Ils sont agés de 3 à 5 ans au plus, ces petits enfants qui, poussés par leurs mères assises sous les arbres, se faufilent entre les jambes des passants et les voitures.
Le plus souvent se débarrasser d’eux, sans pourtant mettre la main à la poche, est un grand problème à gérer minutieusement comme une bombe à désamorcer.
S’il faut se faire terrasser par des enfants qui se disent être des jumeaux, même si tel n’est pas généralement le cas, à cause des jetons, le problème est sérieux.
Essayer de les éviter, c’est s’exposer ou les exposer à des risques d’accidents de voiture. Mais ce que nous constatons, c’est que ces enfants sont innocents d’autant plus qu’eux ne savent pas à quel danger ils s’exposent : c’est par inconscience qu’ils se jettent devant les voitures.
Les mères qui en savent quelque chose sont aveuglées par les petits jetons que ceux-ci rapportent de leur chasse. Elles s’asseyent donc à côté pour sacrifier la vie de ces petits innocents. Ce qui nous montre que celles-ci sont rarement de vraies mères.
Elles partent retirer des enfants d’autrui avec la complicité des parents, pour faire la mendicité. Ce phénomène met en jeu le droit des enfants au Mali. Ces enfants qui grandissent de la sorte n’ont qu’un seul avenir, le banditisme. Ils vont finir, comme ils ont commencé, à la rue.
Au début, ils se jettent par notre passage en réclamant de quoi manger. Ça fait quand même pitié de voir ses enfants dans une telle situation.
Mais, il nous arrive de leur demander pourquoi ils font cette mendicité ou pourquoi ils cherchent de l’argent tout simplement, ils répondent que c’est pour leurs mères. Il est bon de faire ou d’offrir de l’aumône et ça nous plaît de le faire, mais la manière par laquelle ces enfants sont poussés à procéder fait peur et fait mal.
Il est donc temps que les autorités pensent à trouver une solution à ce fléau; que chacun prenne ses responsabilités et joue son rôle pour sauver ces enfants.
Les origines de ce fléau sont certes claires; il ne s’agit que de pauvreté, mais ce que ces mères commettent s’appelle « crime », et chaque fois qu’on parle de lutte contre la criminalité, on doit penser à ce fléau. Il faut lutter contre cette situation avant que ces enfants ne grandissent dans la rue parmi les bandits et délinquants à qui ils seront plus tard assimilés.
Nous devons aussi chercher à savoir à quel genre de mère nous avons affaire : des mères qui sacrifient la vie de leurs enfants. On se demande, si un jour les autorités y penseront et quand est-ce que ce jour viendra.
Babaye TOURE, Stagiaire
28 novembre 2005.