Je dois commencer par rendre grâce à Dieu. Depuis que la saison des pluies a commencé, Alhamdoullilahi, il pleut presque tous les jours. En écoutant le bulletin de la météo, il est loisible de constater que c’est l’ensemble du territoire qui est arrosé.
C’est à souligner et je le souligne. C’est un souci en moins parce que la mauvaise pluviométrie de l’année dernière a été présentée sur tous les tons comme étant une des causes premières de toutes les difficultés que nous traversons actuellement.
Pas un discours où l’on ne parle de la pluviométrie plus que défaillante de la saison passée. Mêmes ceux qui pensaient il y a quelque temps que c’était la plus mauvaise excuse ont embouché la même trompette.
Je me rappelle que du temps de leur splendeur dans l’opposition musclée, les Me Tall et compagnie ne rataient aucune occasion à l’Assemblée nationale pour déclarer haut et fort qu’il était inconcevable qu’un pays fonde ses espoirs sur les seules pluies pour tenter de se développer.
Ceux qu’ils avaient en face avaient beau expliquer qu’ils étaient d’accord, que c’étaient les moyens financiers qui faisaient défaut et qu’en plus il y avait des urgences, ils tenaient fermement à leurs discours.
Mais je ne pense pas les avoir beaucoup entendu sauf pour affirmer qu’effectivement la mauvaise pluviométrie n’a pas beaucoup arrangé nos affaires.
Personne ne les a surpris en train de dire qu’on ne peut se développer en ne comptant que sur les pluies (s’ils l’ont fait, ce qui est du domaine du possible, c’est certainement de manière confidentielle ou de façon subreptice). Comme dirait l’autre, vérité d’hier, silence d’aujourd’hui.
Qu’est-ce qui a pu se passer pour qu’ils rangent leur langue dans la poche ? Il s’est passé qu’aujourd’hui ils sont aux affaires comme on dit. Cela vous change un homme.
Ils ont les honneurs dus à leurs nouveaux statuts, mais ils voient l’horreur de gérer avec des moyens dérisoires. En dehors de leur statut, rien n’a fondamentalement changé. Le Mali est toujours pauvre et il attend toujours que la pluie nous sorte de notre galère.
La seule personne qui a déclaré haut et fort qu’on ne peut pas lier notre sort à l’alternance des bonnes et mauvaises pluviométries, c’est le président de la République.
Lors de la cérémonie de lancement des banques de céréales, ATT a déclaré, presque agacé, qu’on ne peut tout attendre de la pluie et qu’on ne peut pas abandonner toutes nos priorités pour ne se consacrer qu’à trouver à manger.
Vérité d’hier, vérité d’aujourd’hui.
Mais tout le monde sait que les moyens nous font défaut pour mettre en valeur nos immenses étendues de terres irrigables. Et tant que nous ne trouverons pas les meilleures voies pour contourner notre impécuniosité, nous n’aurons que nos yeux pour contempler les monumentales richesses dont la nature nous a dotées.
En attendant, rendons grâce à Dieu pour la bonne pluviométrie de cette année et prions pour que ça dure. Parce que Dieu est bon et il nous suffit de lever la tête, de regarder le ciel pour que ce dernier commence à déverser des « larmes ». De compassion mais certainement pour ne pas nous donner l’occasion de l’accabler.
Juste après le lancement des banques de céréales, le président ATT s’est offert une ballade sur le fleuve, histoire de décompresser un peu.
Je dois dire qu’il en a besoin parce qu’avec tous les fronts sur lesquels il s’est trouvé pour cause de mauvaise pluviométrie, d’invasion des criquets, de crise alimentaire, il avait besoin de se détendre.
Quand il avait été annoncé que c’est par bateau qui ralliera Koulikoro à Gao, certains de mes compatriotes ont affirmé qu’ATT voulait tâter le pouls du pays et d’autres déclaraient péremptoire qu’il s’offrait une petite campagne sans en donner l’air.
Si c’était au bon vieux temps, pour moins que ça j’en connais qui auraient crié à l’entrée en campagne électorale de manière précoce du président sortant. Ils auraient crié à l’utilisation abusive et intempestive des moyens de l’Etat.
Et pourtant ils sont là, les mêmes, connus de tous, bien vivants, bien portants et… bien silencieux. Ils aiment tellement ATT qu’ils préfèrent se taire même quand ils peuvent l’aider par des conseils amicaux. Ils auraient pu lui dire d’éviter de donner des allures de campagne à son repos.
Parce que cela laisserait des traces au sein de l’opinion. Moi les images que j’ai vues sont loin d’être celles de quelqu’un qui se repose.
Je sais que tous les Maliens qui regardent encore la télévision malienne ont dû s’interroger sur ces bains de foule. Certaines mauvaises langues affirment que les personnes amassées sur les berges ne sont pas sorties de manière spontanée et qu’on a dû les aider un peu.
Mais connaissant ATT, je suis presque sûr qu’il est allé au-devant de certaines foules. Pour quelqu’un qui veut se reposer, je ne suis pas certain que ce soit le meilleur exercice.
Ce qui fait que je crains qu’il ne revienne à Bamako plus fatigué qu’il n’en était parti. Pour ne pas perdre mon fil, je crains effectivement qu’il ne soit en campagne. Si c’est le cas, ce serait trop tôt. Parce qu’il a un mandat à finir.
TBM
19 août 2005