En effet, selon des sources diplomatiques, une forte délégation libyenne devrait arriver hier soir à Bamako, à bord d’un avion spécial. Pour l’instant, aucune information ne filtre ni sur la composition de cette délégation ni sur l’objet de la mission.
Cependant, hier des sources proches de l’Ambassade libyenne ont confirmé l’arrivée imminente à Bamako de la délégation. Tout porte à croire, cependant, que cette mission libyenne dans notre capitale se situe dans le cadre des événements survenus à Kidal et à Ménaka, le lundi dernier.
En clair, l’éventualité d’une médiation libyenne fait déjà son chemin dans certains milieux diplomatiques de la capitale. Et pour cause : lors de la désertion du lieutenant-colonel Hassane Fagaga, au mois de février dernier, Tripoli avait, discrètement contribué au retour de l’officier à Kidal.
La Libye s’était engagée à financer des projets dans la commune du déserteur. Selon d’autres sources, Hassane Fagaga, avait en plus conditionné son retour au paiement d’une importante somme d’argent. Après le retour de l’officier, des fonds auraient été acheminés dans une banque à Kidal.
Et tout portait à croire que c’était le prix à payer pour calmer cet officier. Ainsi, les autorités maliennes, avec le concours des Libyens, étaient parvenues à désamorcer la crise. Mais tous étaient conscients de la fragilité de l’accord intervenu à l’époque. D’où justement un entretien à Tombouctou, au mois de mars dernier, entre Mohammar Khadafi et le lieutenant-colonel Fagaga.
Selon nos sources, le Guide de la révolution libyenne avait personnellement promis à l’officier une aide financière supplémentaire et un appui pour sa commune. A en croire des sources diplomatiques libyennes, l’officier avait, de son côté, promis au Guide de cesser toute agitation et d’entrer dans les rangs.
Les diplomates libyens que nous avons rencontrés, avant-hier, sont sous le choc, après les événements de Kidal. Pour l’instant, ils se sont abstenus de tout commentaire. Visiblement, ils mesurent la gravité de la situation. Car depuis l’ouverture du Consulat de Libye à Kidal, des réactions souvent hostiles ont accueilli cette décision.
Et la rencontre entre le Colonel Khadafi et Hassane Fagaga n’était pas de nature à rassurer les Maliens. Et curieusement, aucune explication officielle n’avait été donnée pour justifier cette rencontre, objet de toutes les suspicions.
Aujourd’hui, un responsable du Bureau populaire de la Libye au Mali rassure : « à l’heure actuelle, la Libye n’a aucun intérêt à déstabiliser un pays frère comme le Mali. Et le gouvernement malien connaît parfaitement notre position vis-à-vis du Mali« .
Cependant les Libyens semblent prendre toute la mesure des rivalités, des conflits d’intérêts et autres mésententes crées à Kidal, suite à l’ouverture de leur représentation diplomatique.
Aujourd’hui, la Libye, consciente d’être au centre d’accusations graves, pourrait donc être tenté d’offrir ses bons offices pour le règlement de la crise.
Fagaga et ses hommes ne souhaitent-ils que ça ? Tout porte à le croire. Occasion sans doute pour eux de formuler de nouvelles exigences financières…. comme d’habitude.
C.H Sylla
26 mai 2006.