L’histoire de la présence des manuscrits au Mali se confond avec celle de l’islamisation de la sous-région ouest africaine qui fut le berceau des empires du Ghana, du Mali et du Songhoi.
Le Soudan occidental, actuel Mali entra en contact dès le 9è siècle avec l’islam venu de l‘Afrique du nord à travers le sahara.
Les empires du Ghana d’abord et plus tard celui du Mali voient se multiplier les mosquées dans les centres comme Ghana, Niani Oualata, Djénné et Tombouctou.
L’utilisation de la langue arabe dans les relations diplomatiques avec les empires arabes et berbères est devenu de plus en plus importante.
Les pèlerinages de Kankou Moussa au 14è siècle et d’Askia Mohamed au 15è siècle aux lieux saints de l’islam furent autant de facteurs de rapprochement et d’échange entre le monde arabe musulman et le soudan occidental.
Des caravanes entières arrivaient d’Egypte chargées de livres. Les savants de Tombouctou, professeurs et étudiants de l’Université de Sankoré se procuraient cette précieuse denrée contre principalement de l’or et du bétail.
C’était la période où le commerce des manuscrits l’emportait sur tous les autres produits. Une solide tradition d’enseignement de la langue arabe et de la science islamique se développa.
Ce qui permit à de nombreux lettrés d’écrire des ouvrages sur des sujets les plus variés. Plusieurs de ces ouvrages ne purent être imprimés et demeurent encore inédits.
Bon nombre d’entre eux sont déjà soustraits à l’humanité à la suite des diverses vicissitudes de l’histoire et des intempéries.
Les œuvres léguées par ces érudits vont disparaître si des actions urgentes visant à leur protection juridique, leur collecte, leur conservation et leur exploitation n’intervenaient pas.
L’Institut Ahmed Baba depuis sa création en 1973 a commencé sa mission fondamentale qui consiste à collecter et à microfilmer sur le terrain tout document écrit en langue arabe ou en langue africaine, concernant l’histoire ou la culture africaine ou tout autre sujet d’intérêt littéraire, scientifique ou autres.
Ainsi, il a pu collecter 20 000 manuscrits dont certains datent de 1204. Ces documents traitent de tous les domaines du savoir.
Cependant, les moyens de déplacement dont dispose l’institut sont très insuffisants pour mener à bien sa mission.
Car les manuscrits dont il doit faire l’inventaire et le classement sont disséminés à travers tout le territoire de la république du Mali.
Malgré les efforts de conservation, la plupart des manuscrits restent sérieusement endommagés et présentent des signes d’altération et de détérioration irréversibles par l’eau, les insectes et la mauvaise conservation avant qu’ils n’arrivent à l’institut.
Le problème des appareils se pose fréquemment et joue sur le rendement. Le personnel aussi a besoin d’une formation continue pour l’amélioration du travail surtout en maintenance.
Ce sont ces maux que la mission de l’Organisation de la Conférence Islamique qui a séjourné dans notre pays en mars doit diagnostiquer en vue de mobiliser l’assistance financière, matérielle et académique nécessaire.
F Traoré
04 avril 2006.