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Il répondait à ceux des députés qui, sur la crise du football, n’ont ni plus ni moins demandé au ministre que de rendre son tablier.

C’est que ces députés, qui s’en sont du reste défendu, n’ont fait que relayer ce qu’une bonne partie de l’opinion murmure.

Le Dr. Moussa Balla Diakité, puisque c’est de lui qu’il s’agit n’a pas connu de repos du jour où il a été nommé ministre au département sensible de la Jeunesse et des Sports.

Sensible parce qu’il a la gestion du football et plus particulièrement des Aigles seniors. Un domaine où la raison est rarement de mise et où les passions, à la moindre occasion… de but raté, s’enflamment.

Pour ceux qui l’auront compris, le ministre de la Jeunesse et des Sports vient allonger la liste de tous ses collègues qui, d’une manière ou d’une autre, ont malmené la République et ébranlé l’Etat.

Pour rappel, c’est toujours bon dans ces cas-là, il succède à cinq ministres : Cheick Oumar Sissoko de la Culture, Abou Bakar Traoré de l’Economie et des Finances, le Pr. Mamadou Lamine Traoré de l’Education nationale, Seydou Traoré de l’Agriculture, et le colonel Sadio Gassama de la Sécurité intérieure et de la Protection civile.

Au lendemain des événements consécutifs à la défaite des Aigles face aux Eperviers du Togo où Bamako a été mise à feu et à sang, nombreux étaient les Maliens qui réclamaient des têtes.

Et parmi ces têtes, celles qu’on citait le plus étaient celles du ministre de la Sécurité et du ministre des Sports. Le premier pour toutes les défaillances constatées dans le dispositif sécuritaire et le second parce que responsable d’une équipe sans âme et sans volonté visible de gagner.

Je disais que du jour où il a été nommé ministre, le Dr. Moussa Balla Diakité n’a pas connu de repos. Que de fureur, que de bruit, que de bras de fer dans son sillage !

Il a tour à tour eu maille à partir avec pratiquement tous ses collaborateurs : le Comité olympique national à la veille des Jeux olympiques pour des raisons de factures ; le secrétaire général de la Fédération malienne de football avec qui il a échangé des propos aigres-doux ; et bien entendu la Fédération malienne de football à cause de la gestion du football.

Ce qui avait laissé penser un moment que le ministre est un homme à palabres qui cherche des poux dans la tête de tout le monde.

La vérité est certainement ailleurs. Mais je suis sûr que connaissant le département (il y était comme chargé de mission) dans ses coins et recoins, et même dans ses zones d’ombre, le ministre avait à cœur de mettre un bon coup de pied dans ce qui ressemble à ses yeux à une fourmilière pour ne pas dire une mafia où tout le monde se tient par la barbichette.

Dans sa fougue, il a dû confondre vitesse et précipitation, donnant l’impression de mal maîtriser son sujet parce que justement il voulait embrasser tous les dossiers (qui trop embrasse mal étreint, dit-on).

Le Dr. Moussa Balla Diakité est arrivé à un moment où le football se portait très mal. Le malade a été ausculté sous tous les angles, le diagnostic a été unanimement posé et il restait à appliquer le remède que d’aucuns voulaient de cheval. Mais on connaît la suite.

On rêvait de Coupe du monde au regard de l’effectif dont on dispose, mais aujourd’hui on n’a même pas la Can. Et pour beaucoup de Maliens, le ministre est porteur de guigne et de poisse.

Devant les députés dont un lui a malicieusement rappelé que des Maliens pensent que c’est un guignard, il a précisé fort opportunément que malgré ce jugement, le pays a qualifié toutes ses catégories de joueurs dans les compétitions internationales : les cadets, les juniors, les espoirs aux JO, les filles, l’équipe militaire pour la Coupe du monde et la victoire lors de la Coupe UEFOA. Ce qui est méritoire.

Mais ce qu’il a oublié, c’est que les Aigles seniors constituent, à tort ou à raison, la vitrine de tout le sport. Et si cette vitrine se brise, les éclats de verre font beaucoup de dégâts.

Et nous sommes dans ce cas de figure. La vitrine de notre sport, notre sport-roi est par terre à travers les multiples échecs des Aigles. Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie, mais la vérité est celle-là : quand les Aigles marchent, les Maliens sont fiers et contents ; quand ils perdent, les Maliens débloquent et s’en prennent aux autorités aussi bien administratives que politiques.

C’est ce qui s’est passé le 27 mars dernier après la défaite quand d’aucuns, dans leur amertume, ont même demandé la démission du gouvernement.

C’est ce retour de manivelle qui frappe le ministre Moussa Balla de plein fouet. Répondant à la question d’un journaliste lors de la conférence de presse du 8 juin, le président ATT a avoué que « la vérité est que ceux qui sont chargés de l’administration du football ont échoué ».

Je ne suis pas sûr qu’il s’adresse seulement à la Fédération. Surtout quand il a rappelé que lors du match Mali-Togo, les billets d’entrée affichaient un tarif anormalement élevé et que sa conviction est que « ceux qui gèrent le football ne connaissent pas la dimension sociale du football ». Et toc, comme le dirait l’autre.


TBM

10 juin 2005