Précédemment prévue pour le jeudi 13 Novembre 2008, puis reportée sans qu’une explication en soit donnée, c’est en principe ce jeudi 20 Novembre qu’aura lieu la mise en place des bureaux des commissions spécialisées de l’Adéma-PASJ : il s’agit des commissions centrales de Contrôle Financier, de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits. Chacune de ces commissions compte 40 membres. Et chacune d’elles doit se faire élire un bureau de 5 membres composé d’un président, de 2 vice-présidents et de 2 rapporteurs.
Précisons, d’entrée de jeu, que la commission centrale de Contrôle Financier devait se former hier soir. Quant à la commission centrale de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits, elle doit en principe se former sous peu.
Le souhait généralement émis est que les bureaux de ces commissions, en tant que structures d’appui et de conseil pour l’ensemble des organes du parti, soient composés (leurs noms l’indiquent) de spécialistes et de techniciens dont l’intégrité et la probité morales ne doivent souffrir d’aucun défaut, au regard même du caractère technique et spécialisé des rôles dévolus à ces commissions.
En effet, pour ce qui est de la commission centrale de Contrôle Financier, l’Article 49 des statuts stipule : “La commission centrale est une commission permanente chargée de vérifier les comptes du parti. Elle contrôle la régularité et la sincérité des documents comptables, ainsi que des inventaires et des bilans. Elle intervient au niveau de tous les organismes du parti ”. Et l’Article 50, de préciser : “La commission centrale de Contrôle Financier prépare, pour le Comité Exécutif, les comptes annuels soumis au contrôle de la Cour des Comptes. Elle fait rapport à la conférence nationale et au congrès”.
Pour ce qui concerne la commission centrale de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits, l’Article 47 des statuts spécifie : “La commission centrale de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits veille à la bonne connaissance et à l’application correcte des textes, au respect de la discipline au sein du parti. A ce titre, elle examine et se prononce sur les requêtes formulées par les militants et par les organes. Elle peut débattre de toutes les autres questions conflictuelles entre les militants, entre les organes ou entre les organes et les militants. La commission instruit les dossiers qui lui sont soumis et communique ses conclusions au Comité Exécutif. Elle fait rapport à la conférence nationale et au congrès”.
Comme on peut donc le constater, si, pour le bureau de la première commission, il faut des spécialistes des questions financières, pour le bureau de la seconde commission, il faut plutôt des juristes chevronnés.
Il y a lieu donc même d’insister sur la composition du bureau de la commission de Contrôle Financier, quant on sait que le parti a le plus souvent été sevré de l’aide publique pour faute de dépôt de bilan comptable à la Cour des Comptes : et même s’il est fait, c’est de façon tardive, sinon étonnant pour le commun des mortels, surtout venant d’un parti aussi grand que l’Adéma-PASJ.
Au fur et à mesure que l’Adéma continue de clamer haut et fort sa suprématie, on a plutôt l’impression qu’il se perd en conjectures. Et pour cause : aujourd’hui, avec l’annonce de la mise en place des bureaux des commissions spécialisées, des raisons politiques sont, une fois de plus, en train de l’emporter sur la compétence technique, au sein du parti.
Coups bas et conflits de positionnement
En effet, compte tenu de certains avantages et prérogatives liés à la fonction des membres des bureaux des commissions spécialisées, des ambitions démesurées, qualifiées même de “mégalo”, s’aiguisent déjà au sein du parti de la Ruche. A la base de ces conflits à la lisière entre arrivisme et “jusqu’au-boutisme” se trouvent ces mêmes groupes hétéroclites réfractaires qui avaient failli faire foirer le 4è congrès ordinaire du parti.
C’est qu’aucun d’eux ne s’avoue encore vaincu ; en tout cas, pas avant la fin du processus de désignation du candidat de l’Adéma à l’élection présidentielle de 2012. Il s’agit, entre autres, du groupe dit “pro-Dioncounda” ; de celui de Tiémoko Sangaré et camarades, reconnu en outre plus proche de Dioncounda ; de celui de Iba N’Diaye et acolytes, et de celui du doyen Aly Nouhoum Diallo et affidés. Au centre, se trouvent ceux qu’à l’époque, on a appelés les observateurs, c’est-à-dire ceux qui n’étaient pour aucun des groupes cités.
Ce sont ces différents groupes, qui se sont âprement affrontés durant le congrès, qui auraient entraîné l’augmentation du nombre des membres du Comité Exécutif à 80, contrairement à ce qui était initialement prévu, c’est-à-dire un bureau de 65 membres.
Comme “revers de la médaille”, la salle de conférence du siège du parti a eu du mal à contenir tous les membres de ce pléthorique Comité Exécutif, même le fait d’avoir transformé ladite salle en amphithéâtre n’a pas résolu le problème. Aussi, Dioncounda Traoré avait en peu “blagué” en disant que seul un tableau noir manquait à cet amphi de facto. On a déjà une idée de la suite de la plaisanterie du N°1 des Ruchers qui semble signifier : “La seule chose qui me manque, à moi le Pr Dioncounda Traoré et mes élèves, c’est un tableau noir”.
