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Si je devais simplifier les choses, je dirais que cette année a surtout été marquée par la crise céréalière. Depuis mai jusqu’à l’heure où j’écris ces lignes, la préoccupation principale des Maliens est et demeure une seule : comment trouver à manger moins cher et de bonne qualité. La récente tournée du Premier ministre à l’intérieur du pays n’a pas d’autres objectifs que de vérifier si l’état des récoltes pourrait nous permettre de vivre des moments moins anxieux et moins angoissants que ceux qu’on a connus.

Il semble, en tout cas à partir des informations diffusées, que plus que jamais nous devrons être sur nos gardes. Parce que les récoltes n’ont pas été à la hauteur des espoirs dans certains endroits et qu’il faut déjà envisager les mesures d’accompagnement qu’impose la situation. Notamment dans les régions nord du pays. Pour le reste également, la prudence semble être de mise. Comme le chat échaudé qui craint l’eau froide, le Premier ministre et le gouvernement ont l’intention de ne pas se laisser « surprendre ».

C’est ainsi que partout où il est passé, il a multiplié les recommandations en faveur de la constitution de banques de céréales afin de mieux préserver l’avenir. Dans le même temps, on voit le gouvernement remplir les magasins de l’Opam pour parer au plus pressé. Ce qui prouve à suffisance le traumatisme causé par la crise céréalière qui n’a laissé personne indifférent. A commencer par les consommateurs qui ont vu les prix grimper jour après jour pour atteindre des sommets jamais soupçonnés.

Je crois qu’on a frôlé la catastrophe parce que bien souvent, on ne trouvait pas de quoi manger sainement : le riz était non seulement cher, mais en plus il était de très mauvaise qualité. Comme elles ne pouvaient rester bras ballants, les autorités ont réagi dans la mesure des possibilités. Dans une belle cacophonie chez certains responsables ; avec une remarquable démagogie chez d’autres. Sans oublier ce que je ne sais de surprise de la part du gouvernement. Je ne citerai pas de noms pour ne pas fâcher certains, même si j’avoue que je fais violence sur moi-même pour résister à la tentation. Mais j’ai trouvé minable et dérisoire le fait que certains aient cru qu’ils pouvaient faire commerce facile de la misère du peuple. Qu’ils soient ministres ou commerçants, le peuple ne les oubliera pas.

Il est à déplorer qu’ils aient perverti le sens des mesures prises par le président de la République pour soulager un tant soit peu les souffrances. Plus de 18 milliards pour la distribution gratuite de céréales et près de 4 milliards au titre des exonérations. Pour quel résultat ? Tout le monde est d’avis que ceux qui se sont servis à la pelle en pensant que la crise était un don de Dieu dont seuls les « maudits » ne pouvaient profiter, que c’était une occasion bénie de s’enrichir à peu de frais et sans coup férir, tous ceux-ci donc, on devrait trouver un moyen de leur faire rendre gorge. Lors de la rentrée des cours et tribunaux, la président de la République, premier magistrat a été interpellé face aux comportements funestes de ces « nouveaux Néron ».

L’année 2005 a connu ses moments de bonheur comme le Sommet Afrique-France qui s’est tenu au début du mois, comme la rencontre UE-ACP. Moments au cours desquels, on voit toute la place de notre pays dans le concert des nations. Je me surprends à tenir une sorte de langue de bois. Mais c’est vrai que ce sont des moments qui ne sont pas donnés à tout le monde.

A côté, il y a des moments de douleur, comme les événements survenus après notre défaite face au Togo où Bamako a hésité à renouer avec des scènes de violences ; des moments de crise avec la grève de l’UNTM qui a paralysé le pays. Des moments d’incertitudes avec les soubresauts intervenus sur la scène politique (à l’Assemblée où certains se sont mis à la recherche d’une improbable majorité pour ATT qui bénéficie de l’unanimité, à l’Adéma où l’on se « tue » derrière le même ATT qui n’a rien demandé dans la perspective de 2007 etc.)

Pour ne pas faire « long », je jette un rapide coup d’œil sur ce qui nous attend en 2006. Comme je l’ai dit, sans être un devin, on peut sortir les grandes lignes. Première grande ligne, 2006 sera consacré à surveiller le marché céréalier. Parce que comme je l’ai déclaré plus haut, les prévisions ne sont pas trop bonnes. Mais puisqu’on sait ce qui nous attend sur ce terrain, on ne devrait pas être surpris. Surtout si les « nouveaux Néron » devaient payer de manière exemplaire.

Sur le plan économique, 2006 risque d’être dure. Parce que quand on voit les incertitudes sur le coton, les faibles recettes au niveau de la douane avec une tendance à l’aggravation et la fiscalité qui ne parvient pas à donner le meilleur d’elle-même, il y a de quoi être modérément optimiste. Mais c’est surtout sur le terrain politique qu’il risque d’avoir du sport. ATT sera de plus en plus poussé à déclarer plus ou moins ouvertement ses intentions pour 2007 ; l’Adéma ne pourra pas faire l’économie d’une clarification ; le RPM devrait mieux affirmer ses ambitions ; l’URD ne pourra pas se contenter à compter les coups et à vouloir tirer les marrons du feu.

Bonne fin d’année à tous nos lecteurs. A l’année prochaine !

TBM

23 décembre 2005.