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Du coup, notre fâché, dont les propos ou les intentions qu’on lui a prêtées ont certainement dépassé la pensée, s’est retrouvé seul, bien seul. Il a eu ses moments de gloire avec une bonne publicité sur le plan national et international, avec un peu de considération pour ne pas dire de respectabilité. Cela vous grise un homme.

Mais comme dirait l’autre « la récréation est terminée ». Je dois avouer que je fais partie du lot de ceux qui nourrissaient quelques appréhensions. Surtout au regard de toute la mobilisation, avec le rappel de quelques intégrés, le tout accompagné de communiqués.

Je craignais qu’on ne cédât à une panique qui n’avait pas lieu d’être et surtout d’enhardir quelqu’un qui ne demandait pas tant ou qui ne méritait pas tant. Et cela m’avait rappelé quelques aspects de la gestion du début de la rébellion en 1990.

Après la première attaque contre Ménaka, les autorités de l’époque avaient cru bon de battre le rappel de tous les leaders arabes et tamasheqs qui défilaient à la télévision pour désavouer leurs fils devenus à l’occasion « des enfants égarés ». On connaît la suite et l’on a découvert, bien après la guerre qui s’en est suivie, que les égarés n’étaient pas ceux qu’on pensait.

L’épisode de Fagaga est quand même complètement différent : toutes les revendications qu’il a posées disposent d’un cadre légal de règlement. En plus, ATT qui a déclaré qu’en « tant que général, il sait qu’il n’y aura pas guerre » a finement manœuvré.

Tout en donnant des consignes strictes, il a laissé suffisamment de marges aux négociateurs pour manœuvrer afin d’éviter la casse et même la cassure. C’est ainsi que les autorités et les leaders de Kidal ont tenu à gérer la question sans qu’il n’y ait d’autres interférences. Tout est bien qui finit bien.

Ceux qui craignaient une résurgence de la rébellion en sont quittes pour une belle frayeur. Le désert peut retrouver son calme et son silence qui le caractérisent et qui peuvent amplifier le plus petit pet lui donnant des allures de coup de canon.

La guerre n’aura donc pas lieu, en tout cas pas du côté où on la craint. En effet, c’est sur le champ politique qu’on entend un vocabulaire militaire. C’est vrai que là aussi, il convient de prendre les choses au second degré malgré le fait qu’elles traduisent un état d’esprit qui ne semble pas être à la sérénité.

L’image du jour, comme diraient nos amis de Canal+, nous est offerte par Djibril Tangara, président du Mouvement citoyen. A l’occasion de l’anniversaire de la déclaration de candidature d’ATT à Sikasso, il a présidé les festivités commémoratives.

Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été dit entre citoyens d’un mouvement incontrôlé. Je ne parlerai même pas du fait qu’ils ont osé mettre dans la bouche de jeunes enfants, au motif que ce sont les amis d’ATT, l’appel à candidature pour 2007 (c’est une forme de trafic des enfants).

Mais j’ai retenu que Tangara ne semble pas être capable de faire la différence entre adversaires et ennemis. Il a déclaré que « le Mouvement citoyen n’a aucun ennemi ; son seul ennemi c’est la pauvreté ». C’est vrai qu’en observant la pauvreté des propos, on ne peut que lui donner raison.

J’ai pensé d’abord à un lapsus pour lui trouver une excuse. Mais je me suis dit que même le lapsus traduit un état d’esprit. Et celui de Tangara et de certains de ses camarades n’est pas du tout sain et n’est pas du tout bon.

Ils pensent effectivement que tous ceux qui ne sont pas dans le Mouvement citoyen doivent être combattus sans pitié. Et si par malheur on donne l’impression, la plus petite qui soit, de ne pas partager ne serait-ce qu’une partie de la vision d’ATT, là c’est sans quartier.

Chez Tangara et certains de ses camarades, il n’y a pas d’adversaires ; il n’y a que des ennemis à réduire au silence. J’ai cru percevoir un peu d’humilité dans ses propos. Ce genre de sentiment qui vous arrive quand vous vous rendez compte que vous êtes fragile.

En 4 ans, mieux que quiconque, Tangara sait que son Mouvement est en argile ; même pas un géant aux pieds d’argile. Lui qui est le chef et qui a perdu même les élections municipales à Kignan sait que son Mouvement brasse du vent.

Il a raison de déclarer que son ennemi est la pauvreté dès l’instant où même ses adversaires lui ont échappé : les jeunes sont partis au PCR et à Sikasso, le maire qui est pourtant une figure de proue du Mouvement s’est mis en congé de toutes activités.

Pour ce qui est de la pauvreté, lui qui se prétend dépositaire de la vision d’ATT, devra faire ses preuves au niveau de son département qui est tout dédié à la solidarité et à la lutte contre la pauvreté. J’attends de voir qu’il déclare une vraie guerre à la pauvreté.

El hadj TBM

17 mars 2006.