mort en cas d’une mauvaise gestion du cas ivoirien. Les nerfs sont à fleur de peau, les élections prévues aujourd’hui ont été ajournées en attendant qu’on ait une liste fiable de structures qui doivent voter.

Originaire de Mopti comme le président ATT, le président sortant Ousmane Tanapo n’a d’autre propos à la bouche si ce n’est qu’il resterait à la tête du CMCI jusqu’à ce que ce dernier (ATT) quitte Koulouba. L’homme est resté 10 ans Président des Maliens de Côte d’Ivoire sans pouvoir rendre le moindre compte à qui que ce soit.

Le sentiment général à ce jour est que le ministre est venu faire porter une camisole de force aux Maliens de Cote d’Ivoire qui sortiront, à n’en point douter, de ces élections, si elles ont lieu, plus déchirés que jamais.

Correspondance particulière d’Abidjan.

25 février 2008.