Me Mountaga Tall, le président du Cnid, avait juré de s’installer au perchoir, revendiquant une majorité de députés qui le soutenaient dans sa démarche. Le verdict des urnes pour le choix du président de l’Assemblée nationale est sans appel. De la majorité, même mécanique, qui s’y frotte s’y pique.
C’est en début de semaine dernière que Me Tall a officialisé sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale en se confiant à notre confrère L’Indépendant.
Une déclaration de candidature qui sera suivie d’une conférence de presse au cours de laquelle, celui qui était considéré comme le candidat de la rupture au sein du regroupement politique ADP était allé loin dans les propos.
Il déniait même à l’Adéma, avec ses 51 députés, la majorité pour conquérir le perchoir. Avec ses 11 élus, Me Tall comptait sur le soutien de 83 autres députés de l’Assemblée nationale.
Les jeux étaient pourtant faits. L’URD, la deuxième force politique à l’Assemblée avec 36 députés, s’était entendu avec l’Adéma sur la composition du bureau de l’Assemblée nationale, le perchoir revenant au parti de l’Abeille.
Tout est allé très vite. Des négociations de dernière minute, menées en douce avec la grâce de Koulouba ont permis à ces deux grandes formations de faire adhérer à leur cause le groupement politique ACC connu sous le label des indépendants fort d’une trentaine de députés.
La suite est connue. Me Kassoum Tapo, qui avait maintenu sa candidature jusqu’à l’ultime moment du choix du président de l’Assemblée, s’est finalement désisté après une pause de 15 minutes réclamée par son regroupement.
Battu à plate couture
Dans la mouvance des mêmes conciliabules, d’autres formations politiques, selon nos sources, comme le MPR de Choguel Kokala Maïga, visiblement de connivence avec Me Tall et qui remettait lui aussi en cause le fait majoritaire en indiquant, que « … la démocratie n’est pas le diktat mécanique de la majorité arithmétique… », a reconsidéré sa position.
Il serait allé personnellement faire son mea culpa au parti majoritaire le dimanche soir en le rassurant de son soutien. Démontrant sa bonne foi, le président du MPR, a accusé la presse d’avoir tronqué son discours en l’expurgeant de sa substance.
Me Tall battu à plate couture (31 voix contre 111 pour Dioncounda Traoré) a, quant à lui, préféré aller à Canossa non sans avoir fait une offre à l’Adéma. Le président du parti du Soleil levant aurait demandé à la coalition Adéma-URD le poste de 1er vice-président (qu’il occupait d’ailleurs dans le bureau sortant), comme prix de son désistement. Une offre rejetée sans autre forme de procès, dans la mesure où ce poste doit revenir à l’URD.
Dans l’entente faite entre l’Adéma et l’URD sur la composition du nouveau bureau de l’Assemblée nationale, le poste de 7e vice-président est réservé au Cnid de Me Tall. Mais selon des indiscrétions, le parti du Soleil levant risque de perdre ce fauteuil et même sortir complètement bredouille. Ce qui ne sera d’ailleurs que le prix de la témérité de son président.
Abdrahamane Dicko
Me Tall face à lui-même
Connu pour ses positions extrémistes et jusqu’au-boutiste, Me Tall est cette fois-ci face à ses propos. Il a annoncé qu’il a 83 députés avec lui. Les faits ont démenti cela. Ensuite, il a soutenu qu’il ne sera le vice-président de personne. Il faut que les autres l’aident à tenir cette promesse.
A. D.
04 septembre 2007.