Partager

Cette politique d’humanisation des prisons consiste à assurer aux anciens prisonniers une meilleure intégration sociale. La visite de Me Fanta Sylla est une illustration éloquente de la volonté de l’Etat d’améliorer le sort des prisonniers sur la question. Ainsi à Goundam, le ministre a visité la maison d’arrêt, le palais de justice et la gendarmerie.

Située à 100 m de la gendarmerie, la maison d’arrêt de Goundam est un vieux bâtiment qui a été construit en 1930. Elle est faite en banco en style architectural traditionnel. Elle comprend une chambre pour les surveillants, trois garde à vue, un magasin, deux grandes chambres pour les prisonniers, deux toilettes et un espace entouré de toiles au milieu de la cour servant de WC.

Les murs sont délabrés avec des fissures partout. A l’entrée de ce bâtiment vétuste, il est écrit : « Humaniser la prison, c’est avant tout respecter le droit du détenu à se réinsérer, c’est apporter sa pierre à l’édifice national ». 4 condamnés se trouvent dans cette prison.

Fanta Sylla a échangé avec les prisonniers sur leurs conditions de vie. Selon eux, ces conditions sont loin d’être précaires. Ils sont soignés, mangent trois fois dans la journée de façon qualitative et quantitative.

Mamadou Baba Traoré, Directeur national de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, a affirmé que l’humanisation des prisons est une préoccupation chère au département de la justice.

Selon lui, certaines ONG se sont impliquées à aider la justice à réussir dans cette mission. Il a fait allusion à Demè So et Envarts.

Dans toutes les prisons visitées la délégation ministérielle a noté une amélioration des conditions de détention des prisonniers.

A Rarhouss, les prisonniers ont leur dispensaire.

La visite des infrastructures judiciaires de Goundam a permis au ministre de se rendre compte de l’absence d’équipement dans ce tribunal. Construit en 2003, le tribunal de Goundam est un bâtiment flambant neuf.

Cependant, il manque de chaises, de classeurs, de tables. L’ordinateur est un luxe. Au moment de la technologie de pointe, la justice dans un cercle continue de travailler avec une vielle machine Olivetti 98 qui est toujours en panne.

Le standardiste est installé sur une table qui date de la création du tribunal de Goundam. Les dossiers sont rangés dans des classeurs qui datent de la même époque. Des conditions de travail dépourvues de tout confort.

Conséquence, les citations de justice sont faites en retard. Même pour acheminer les citations c’est tout un problème car la justice n’a pas de véhicule. Pourtant certaines communes sont situées à 300km.

Le jour des audiences, le tribunal est obligé d’aller prêter les bancs du conseil de cercle. « Nous demandons qu’on nous mette dans les conditions de travail, on a même honte d’accueillir les populations dans ces conditions », a déclaré Boubacar Sidiky Maïga, le standardiste.

Même son de cloche chez Anne Dako, secrétaire de greffe qui a ajouté que malgré tout, la justice parvient à se débrouiller.

Soulignons qu’au palais, le personnel étanche sa soif dans les jarres. La délégation a constaté les mêmes problèmes à Diré.

A Niafunké, les conditions de travail de la justice sont catastrophiques. Cette institution n’est dotée d’aucune commodité. Elle n’a ni toilette, ni électricité.

Les murs présentent des fissures incroyables. Le Bureau des archives est un capharnaüm. « Il n’y a pas de moral, on est décontenancé, on n’a même pas de véhicule », a déclaré le greffier en chef.

Cependant dans certaines localités comme Tombouctou ville, Rharous, Douentza, le tribunal est très bien logé.

Me Fanta Sylla a rassuré le personnel de la justice sur les actions que le département est en train de prendre pour améliorer les conditions de travail des tribunaux du Mali.

Selon elle, pour que la justice soit juste, il faut qu’elle soit bien outillée.

Abdoul K KONE
Envoyé spécial à Tombouctou








POUR CORRIGER LES MAUVAIS COMPORTEMENTS DES CITOYENS

La société civile prône une synergie entre la justice et la religion

Dans le souci d’instaurer la sécurité et la paix sociale, Me Fanta Sylla, ministre de la Justice, Garde des Sceaux a effectué du 27 février au 4 mars dernier, une tournée dans la région de tombouctou.

Objectif, échanger avec les populations sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire pour une meilleure distribution de la justice. Au cours de cette visite, le département a aussi recensé les problèmes que connaissent les maisons d’arrêt, la justice, les brigades de gendarmerie et la police dans les différents cercles.

La rencontre entre les populations et le ministre de la Justice, dans la région de Tombouctou, est une première dans l’histoire. Elle traduit la volonté du gouvernement de faire de la justice le levier du développement, casser les barrières qui existent entre les populations et cette institution.

De Goundam à Diré, de Niafunké à Tombouctou ville, les populations ont pris la parole et ont exprimé leurs préoccupations sur le fonctionnement de la justice. Les sentiments ont varié d’une localité à une autre.

A Goundam, première étape de cette tournée les questions des populations ont tourné essentiellement autour de la lenteur dans le traitement des dossiers de justice, l’application correcte de la loi et les conflits fonciers.

Au cœur de ces derniers, réside celui de la gestion des terres du Lac Horo et Fati qui constituent aujourd’hui la pomme de discorde entre les cercles de Goundam, Niafunké et Tonka.

