« L’Etat démocratique républicain, la problématique de sa construction au Mali », c’est le titre donné à son dernier livre par l’ancien Premier ministre malien Abdoulaye Sékou Sow. Deuxième Premier ministre furtif du président Alpha Oumar Konaré, il fut aussi fugitif que le premier, en laissant le pays à son sort ; un Mali qui tanguait. Ce 4 septembre 2008, comme mordu par une mouche maudite, l’ancien Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow s’est brusquement découvert un devoir de révélation qui l’amène à faire des déclarations fracassantes, face aux journalistes.
L’ancien Premier ministre, Abdoulaye Sékou Sow, qui se considère comme étant de la société civile, a présenté aux journalistes son livre qui a été édité par Grandvaux en France. C’était à la Maison de la Presse, en présence de Me Bréhima Koné, président de l’AMDH, de Amadou Tiéoulé Diarra, spécialiste de l’histoire du droit, de Victor Sy et de plusieurs membres de la société civile.
La présentation de cet ouvrage de 455 pages se serait passée comme une activité culturelle suivant une démarche pédagogique. Elle serait appréciée à sa juste valeur, si elle n’avait pas été accompagnée de déclarations dont certains s’interrogent encore sur les motivations réelles ; elles paraissent pour le moins suspectes, traduisant des repères incertains pour un ancien Premier ministre qui vient d’un bref séjour à la cour constitutionnelle.
Ce livre proposé à 17 500 FCFA, est selon certains un mélange qui puise dans la science politique et les sciences juridiques, appliquées à l’histoire récente du processus démocratique malien. Me Abdoulaye Sékou Sow, qui fut en 1993 ministre de la défense, n’a-t-il pas indiqué lors de cette conférence, que face aux manifestants qui brûlaient l’Assemblée nationale le 5 avril 1993, le président Alpha Oumar Konaré lui aurait « demandé de faire sortir l’armée pour écraser les manifestants » ? Une décision verbale qu’il aurait refusée en demandant au président de lui faire parvenir une réquisition. Selon lui cette requête n’ayant pas été satisfaite, l’armée est restée sur place…
Cette déclaration fracassante de Me Abdoulaye Sékou Sow a été mal accueillie par l’opinion publique qui y voit une énième tentative de sordide manipulation. Pourquoi maintenant, fait-il cette révélation, et pour profiter à qui, s’interroge-t-on ? « Ce n’est pas sérieux, pourquoi n’a-t-il pas démissionné dès l’instant ? Pourquoi est-il devenu premier ministre pour ensuite sauter du navire au moment où il tanguait, alors qu’il était la première personne sur laquelle pouvait compter le chef de l’Etat pour ramener le pays à la stabilité. A supposer que ce que dit l’ancien Premier ministre soit vrai, et s’il obtenait du Président la réquisition demandée« , s’interroge-t-on ?
Ce livre contiendrait des déclarations qui, pour le moins sont assimilables à une divulgation de secret d’Etat. Comme par exemple celles contenues dans les pages 404 à 408. Dans son livre, l’ancien ministre de la Défense n’épargne ni le président de la République, ni le président de l’Assemblée nationale, encore moins le Premier ministre de l’époque et ses collègues ministres. Qui croit-il prendre à témoin 15 ans après les manifestations du 5 avril 1993 ?
Seydou Coulibaly
B. Daou
08 Septembre 2008