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Le diner-débat sur «Media et Démocratie» organisé par
«Les détracteurs de la presse se servent généralement des côtés négatifs et passent sous silence les côtés positifs.

Je ne dirai pas que la démocratie malienne est venue dans les bagages de la presse, mais celle-ci y a beaucoup contribué...», a fait remarqué Tiégoum Boubeye Maïga, un vieux routier de la presse au Mali.

Selon ce journaliste qui a exercé dans le premier organe libre sous le régime de la dictature, il ne sert à rien de jeter le bébé avec l’eau du bain, mais de voir comment améliorer cette presse.

Il a proposé une hausse de l’aide publique à la presse, une idée qui sera battue en brèche par d’autres intervenants.

Dès l’entame, les deux conférenciers, Souleymane Koné, publiciste et Saouti Haïdara, journaliste n’ont pas été tendre avec la presse malienne, la traitant de presse soudoyée, corrompue, menteuse, diffamante et non respectueuse de la vie privée des hautes personnalités de la vie publique.

Le publiciste Souleymane Koné, actuellement conseiller juridique aux affaires étrangères, dans sa communication, reproche aux médias maliens de «propagation de nouvelles provenant de témoins non crédibles, partialité ou agressivité non justifiée, manque d’objectivité, désinformation économique par manque de repères du journaliste».

Selon lui, la démocratie malienne souffre de carence d’informations une situation qui résulte de notre société qui souffre de la «dévalorisation du savoir, du travail ou même de la tolérance», accuse le conférencier.

Toutefois, Souleymane Koné a évoqué le droit du journaliste à une convention collective et un contrat individuel pour permettre d’assurer sa sécurité.

Saouti Haïdara, directeur de publication de l’Indépendant ne s’est pas moins acharné sur les journalistes. Il a parlé d’«utilisation des organes par les personnalités politiques qui n’ont pas le courage de signer leur papier».

Selon Saouti Haïdara, les journalistes prennent de l’argent pour se mettre à la solde des hommes politiques. En tant que patron de presse, il a été interpellé sur l’épineuse question de la convention collective à laquelle il est toujours opposée celle du manque de moyens financiers.

Il est donc question de condition de vie et de travail des journalistes. Autant dire que cette question est devenue fondamentale. Saouti Haïdara a fait un véritable plaidoyer pour la formation des journalistes à Dakar et la création d’une filière de journalistes à l’Université du Mali.

Pour lui la formation des journalistes dans les écoles de journalisme permettra d’éviter les dérives soulignées au niveau de la presse.

Vive réaction du ministre de la Communication Gaoussou Drabo qui s’est dit aussi vieux journaliste que Saouti Haïdara.

«La formation diplomante dans une école de journalisme n’est pas une panacée», a lancé Gaoussou Drabo? Ce n’est pas la formation qui compte le plus, mais l’encadrement a-t-il soutenu.

Selon lui, pendant sa carrière, parmi les journalistes qu’il a eu à encadrer, les meilleurs ne sont pas toujours ceux qui sortent d’une école de journalisme.

Parmi eux il a cité des enseignants, des sortants d’autres écoles et même des sous-officiers de l’armée qui ont souvent été les meilleurs.

Certains intervenants ont critiqué la dépendance des médias d’État qui ne permet pas la liberté d’expression à leur niveau.

Selon Sidiki Konaté directeur général de l’ORTM, «une presse esclave de ses investisseurs n’est pas moins libre qu’une presse esclave d’un gouvernement».

Étaient présents à ce diner-débat, le président du club perspectives et développement, Ahmed Diane Séméga, les ministres Gaoussou Drabo, Ousmane Thiam, Choguel Maïga et Marimanthia Diarra.

Boukary Daou

1er août 2005