En visite d’Etat au Mali, la très honorable Michaëlle Jean, Gouverneure générale du Canada, a adressé hier matin un message d’amitié au peuple malien via l’Assemblée nationale.
Après Nelson Mandela, elle est le deuxième chef d’Etat étranger à prendre la parole devant le Parlement malien.
Devant la majorité des 147 députés et de plusieurs leaders d’opinion, Michaëlle Jean a dit haut et fort ce qu’elle pense du Mali et des Maliens.
C’est lors d’une audience solennelle et exceptionnelle de l’Assemblée nationale du Mali présidée par le président Ibrahim Boubacar Kéïta que la Gouverneure générale du Canada a lu son message d’amitié adressé au peuple malien.
Toutes les composantes de la société malienne : le Premier Ministre, Ousmane Issoufi Maïga et les membres de son gouvernement ; les présidents des institutions de la République ; les membres du corps diplomatique et consulaires dans notre pays ainsi que les leaders de la société civile et responsables des Ongs de développement étaient présents lors de cette instance solennelle.
Les femmes du Mali se sont aussi fortement mobilisées pour témoigner de leur affection envers cette soeur qui vient de loin et qui partage cependant leurs préoccupations.
Le président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui présidait cette audience solennelle et exceptionnelle dira à la Gouverneure générale du Canada tout “le bonheur et l’insigne honneur que vous faites à notre peuple en décidant d’adresser un message d’amitié via le parlement“.
Selon lui, ce geste est le sens profond de l’altruisme et les députés maliens le saluent derrière les lumières. Selon le président de l’Assemblée nationale, Michaëlle Jean est une “réussite parfaite de l’intégration dans la société canadienne, une sorte d’espèce nouvelle et rare, d’espérance, un destin hors pair. Chez vous, le talent et la compétence se conjuguent avec un rare bonheur dans un pays où le racisme n’a décidément pas droit de cité“.
Notre pays, ajoute IBK, ne saurait s’accommoder que d’une amitié sincère et sans paternalisme aucun, un partenariat à hauteur humaine. Dans le domaine de la coopération, souligna le président de l’Assemblée nationale, le Canada a beaucoup fait pour le Mali surtout dans le domaine essentiel de la justice.
Le Canada nous a aussi inspiré dans la mise en place du bureau du Vérificateur général. Notre peuple et son parlement, dira IBK, apprécient le rôle du Canada dans la mise en oeuvre et la création de l’Ecole régionale de Maintien de la paix.
De l’avis du président de l’Assemblée nationale, “le multilateralisme est la meilleure façon d’envisager les grandes problèmes de l’heure“.
Autant de témoignages qui feront réagir Michaëlle Jean en ces termes. En effet, elle était visiblement, sous le coup de l’émotion : “vous m’avez tiré des larmes de bonheur. J’ai en ce moment la voix nouée par l’émotion“.
La Gouverneure générale du Canada a affirmé qu’un ensemble de valeurs explique “les liens grandissant entre le Mali et le Canada. Le maintien de la paix, le goût de la tolérance, le respect des droits et libertés des femmes et des hommes, la promotion d’un Etat de droit sont pour nos deux pays indissociables de la mouvance démocratique que nous appelons de tous nos voeux et que nous défendons“.
Et Michaëlle Jean de poursuivre : “je n’aurai de cesse, durant mon séjour, d’exprimer toute l’amitié des Canadiennes et des Canadiens pour le peuple malien. De réaffirmer notre volonté de vous accompagner dans un esprit de solidarité et de coopération, et par des gestes nombreux de fraternité qui consolident et enrichissent nos relations“.
Parcours remarquable Pour la Gouverneure générale, elle est au Mali, pour être à l’écoute d’un peuple aux racines profondes, un peuple riche de toutes ces cultures irriguées par une vingtaine d’ethnies qui ont marqué l’histoire de l’Afrique et qui contribuent d’inestimable façon au patrimoine de l’humanité. “Le Canada, dira-t-elle, suit attentivement la trajectoire malienne. En effet, quinze ans après les événements du 26 mars 1991 qui vous ont engagé sur la voie de la démocratie, le Mali est à l’avant garde du développement démocratique et de la promotion des droits et libertés de la personne sur tout le continent africain“.
Toujours selon Michaëlle Jean, “l’expérience malienne retient l’attention du monde entier, à la manière d’une leçon et d’un encouragement. Le Canada, ajouta la Gouverneure générale, constate avec admiration la mise en oeuvre de plusieurs initiatives fructueuses tel l’établissement d’un bureau de Vérificateur général indépendant. Le Canada salue en outre les efforts remarquables que déploie le Mali pour assurer une meilleure gouvernance et se réjouit également de son engagement à entreprendre la réforme de la justice“.
Le Canada, rassura-t-elle, continuera d’épauler le Mali dans les domaines de l’Education, de la santé, de la sécurité alimentaire ou de la lutte contre la corruption. Dans ce sens, le Canada mise désormais sur une approche décentralisée. “Notre intention, dira Michaëlle Jean, est de nous approcher de nos partenaires, de mieux cerner ainsi les réalités, les défis et les solutions à la portée des Maliennes et des Maliens“.
Birama Fall
Encadré : La cause de la femme
La Gouverneure générale du Canada a profité de son passage à l’Assemblée nationale pour plaider la cause de la femme malienne. Lors de son message d’amitié, Michaëlle Jean dira : “j’ai à coeur le Canada, à coeur, l’accès des filles et des femmes aux droits les plus fondamentaux : le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit au respect de leur intégrité physique et de leur dignité. De même que l’accès à toutes les sphères d’activités de la société, y compris les postes décisionnels. La voix des femmes compte. Donnez aux femmes les moyens de participer pleinement à la vie de la cité et vous verrez reculer l’analphabétisme, la pauvreté, la faim” demanda-t-elle avec force. Selon elle, dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud, les femmes ne perdent jamais de vue l’humanisation de l’humanité. Comment parler de bonne gouvernance si l’on ne croit pas à l’égalité entre les hommes et les femmes ? s’interrogea Michaëlle Jean. Au Mali, ajouta-t-elle, les Maliennes et les Maliens ont élaboré, il y a quelques années, un Code de la famille qui vise la pleine reconnaissance des droits des femmes. Et Michaëlle Jean a une conviction : “aucune société ne peut se bâtir sur l’exclusion“.
B. F
24 novembre 2006.