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Le document peut être considéré comme un instrument juridique de haute portée faisant désormais partie des normes de référence au plan international en matière de gouvernance démocratique.« La Déclaration de Bamako +10 : bilan et perspectives », tel est le thème central de la rencontre internationale des médiateurs et ombudsmans de l’Association des ombudsmans et médiateurs francophones (AOMF) et de la sous-région qui s’est tenue vendredi dans notre capitale.

La cérémonie d’ouverture présidée par le chef de l’État, Amadou Toumani Touré, s’est déroulée en présence du Premier ministre Modibo Sidibé, des membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République, des ambassadeurs accrédités dans notre pays.

jpg_ombusmans-mediateurs.jpgLa rencontre a permis aux ombudsmans et médiateurs francophones et de la sous-région d’évaluer la « Déclaration de Bamako » dix ans après son adoption dans notre capitale. C’est en novembre 2000 que les ministres et chefs de délégation des Etats et gouvernements des pays ayant le français en partage, réunis à Bamako, se sont engagés à consolider dans leur espace, les pratiques démocratiques, la protection des droits de l’homme et des libertés dans un document intitulé « La Déclaration de Bamako ».

Dans son discours de bienvenue, le médiateur de la République, Me Mbam Diatigui Diarra, a souligné l’intérêt que l’État malien porte au médiateur de la République pour la consolidation de la démocratie et la promotion des droits humains. Cette volonté politique appuyée par le président de la République a fait que le médiateur de la République est devenu aujourd’hui « une exigence de bonne administration pour le bien de la communauté ».

Aussi le projet de réformes institutionnelles initié par le chef de l’État prévoit de renforcer le rôle du médiateur comme l’organisation de l’Espace d’interpellation démocratique (EID).

Si l’exemple de notre pays est à saluer, l’institutionnalisation du corps du médiateur de la République reste aujourd’hui un défi à relever dans l’espace francophone, a estimé Me Mbam Diatigui Diarra. En effet, beaucoup de pays francophones ne disposent toujours pas de médiateur de la République. Dans d’autres pays, c’est l’indépendance de l’institution qui est en cause.

Autant de questions qui seront sérieusement débattues à la rencontre statutaire de l’Association des médiateurs de la République africains prévue en 2012 dans notre pays, a annoncé Me Mbam Diatigui Diarra. Le médiateur de la République française, secrétaire général de l’AOMF, Jean-Paul Delevoye, a souligné combien la présence de ses collègues à Bamako était propice pour faire le bilan de la « Déclaration de Bamako » et tracer le chemin qui reste à parcourir.

Malgré les avancées constatées dans la mise en œuvre de la « Déclaration de Bamako », la question de droit de l’homme est encore délicate dans bon nombre d ’Etats où des problèmes sociaux cumulés aux problèmes économiques ont créé un climat de déception, de frustration, de tension voire de révolte, a analysé Jean-Paul Delevoye. « Il y a eu trop de discours, mais peu de réalisations », a-t-il critiqué.

Pour le médiateur de la République française, la rencontre de Bamako doit donc être un espace de réflexions et de dialogue sur les moyens d’agir sur les problèmes d’injustice, d’humiliation et de violations de droit auxquels nos populations sont confrontées.

Optimiste pour l’avenir de la « Déclaration de Bamako », Jean-Paul Delevoye a cependant souhaité que les Etats agissent à temps et ne confondent pas « l’agitation et l’action ».

Un espace de cohésion, de liberté et de solidarité.

Le directeur du bureau régional du secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie a rappelé les valeurs chères à l’organisation : consolidation de la démocratie, tenue des élections transparentes et libres, instauration d’un climat politique apaisé, protection et promotion des droits humains et des libertés. En dépit des progrès faits, a estimé Etienne Alingué, il y a encore des défis à relever pour que la « Déclaration de Bamako » puisse atteindre ses objectifs

. Il a apprécié, à ce propos, les efforts déployés par notre pays dans la consolidation de la démocratie et la protection des droits humains. « Les efforts du Mali sont encourageants. Ils sont à saluer », a-t-il indiqué. Le chef de l’État a, lui, souligné l’importance de la « Déclaration de Bamako » comme instrument juridique de haute portée faisant désormais partie des normes de référence au plan international en matière de gouvernance démocratique.

