Il ne supportait plus les ragots que Dhanwantee colportait sur lui. Ravi, 34 ans, qui ne s’est toujours pas remis de son récent divorce, détestait, en effet, que sa voisine, âgée de 57 ans, dévoile des détails de sa vie privée. Il lui avait demandé à plusieurs reprises d’arrêter mais en vain. Au bout du rouleau, Ravi aurait décidé d’en finir. Une fois pour toutes.
Il est aux alentours de 11h, lundi. Des cris alertent le voisinage de la rue School Lane, à La-Flora à l’île Maurice. Ravi, furieux, s’en prend verbalement à Dhanwantee et lui demande de cesser immédiatement de raconter des histoires sur lui. Celle-ci se défend et lui rétorque qu’il n’a pas à lui interdire quoi que ce soit.
Cette violente prise de bec, devenue « habituelle », ne surprend personne. Et pour cause, les disputes et les menaces se sont multipliées ces dernières semaines. Des voisins ont dû intervenir plus d’une fois pour empêcher que Ravi et Dhanwantee n’en viennent aux mains.
Mais contrairement aux autres fois, les insultes laisseront la place aux actes. Un peu plus tard dans la journée, une nouvelle dispute opposera les deux voisins. Le suspect expliquera plus tard aux policiers avoir entendu dire que Dhanwantee continuait à répandre des « palabres » sur son compte. Il serait alors entré dans une rage folle et serait parti chez lui pour y prendre un sabre. Ravi se serait, par la suite, dirigé vers la maison de sa voisine avec l’intention d’en découdre.
La quinquagénaire, qui était seule chez elle, n’a eu aucune chance. En tentant de se défendre contre les coups portés par son assaillant, Dhanwantee a eu l’avant-bras droit pratiquement sectionné. Les multiples coups de sabre ont rapidement eu raison de la résistance de Dhanwantee. Cette dernière s’écroule dans une mare de sang. Aussitôt son crime accompli, Ravi aurait regagné son domicile et s’y serait terré.
« La pièce était remplie de sang »
Mais les hurlements de Dhanwantee ne manquent pas d’attirer l’attention des habitants de la localité. Awantee Khoody, la belle-sœur de la victime, qui se trouve à son domicile à ce moment-là est alertée par les cris d’une voisine venue la mettre au courant de l’agression. Intriguée, elle sort et aperçoit, debout dans la cour, une de ses connaissances, à bout de souffle. Cette dernière lui apprend que Dhanwantee a été violemment agressée à coups de sabre.
Les deux femmes se ruent aussitôt chez la victime et la découvrent, gisant dans une mare sang, presque inconsciente. « La pièce dans laquelle Dhanwantee se trouvait était remplie de sang quand sa belle-sœur et une amie sont venues l’aider. Vu la gravité de ses blessures, c’est un miracle qu’elle ne soit pas morte sur le coup », laisse entendre un témoin de la scène.
Toutes deux tentent de lui venir en aide et la transportent tant bien que mal à l’extérieur de la maison. Grièvement blessée, Dhanwantee parvient tout de même à prononcer le nom de son agresseur. Elle est transportée d’urgence à l’hôpital, mais les médecins de service ne peuvent que constater le décès de la victime. L’autopsie, pratiquée par le docteur Sudesh Kumar Gungadin, médecin légiste, a attribué la cause du décès à de multiples blessures à la tête.
Les policiers, qui ont, entre-temps, été mandés sur les lieux, procèdent à l’arrestation de Ravi qui n’oppose aucune résistance. Emmené au poste de police, il sera interrogé pendant plusieurs heures. L’air hagard, l’homme semble avoir du mal à réaliser la gravité de son geste.
Il n’aurait plus supporté que les gens chuchotent sur son passage et tenait Dhanwantee pour responsable de cette situation. « Dhanwantee était une amie de son épouse. Ravi craignait donc qu’elle ne révèle aux voisins quelques confidences que lui aurait faites son épouse sur leur couple. Ils habitent dans un petit village, tout le monde veut savoir ce qui se passe chez son voisin », confie un policier proche de l’enquête. Et cela, Ravi le vivait mal. Traduit en cour sous une accusation provisoire de meurtre, le suspect a été placé en détention.
Du côté de La-Flora, la mort brutale de Dhanwantee Khoody est encore dans les esprits. Ceux-là même qui n’hésitaient pas à commenter la vie de leurs voisins se réfugient, deux jours après le drame, dans le silence. Comme quoi, la médisance fait souvent plus de mal qu’on ne le croit.
FDA
11 juin 07