Les lecteurs l’auront compris, je reprends du service et surtout je continue sur ma lancée entamée en juin. Et je ne dérogerai pas à l’habitude qui consiste à partir de ce que l’actualité nous propose quand elle ne nous l’impose pas et sur la base de faits.
Or comme je le disais la semaine dernière, le gouvernement est revenu de vacances en trouvant la maison sens dessus dessous. Je ne dirais pas que le feu prend partout mais c’est tout comme.
Pour ne pas donner l’impression que je suis cruel, je me garderai de rappeler qu’il devient de plus en difficile de trouver à manger. Par contre, je ne pourrai me taire sur le danger qui menace le front social avec la grève d’avertissement de l’UNTM prévue pour le 19 septembre.
Et sur ce plan, je dis gare au ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat et des Relations avec les institutions si jamais cette menace de grève devait être mise à exécution. Bady Ould Ganfoud doit tout faire pour calmer ce front en ébullition. Parce que comme je l’ai dit par le passé, ATT n’aime pas le bruit.
Ceux qui l’ont compris, savent que c’est le ministre de la Fonction publique, de la Reforme de l’Etat et des Relations avec les institutions qui a le déshonneur d’ouvrir cette deuxième série.
Bady Ould Ganfoud succède ainsi au ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko ; au ministre de l’Economie et des Finances, Abou-Bakar Traoré ; au ministre de l’Education nationale, le Pr. Mamadou Lamine Traoré ; au ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré ; au ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le colonel Sadio Gassama ; au ministre de la Jeunesse et des Sports, Dr. Moussa Balla Diakité ; au ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Fanta Sylla ; au ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Djibril Tangara ; au ministre de la Communication et des Nouvelles technologies, Gaoussou Drabo ; et au ministre de la Défense et des Anciens combattants, Mamadou Clazié Sissouma.
Pour en revenir à Bady, c’est l’actualité qui le met au-devant de la scène. Et je crois qu’il est dans le mauvais rôle parce qu’il risque d’être celui par qui la deuxième grève de l’UNTM arrivera.
Selon les informations distillées dans la presse, lors de négociations, il n’avait rien à offrir aux syndicalistes. Alors même que depuis le début de l’année, il avait été saisi par l’UNTM afin de faire le point des engagements pris par le gouvernement.
Neuf mois après, le constat est qu’il n’a pas été capable d’apporter ne serait-ce qu’un début de réponse. En tout cas, pas de quoi satisfaire les syndicalistes.
A sa décharge, on pourrait dire que venu à la rescousse, le Premier ministre, tout en déplorant le déficit de communication à ce niveau, n’a pu offrir mieux. D’où l’escalade notamment au niveau verbal.
En effet, on a entendu Siaka Diakité de l’UNTM traiter le gouvernement de bande d’incapables qui ne méritent qu’à être remerciés.
A la place de Ganfoud (et de tous les autres d’ailleurs), je prendrais peur. Parce que la dernière fois que Siaka a eu ce genre de propos, il a bénéficié de soutiens de taille.
Non seulement sa grève avait été abondamment suivie mais en plus le président de la République en personne avait livré à la vindicte populaire son gouvernement d’alors. Conséquence, le gouvernement ne s’en était jamais remis jusqu’à son renvoi.
Tous ceux qui connaissent le ministre Bady Ould Ganfoud lui trouvent d’indéniables qualités : on le dit gentil, on le dit courtois et on le dit tranquille dans le sens où il ne provoque pas de vagues dans son sillage.
Mais cette dernière qualité a, semble-t-il, son revers parce que tout porte à croire qu’il est trop « tranquille ». Peut-être que les missions qu’on lui a confiées ne cadrent pas tout à fait avec son tempérament de « tranquille ».
Parce qu’en dehors du monde des travailleurs dont il a la charge, ce qui constitue plus qu’un os, il a d’autres gros morceaux dans son portefeuille et qui exigent des ruptures. Quand on prend la Reforme de l’Etat, à elle seule elle pourrait être un programme gouvernemental.
Réformer l’Etat au Mali, c’est comme dirait l’autre, vouloir « dégraisser le mammouth ». Tous ceux qui avant lui avaient hérité de ce dossier y ont laissé des dents et des plumes. Pas plus que les autres, on ne voit pas et on ne sent pas les réformes engagées par notre « gentil » et « tranquille » ministre.
Là où les autres ont échoué à cause de considérations plus ou moins politiques, lui aurait dû tirer son épingle du jeu. Pour la simple raison que nous sommes dans un pays où tout le monde est d’accord actuellement. Il a manqué de hardiesse et de courage pour bousculer notre « mammouth » que sont l’Etat et son Administration.
Le « gentil » ministre est également chargé des Relations avec les institutions. Ce qui n’est pas une mince affaire parce que nous sommes dans un pays où les institutions marchent parallèlement sans presque jamais se rencontrer. Sauf en cas de crise.
Or, il lui revient d’huiler les rouages pour que la machine tourne sans trop de grincements. A ce niveau, Ganfoud semble être loin du compte. De son propre aveu, il n’a jamais mis les pieds à l’Assemblée nationale avant le jour de son interpellation.
Une expérience qu’il a mal vécue parce que les députés, au détour des questions orales qui portaient sur la boulimie du gouvernement à légiférer par ordonnance, lui ont rappelé qu’il n’aimait pas plus le Mali qu’eux.
Mais avant cet épisode de l’Assemblée nationale, j’ai maintes fois entendu des institutions se plaindre du manque de concertation et de l’absence de tout cadre de concertation avec le gouvernement. Et à mon avis, c’est plus qu’une pierre dans le jardin de notre gentil ministre.
Comme on le voit, Ganfoud a du pain sur la planche. Parce qu’à mon avis il joue le rôle de garde-fou afin d’empêcher tout débordement. Il peut se coucher « tranquille » sur des aspects qui prêtent moins à conséquence ou disons qui déchaînent moins les passions sans grande émotion.
Mais, sur le terrain des travailleurs, il n’a qu’à se secouer un peu. Parce qu’ATT n’aime pas le bruit. Et je crains qu’il ne joue sa tête dans cette affaire de grève d’avertissement. A bon entendeur salut !
TBM
09 septembre 2005.