Pour revenir aux commissions spécialisées, qu’est-ce qui explique aujourd’hui la bataille rangée pour le contrôle de ces structures? Pour avoir la réponse, il faut se référer plutôt aux statuts concernant les prérogatives des membres de ces commissions.
D’abord de la conférence nationale et du congrès, l’Article 29 stipule que “la conférence nationale comprend, avec voix délibérative, les membres du Comité Exécutif ; les membres des commissions de contrôle spécialisées…”
Tandis que l’Article 31 explique : “Le nombre total des délégués au congrès est fixé par la conférence nationale… Participent au congrès, avec voix délibérative, les membres du Comité Exécutif, les membres des commissions centrales spécialisées…”.
Si ces deux derniers articles ne permettent pas de lever le voile sur les motivations profondes de l’acharnement des barons de l’Adéma à vouloir à tout prix contrôler les commissions spécialisées, l’Article 64 du titre VI des statuts, relatifs à la candidature et à l’investiture du parti édifie suffisamment : “Le candidat du parti à l’élection du Président de la République est proposé par le Comité Exécutif à la conférence nationale, qui décide en dernière instance”.
Et ledit Article, de poursuivre : “Le choix du candidat du parti à l’élection du Président de la République doit respecter les étapes suivantes : mise en place d’une commission d’investiture composée de cinq (5) représentants du Comité Exécutif, du président de la commission centrale de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits, du président de la commission centrale de Contrôle Financier…”
Donc, en plus d’avoir des hommes de main dans ces commissions pour mieux défendre sa position en cas de pépin, tout responsable politique avisé, qui nourrit des ambitions présidentielles, risquerait même sa peau pour avoir un proche, un ami, voire un parent, à la tête des bureaux desdites commissions. Voilà expliquées clairement les raisons qui poussent les Dioncounda Traoré, Iba N’Diaye et autres à vouloir contrôler ces structures. Doù des coups bas et des conflits de positionnement.
Déjà, des noms sont cités comme étant ceux qui bénéficient de plus de soutiens des membres du C.E., dont Dioncounda Traoré en premier lieu. Au niveau de la commission centrale de Contrôle Financier, on parle de plus en plus du promoteur hôtelier et homme d’affaires, M. Sadou Harouna Diallo, à qui Dioncounda aurait offert une parcelle, aujourd’hui en construction et en phase de finition. Il serait si prêt à rouler pour le président du parti dont d’autres rapports lient les deux hommes, plus que l’octroi d’un terrain.
On murmure également le nom du Chargé de mission à la Primature, M. Mamadi Sidibé. Mais la question qui se pose est de savoir pour qui il roulerait, au cas où il est élu président de la commission des Finances : pour Dioncounda ou pour le Premier ministre, Modibo Sidibé à qui on accorde le crédit de la possibilité qu’il soit candidat Adéma en 2012, malgré la mise en garde du N°1 des Ruchers qui clanne haut et fort que le porte-drapeau du parti ne viendra pas de l’extérieur de la ruche?
Il y a également un autre qu’on dit “inconditionnel” de Dioncounda Traoré : Cyr Mathieu Samaké. Il y en a d’autres, tels que l’ancien député Konimba Sidibé, Assa Sylla, Broulaye Sangaré, tous soutenus par des barons du parti de la Ruche et à qui ils doivent servir “d’ascenseurs“, au cas où l’un d’eux est élu président de la commission centrale de Contrôle Financier.
Pour ce qui est de la commission centrale de Contrôle Administratif et de Gestion des Conflits, des candidats potentiels ne manquent pas également. A ce niveau, on parle de Daouda Sacko, Aly Sankaré et Samballa Sidibé. Si les deux premiers sont dits être proches de Dioncounda Traoré, le troisième, quant à lui, serait un inconditionnel de Iba N’Diaye, à qui il devrait d’ailleurs tout.
Iba nourrirait-il des ambitions pour 2012, ou roulerait-il (comme en 2002) pour une candidature du Premier ministre, Modibo Sidibé? Dans tous les cas, les rumeurs sur ses allégeances au Premier ministre ne datent pas d’aujourd’hui. Iba N’Diaye serait même l’animateur principal d’un courant rucher qui se bat pour faire passer l’idée selon laquelle seul Modibo Sidibé pourrait faire gagner l’Adéma en 2012. En cela, il serait aidé par des hommes comme le Maire du District, M. Adama Sangaré, le président de l’Association Malienne des Municipalités (AMM), M. Abdel Kader Sidibé…
Enfin, il y a M. Waly Konté, l’époux de Mme le Maire de la Commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia. Cette dernière n’étant plus en guerre contre Dioncounda Traoré, son mari serait-il prêt à donner un coup de pouce au président de l’Adéma, au cas où il serait élu président de la commission Discipline?
Dans tous les cas, il y a un aspect sur lequel le parti des Ruchers se doit de méditer : ne jamais fouler au pied le principe de “l’homme qu’il faut à la place qu’il faut”. Par ailleurs, selon certains observateurs de plus en plus douteux du milieu politique, Dioncounda Traoré devenant de plus en plus “ambitieux”, est-il en mesure de conduire un destin national?
Adama S. DIALLO
20Novembre 2008