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C’est précisément à la clôture de la journée des communes à Sanankoroba en 2004 que ATT et Kafougouna Koné ont réaffirmé l’irréversibilité du processus de décentralisation au Mali et ce, à la grande satisfaction des élus communaux.

Malgré l’annonce de cette nouvelle, ils sont restés sur leur faim par rapport à la réponse à un certain nombre de questions. Celle relative à la levée de la suspension d’attribution des parcelles à usage d’habitation, et celle relative au statut des travailleurs des communes.

Les deux situations représentaient des préoccupations majeures des élus communaux, lors de la Journée des communes organisée l’année dernière. Si des assurances avaient été données que les mesures de suspension d’attribution des parcelles seraient bientôt levées, force est de constater que ce ne fut pas le cas.

Dans cette attente, la situation générale semble bouger par rapport, notamment au problème de la gestion des travailleurs des communes avec la décision prise par le gouvernement de régulariser leur situation.

UNE AVANCEE SIGNIFICATIVE

Il ne fait aucun doute que la régularisation de la situation des travailleurs des collectivités territoriales représente un bond en avant dans la vie des communes, qu’elles soient rurales ou urbaines. En effet, pendant des années, la problématique de l’emploi des agents des communes est restée posée avec une très grande acuité, surtout qu’il y avait, dans plusieurs communes une sorte d’amalgame entre les fonctions effectivement occupées.

Ainsi, il n’était pas rare de voir qu’un maire fasse cumul des fonctions de maire, régisseur dépenses et régisseur recettes. Il a fallu que le ministre de l’Administration territoriale adresse une correspondance à tous les maires leur demandant de faire le distinguo entre leur fonction et celles des régisseurs dépenses et recettes.

Par la même occasion, il leur a été recommandé de faire en sorte que le régisseur dépenses soit différent du régisseur recettes. Cette situation, depuis, s’est régularisée un peu partout, mais il y avait toujours l’équation du statut des travailleurs des collectivités.

Le document a été ficelé et on n’attendait plus que son application qui a d’ailleurs traîné. Ainsi, dans le cadre de la création de la fonction publique des travailleurs des communes, le gouvernement vient de procéder à la régularisation des travailleurs des collectivités territoriales.

Cette décision ne fera que renforcer la conviction que le processus de décentralisation est irréversible. En effet, une commune c’est autant les ressources financières que des ressources humaines de qualité travaillant dans des conditions sécurisées.

Mais, nous savions déjà que les ressources humaines disponibles au niveau des différentes communes étaient insuffisantes même si on venait à les recruter toutes. Cela explique que la régularisation de situation qui vient de s’opérer est ni plus, ni moins qu’une étape, une avancée significative qui doit être accompagnée par l’organisation d’autres concours de recrutement par le département de la fonction publique, en vue de combler le vide laissé, afin de permettre aux différentes communes d’être suffisamment dotées en ressources humaines de qualité pour y impulser une dynamique qui leur permettra d’avoir un plein essor notamment économique.

DEVELOPPEMENT COMMUNAL ET JUMELAGE

Il importe de souligner que les communes sont un cadre approprié du développement à la base où, de plus en plus, se développent des partenariats avec les communes d’autres pays, surtout européens sous la forme parfois du jumelage, grâce auquel poussent depuis quelque temps, dans les collectivités locales décentralisées des infrastructures diverses, comme des écoles, jardins d’enfants, voire des financements de micro projets générateurs de revenus pour les femmes.

Cette approche du développement est de plus en plus privilégiée en ce moment, en raison de l’impossibilité pour les pouvoirs publics de faire face à tout au même moment.

LA MESURE DE SUSPENSION

L’équation principale restée posée à présent demeure celle relative à la levée de la mesure de suspension d’attribution des parcelles qui, on le sait, procurent d’importantes ressources financières à la plupart des communes dont certains responsables estiment d’ailleurs que les parcelles représentent des bouffées d’oxygène, surtout là où les sources de revenus ne sont pas diversifiées.

A quand donc la levée de cette mesure qui du reste est considérée par certains élus communaux comme une entorse aux lois de la décentralisation qui confèrent aux élus communaux les pouvoirs d’attribuer des parcelles ?

Moussa SOW

07 février 2006.