Selon Hama Fofana, technicien supérieur, du génie rural : « On est dans un Etat de droit, cependant la justice malienne est malade. Les dossiers sont jugés et classés sans suite. On n’a pas le droit de se plaindre« .

Même son de cloche chez Aboubakrim Traoré, le président de la chambre régionale d’agriculture de Tombouctou qui a ajouté que l’application des verdicts pose problème. Mouhamed Ali Barèke, maire de la commune de Doukouria de proposer certaines recommandations.

Selon lui, une synergie d’action doit être instaurée entre la justice et la religion afin de lutter contre certains mauvais comportements des populations. Il a aussi demandé la mise en place d’un système d’évaluation de la loi afin de pouvoir corriger les insuffisances de cette dernière.

A Diré, deuxième étape de la visite, les populations se sont contentées de faire l’éloge du juge de paix Ibrahim Dembélé. Tout le monde l’a apprécié sans exception. Mahamadou Kouroukoy Touré, député du cercle à l’assemblée nationale a déclaré : « le juge a un comportement exemplaire. Il est courtois à l’endroit des autorités traditionnelles« .

Même son de cloche chez le président du Conseil de cercle de Diré qui a souligné que la construction d’une nouvelle Cour d’appel s’avère nécessaire pour permettre le traitement rapide des dossiers au niveau des tribunaux.

Les responsables de la police nationale et de la gendarmerie ont, à leur tour, réaffirmé la parfaite collaboration qu’ils entretiennent avec la justice.

A Niafunké, les populations ont exprimé leur satisfaction pour la distribution de la justice. Ibrahim Hamady Yattara, président de l’AMUPI, l’Imam de la ville a demandé l’intervention de la justice dans la résolution du contentieux foncier qui les oppose à Tonka. Le président du conseil de cercle a affirmé que le problème réside dans l’interprétation des textes.

A Tombouctou, le débat a été plus virulent. Le principal sujet était la question foncière. Le pasteur Noc Yattara a interpellé la ministre sur un certain nombre de problèmes. Il s’agit, entre autres, de la sauvegarde de la laïcité, la gestion du foncier dans la région.

Selon lui, il faut donner la terre à ceux qui veulent la cultiver. Surtout les bords du fleuve. « Il faut une reforme agraire. La société civile n’a plus de justice. On perd nos jugements quand nos poches sont vides« .

Alpha Yattara, représentant de l’AMDH, a remercié la ministre pour les efforts actuels entrepris par son département pour l’amélioration des conditions de vie des détenus de la région de Tombouctou.

Il a demandé au ministre de s’investir pour que des cabinets d’avocats puissent ouvrir leurs portes à Tombouctou. Partout où la délégation a passé, la ministre a rassuré les populations sur la volonté de l’Etat de redynamiser la justice pour le bien être des populations.

Concernant les conflits fonciers entre les cercles de Goundam, Tonka et Niafunké, elle a annoncé l’arrivée d’une mission de primature pour résoudre cette question. En ce qui concerne le cas du foncier à Tombouctou, elle a affirmé que la loi d’orientation agricole permettra d’apporter une solution à cette affaire.


A A K Envoyé spécial à Tombouctou








FIN DE LA VISITE DE Me FANTA SYLLA EN 6EME REGION

Un bilan plutôt mitigé

La tournée qui a mis en contact le ministre de la justice, Garde des Sceaux avec les populations de la 6ème région du 26 février au 5 mars dernier s’est soldée par un bilan mitigé.

Concernant le rapprochement de la justice des justiciables, les localités de Goundam et Rarhouss ont posé de vrais débats sur la justice. Car la société civile composée de chefs de village, de leaders religieux, elle a exprimé sa préoccupation s’agissant des rapports entre la justice et les populations.

A Diré, aucun problème sérieux n’a été évoqué. De sources sûres, les autorités communales auraient rencontré les populations pour leur demander de ne rien soulever qui puisse impliquer le juge dans quoi que ce soit.

Ainsi, tout le monde de déclarer que la justice à Diré n’a pas de problèmes. A Niafunké et à Tombouctou la société civile n’était pas largement représentée. Me Fanta Sylla n’était pas en face des vrais interlocuteurs de la justice.

Surtout à Tombouctou, les interlocuteurs, en majorité, étaient des chefs de services qui se sont réservé le droit de dénoncer la justice. Les notables n’ont pas parlé.

Les populations ignoraient l’importance de cette visite qui devrait en réalité être une occasion pour elles de s’imprégner des valeurs de la justice et de critiquer ses abus. Malheureusement il parait clair qu’elles n’ont pas été bien informées sur l’importance de la mission.

Concernant l’humanisation des prisons du Mali, la visite de Fanta Sylla a permis de redynamiser cette politique dans la 6ème région. Elle a appelé les gardiens de prison à traiter les prisonniers dans la bienséance.

Elle a aussi réconforté les prisonniers et plaidé pour une justice dynamique, équipée et capable de promouvoir la paix sociale.

Même si les populations n’ont pas compris le sens de la visite, l’action du ministre les met en confiance sur la transparence de la justice, la volonté de l’Etat à leur donner une justice qui répond à leurs aspirations.

Abdoul K. Koné

07 mars 2006.