Partager

Depuis l’année 2000 il y a eu 2500 morts dans la Sahara et la Méditerranée. Cette information donnée par le Comité International pour le développement des peuples (CISP) basé en Algérie est assez révélateur du drame qui frappe les migrants venant des pays d’Afrique au sud du Sahara.

Beaucoup de jeunes quittent des pays comme le Mali, le Niger, le Togo, le Bénin ou le Congo pour aller en Europe clandestinement dans l’ignorance des règles de l’immigration et des risques et dangers qu’ils vont affronter. Le voyage clandestin vers l’Europe par la route du désert (Sahara) et de la mer (Méditerranée) est plein d’embûches.

Les migrants se perdent très souvent dans le désert et meurent de faim et de soif. Ceux qui franchissent cette étape restent pour la plupart coincés dans le sud algérien, sans argent, sans travail, sans moyens de subsistance et sans possibilité d’aller de l’avant ou de rentrer au pays.

En Algérie, au Maroc ou en Tunisie, quand on est sans papier on n’a droit à rien du tout : ni travail, ni logement, ni instruction scolaire… Et travailler clandestinement vous expose vous et votre employeur aux contrôles de police et à une arrestation, suivis d’un refoulement vers le Mali ou le Niger dans le désert.

Aussi beaucoup de migrants meurent pendant la traversée de la Méditerranée avant d’avoir atteint les côtes espagnoles. Les survivants, une fois recueillis, sont nourris, soignés et expulsés vers le dernier pays d’où ils sont venus.

Depuis juillet 2004, le projet CISP œuvre en Algérie pour réduire la pression migratoire clandestine africaine vers l’Europe par des actions d’information, de sensibilisation et d’aide au retour.

Et c’est pour parvenir à une stratégie commune d’intervention avec les organisations similaires au Mali, au Niger, en RD Congo et en Algérie que le CISP tient du 7 au 10 juin 2005 à Bamako une rencontre internationale sur la migration clandestine.

Dans le cadre des travaux une réunion d’information sur le CISP et ses résultats a eu lieu hier du Grand Hôtel avec les institutions maliennes, les représentations diplomatiques africaines et occidentales en poste à Bamako.

Le coordinateur du CISP, Thierry Pollet, a expliqué le cadre d’intervention et les enjeux du projet. «Le message n’est pas de dire non, n’allez pas en Europe», a-t-il fait comprendre.

Il s’agit plutôt d’informer les migrants sur les règles établies en matière d’immigration, les lois des pays de transit comme l’Algérie ou le Maroc et les dangers réels qu’ils affrontent.

L’intervention du Dr. Rachid Bouakaz, conseiller au ministère algérien de la santé a porté sur les contaminations des migrants par le Sida. Selon lui près de 50 nationalités (Africains,Asiatiques) passent par Tamanraset dans le sud algérien.

Quant à Mario Milanesi, il a présenté les objectifs et résultats du volet aide au retour volontaire du CISP. D’après lui l’Algérie est passé de pays de transit à pays d’accueil. Tous ceux qui n’arrivent pas à atteindre l’Europe y retournent .

A en croire Kabala Bwebwe du CISP, plus de 95% des migrants clandestins ne savent pas ce qui les attend sur la route de l’aventure.

La rencontre de Bamako qui a été possible grâce au financement de la Commission Européenne permettra aux associations œuvrant dans le domaine de la migration clandestine d’avoir une synergie d’action pour informer et sensibiliser éventuels candidats sur les dangers potentiels.

Fousséni Traoré

10 juin 2005