Les comités syndicaux du site de Morila réunis en coordination décident d’aller en grève de 48 heures, allant du » mercredi 22 octobre 2008 à 00h01 mn au jeudi 23 octobre à minuit « , a indiqué Boubacar Bengaly, secrétaire général du comité syndical CSTM de Morila-Sa et secrétaire général de la coordination des comités syndicaux.
Selon lui, cette grève a été programmée afin d’amener les responsables des différentes sociétés et entreprises du site de Morila, à trouver des solutions à un certainnombre de revendications des travailleurs. Pour qu’il n’y ait pas grève à Morila le 22 octobre 2008, les directions de Morila-Sa, de BME, de Analabs et de la Somadex-Sa, doivent trouver des solutions aux 8 points de revendications des travailleurs.
Ce sont : le paiement des fonds de réinsertion, l’octroi d’une prime de rendement conformément à l’annexe 4 de la convention collective des mines, l’octroi d’une prime de risque professionnel conformément à l’annexe 3 de la convention collective des mines, l’attribution d’une allocation d’ameublement pour tous les travailleurs de toutes les catégories, l’octroi d’un appui financier ou une indemnité pour acquisition de logement familial pour tous, la prise en charge totale de la gratuité des soins médicaux pour les travailleurs et leurs familles, l’octroi d’une indemnité de cherté de vie et l’attribution de matériel de protection individuelle contre les risques professionnels à tous les travailleurs exposés.
« Parmi toutes ces revendications, les quatre premières sont communes à tous les travailleurs de toutes les entreprisses et sociétés du site de Morila », a indiqué Boubacar Bengaly. Selon lui, la revendication du paiement des fonds de réinsertion vise à garantir les travailleurs à la fermeture de la mine. « Nous demandons à nos entreprises qui nous utilisent depuis des années de nous verser un fonds de réinsertion d’un montant équivalant à cinq ans de salaire brut, afin de nous garantir », a-t-il précisé.
L’exploitation de la mine d’or de Morila devait en principe prendre fin en 2011, mais avec la forte exploitation du minerai, cette date a été ramenée à 2009. En ce qui concerne la revendication d’une prime de rendement, le secrétaire général de la coordination des comités syndicaux de Morila a indiqué qu’ils se fondent sur la convention collective des mines, notamment l’annexe 4.
Il a précisé que cette convention a prévu des primes de rendement qui doivent être payées aux travailleurs en cas de surplus de production. « Mais, les pourcentages prévus par la convention n’ont jamais été payés aux travailleurs », a-t-il précisé. Il en est de même pour la prime de risque professionnel que les syndicalistes réclament aujourd’hui conformément à l’annexe 3 de la convention collective des mines.
Selon le secrétaire général de la coordination des comités syndicaux de Morila, si cette prime était payée comme il se devait, des ouvriers qui travaillent en profondeur allaient percevoir des primes qui avoisinent les 75% de leur salaire de base. Les laborantins et électromécaniciens devaient percevoir 50 % de leur salaire de base et ceux qui travaillent en surface allaient se retrouver avec 30%. « Mais, malheureusement au lieu de respecter ce qui est prévu dans la convention collective, les sociétés et entreprises du site de Morila, ont imposé par des méthodes détournées un taux forfaitaire de 10 000 F cfa pour toutes les catégories de travailleurs », a dénoncé Boubacar Bengaly.
Grève inévitable
Aujourd’hui, la grève est pratiquement inévitable. A moins d’un miracle, elle aura lieu à la date prévue. La tentative de conciliation initiée par l’inspection du travail de Sikasso a échoué. Salif Doumbia, inspecteur de travail et non moins directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, le 9 octobre 2008, a dressé un procès verbal de non conciliation des différentes parties. La tentative de conciliation initiée par la direction régionale de Sikasso a échoué sur une question préjudicielle.
Dès l’entame des débats, les directions concernées par le préavis de grève ont estimé que la coordination ne peut être une autre instance représentée des travailleurs qui supplanterait les comités syndicaux dans les négociations d’entreprise.
Selon Boubakar Bengaly, « tous les secrétaires généraux sont membres de cette coordination. Elle est impliquée dans le règlement des conflits de travail. A ce titre, elle représente valablement l’ensemble des personnels des différentes entreprises concernées et peut légitimement prendre des engagements en leur nom. C’est pourquoi, la formule d’un préavis unique signé par les secrétaires généraux et géré par la coordination a été retenue », a-t-il déclaré. Avant d’annoncer que la coordination a été mise en place parce que les négociations entre les comités syndicaux et les directions n’ont jamais abouti. Il a estimé que les différentes sociétés et entreprises qui les emploient sont de mauvaise foi.
Assane Koné
17 Octobre 2008