Partager

Actuellement, dans la capitale malienne, on rencontre des mendiants dans les services, dans les rues, même à l’entrée des bars. (c’est paradoxal que là où il y a l’alcool et la prostitution, le nom de Dieu se prononce). Mais hélas ! Les mendiants sont très nombreux à Bamako. Et le nombre augmente chaque jour. Au cours de nos investigations, nous sommes rendus à l’évidence que dans certains quartiers de la Commune I par exemple, des mendiants ont pris des maisons entières en location…

On peut classer les personnes qui exercent la mendicité dans la capitale malienne en 2 catégories :
Les mendiants passifs, composés de petits enfants de 0 à 5 ans environ, pris dans les bras ou au dos de femmes qui se promènent dans les quartiers, au Centre-ville, sous un soleil de plomb. Ces femmes ou ceux qui les poussent à se promener avec les jumeaux en tout cas, s’appuient sur la religion musulmane. On dit, sans aucun fondement d’ailleurs, que les jumeaux sont obligés de demander la charité. Il paraît que cela les mettrait à l’abri des mauvais esprits. Quand bien même Dieu n’a jamais dit à personne de mendier.

La partie de la grande Mosquée de Bamako qui fait face à l’Assemblée Nationale sert de véritable domicile aux mendiants. Là “habitent” des familles entières (Monsieur, Madame et les enfants). Ils y passent toute la journée, et y dorment. La nuit, on les voit étalés sur des morceaux de carton en plein air ; même en période de froid intense.

La deuxième catégorie de personnes qui exercent la mendicité à Bamako se compose de mendiants actifs. Ce sont les Talibé, “gérébu” et autres élèves coraniques. Ce sont aussi de vieilles personnes le plus souvent handicapées physiques ou visuelles. En groupe ou en solitaire, ces personnes se font accompagner le plus souvent par leurs filles, leurs épouses etc.

Certains sont dans des fauteuils roulants, d’autres à pied. Tous demandent la charité pour survivre. Généralement, les vendredis, tous les points de prière à travers Bamako, sont pris d’assaut par les mendiants de toutes catégories.

En ce qui concerne les Talibé et gerebu, ils sont tenus chaque jour d’apporter à leur maître des pièces d’argent, de la nourriture ou des habits. Tout dépend de ce que les usagers des routes leur font comme aumône. Certaines personnes distribuent des noix de cola, d’autre des bonbons, d’autres des pintades, des poulets etc. A chacun ses moyens, son degré de générosité, son sens de l’initiative.

Pour d’autres mendiants, il y a des endroits ciblés où ils sont connus de tout le monde et où il leur est plus facile de mendier. Deux exemples : la devanture du Consulat Général de France, l’entrée de l’Ecole Normale Supérieure. Une femme et un homme ont fait de ces deux endroits leur fief. Tous les jours, ils s’y rendent.

Au marché Dabanani aussi, on voit toujours ensemble deux mendiants vêtus de bonnet blanc qui rampent. Ils n’ont l’usage ni de leurs jambes ni de leurs bras.

Appartenant à la première catégorie ou à la deuxième, nos pères, mères soeurs, et enfants qui pratiquent la mendicité à Bamako, sont confrontés à d’énormes problèmes. Plus leur nombre croît, plus nombreuses sont les difficultés rencontrées.

Et pourtant, ils sont des Maliens comme tous les autres. Par conséquent ils ont les mêmes droits à la santé, à la vie, à l’épanouissement… Ce ne sont pas les petites campagnes médiatiques qui suffisent à cela.

Il faut faire plus que ce qui est déjà fait par les autorités. On doit également penser à cette couche fortement défavorisée de la société. ATT ne doit pas du tout les oublier.

Konaté Goudia

14 février 2006.