Amadou Toumani Touré a réaffirmé l’engagement de notre pays en faveur d’une Francophonie qui soit à la fois un espace de cohésion, de liberté et de solidarité. Pour avoir servi de médiateur dans de nombreux pays en conflit pendant plusieurs années, le président Touré s’est dit convaincu que la médiation est le moyen efficace de rapprochement et de règlement des conflits. « Je reste disposé à partager avec vous mon expérience dans la médiation pour le règlement des conflits », a-t-il proposé.

Les difficultés politiques que certains pays francophones ont connues dans leur parcours, ne devaient cependant pas faire perdre de vue les progrès remarquables de la démocratie au sein de la Francophonie au cours des 20 dernières années, a jugé ATT. « Le pluralisme politique est une règle largement respectée ; les droits de l’homme et les libertés sont aujourd’hui mieux respectés et protégés », a-t-il constaté.

Le président de la République a rendu hommage aux médiateurs et ombudsmans qui œuvrent au quotidien à améliorer les relations entre l’État, l’administration et les citoyens. Amadou Toumani Touré a confirmé à ce propos que les reformes politiques en chantier dans notre pays font une large place au renforcement du rôle du médiateur de la République.

Ces réformes, a-t-il précisé, se traduiront par un élargissement de son champ d’intervention et un accroissement de ses moyens d’action. Au cours de leurs travaux, les participants ont débattu, entre autres, du rôle de l’ombudsman dans la consolidation de l’État de droit et de la gouvernance démocratique et la promotion et la garantie des droits de l’homme par le médiateur.

Madiba Keïta

L’Essor du 10 Mai 2010.

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Ombusmans et médiateurs francophones : La Déclaration de Bamako en questions

 » La Déclaration de Bamako », adoptée en 2000 par les gouvernements des pays francophones pour la promotion et la protection de l’État de droit, est méconnue du grand public. La rencontre des ombudsmans et médiateurs vendredi dernier à Bamako s’inscrivait dans un objectif d’informer, former et évaluer dix ans après cette déclaration.

Les ombudsmans et médiateurs de l’espace francophone étaient réunis le 7 mai 2010 à Bamako dans le cadre d’une rencontre internationale qui a tablé sur la « Déclaration de Bamako : bilan et perspectives ». Placée sous la présidence du président de la République, la cérémonie d’ouverture a été marquée par des plaidoyers en faveur d’une société équitable, démocratique et juste.

Le médiateur de la République française, Jean-Paul Delevoye,co-organisateur de la rencontre, a dénoncé ce qu’on pourrait appeler la démagogie des politiques. Selon lui, les politiques et les nations sont très souvent « volubiles » dès lors qu’on parle de droits de l’Homme. Autrement dit, les discours en faveur des droits de l’homme sont courants, mais les actions concrètes dans ce sens timides.

 » Trop souvent nous nous entendons sur les principes, car nous savons pertinemment qu’il n’y a que sur ces principes que nous trouverons de terrains d’entente et que si nous étions amenés à entrer dans un niveau de concrétisation, notre unanimité volerait en éclats », a commenté le médiateur français, qui a estimé que la Déclaration de Bamako n’est ni un faire-valoir ni pour se donner bonne conscience, « mais un pacte qui nous lie ». M. Delevoye s’est demandé si la Déclaration de Bamako a été suffisamment défendue.

En effet, il est convaincu que le projet porté par le Royaume du Maroc devant l’Assemblée générale des Nations unies pour adoption et qui doit consacrer le rôle essentiel des ombudsmans, médiateurs et institutions nationales en matière de protection de promotion des droits de l’Homme, constitue une étape importante pour l’ensemble des institutions nationales des droits de l’Homme.

Me M’Bam Diatigui Diarra, médiateur de la République du Mali a remercié le président ATT pour avoir répondu favorablement aux recommandations de son institution autorisée à pouvoir, désormais saisir la Cour suprême en cas de violation d’un droit fondamental ou d’une liberté fondamentale ou tout simplement sur des questions de droit.

 » Ce sont là des avancées considérables qui consacrent des droits et des libertés du Médiateur de la République ». Les participants à la rencontre ont pris part à des tables rondes pour débattre de thèmes variés comme « la protection de l’État de droit dans l’espace francophone » ou « le Médiateur de la République et la bonne gouvernance ».

Amadou Waïgalo

Les Échos du 10 Mai 2010.