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D’un constat de l’ONG Oxfam international, sept sur les dix compagnies les plus importantes du monde sont pétrolières et 18 des 50 compagnies les plus rentables sont celles qui exploitent des ressources minières et pétrolières. Aussi, 60% de la population mondiale habitent dans les pays riches en ressources naturelles mais tirent rarement de bénéfices de ces ressources. D’où un constat paradoxal de l’abondance jugée de malédiction.

«Si les pays riches en ressources naturelles recevaient la moitié des bénéfices dégagés de l’extraction du pétrole et des minéraux des leur sous-sol, des pays comme le Mali, le Tchad où le Nigéria pourraient multiplier leurs dépenses en éducation et santé, ainsi que leurs investissements dans les secteurs productifs comme l’agriculture.»

C’est le constat auquel est parvenu Oxfam international dans un communiqué de presse publié à l’occasion du lancement d’un rapport. L’ONG vient de produire un nouveau rapport sur la gestion de ces ressources précieuses à travers le monde et appelle à l’instauration de contrats justes.

Des matières premières très prisées comme l’or, le pétrole et le gaz naturel, le fer, le cuivre, etc., devraient stimuler le développement économique durable des pays producteurs de ces ressources mais elles ont donné lieu à la croissance de la pauvreté, des inégalités économiques et des conflits.

«C’est une réalité pour 3,5 milliards de personnes qui habitent les ‘‘pays riches pauvres’’ mais ne tirent aucun bénéfice de cette richesse», a indiqué Marc Ninerola, responsable (au niveau de l’Espagne) du programme de la gouvernance et des industries extractives en Afrique de l’ouest, qui a présenté le rapport.

Le rapport est intitulé «Lever la malédiction des ressources» et indique comment les pays pauvres (leurs populations) peuvent et devraient profiter des revenus des industries extractives.

«L’objet de ce rapport est de se donner une argumentation scientifique : on a des preuves pour faire le plaidoyer», a souligné Ibrahima Aidara, responsable du programme de gouvernance et des industries extractives d’Oxfam international en Afrique de l’ouest.

L’ONG a lancé, le 3 mars 2010 à l’hôtel Nord-sud, ce rapport en prélude à la date symbolique du 9 mars consacré à la vérification de la mise en œuvre de l’initiative de transparence des industries extractives (Itie) dans les différents pays.

Le rapport souligne la nécessité de promouvoir la transparence dans toute la chaîne de mise en valeur des ressources, depuis l’octroi des licences, les paiements des compagnies aux gouvernements, la gestion des recettes publiques, jusqu’au stade des dépenses publiques au niveau national et local.

Selon Marc Ninerola, ce rapport est une compilation de nombreuses études réalisées sur les industries extractives associée à des enquêtes de terrain dans plusieurs pays.

Il met en évidence l’impact dramatique de l’extraction minière sur l’environnement, la distribution inéquitable des revenus tirés de ces ressources.

Il définit la responsabilité des différents acteurs dans la persistance de l’injustice : l’État est taxé de laxisme dans la négociation des contrats, les compagnies sont accusées de gloutonnerie et la population des pays producteurs de ces ressources est indexée d’inertie face à la situation.

Seydou Coulibaly

10 Mars 2010.