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A Kati, c’est déjà le ras le bol de la part de la population face à la crise de registre de naissance au niveau de la maternité. Avoir la déclaration de naissance à la maternité de la ville relève d’un parcours de combattant. Le calvaire peut prendre un mois sinon plus.
Le même manque est constaté dans d’autres maternités et centres de santé du district de Bamako notamment en communes I (à Koro-fina), V et VI. Du coup, des milliers d’enfants sont privés de leur droit d’avoir un certificat de naissance.

La faute incomberait aux autorités municipales. « C’est la mairie qui est chargée de transmettre le carnet de déclaration de naissance au tribunal. Notre travail au niveau de la maternité consiste à faire enregistrer le nouveau né au terme de ce travail. Nous donnons un numéro aux parents pour leur permettre de retirer l’acte de naissance de l’enfant à la mairie », a expliqué le médecin chef de la maternité de Kati.

L’acte de naissance est un droit fondamental pour chaque enfant dès la naissance. Une semaine après la naissance, les parents du nouveau né doivent faire une déclaration au niveau de la maternité afin de retirer l’acte de naissance de l’enfant à la mairie.

Ce droit fondamental de l’enfant est plus que jamais menacé dans notre pays, malgré les efforts de l’Etat et de certains partenaires au développement pour permettre à chaque enfant d’avoir l’acte de naissance pour remplir pleinement ses droits et devoirs.

« Après vérification des carnets, si les pages sont correctes, on les envoie au tribunal. Le président du tribunal est chargé de parachever le reste du travail pour distribuer les carnets aux maternités et centres de santé. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le tribunal est responsable du blocage ; ce qui explique souvent le manque de registre au niveau de la maternité », nous a confié un agent de la mairie de Kati sous couvert de l’anonymat.
L’acte de naissance est délivré gratuitement.

Mais, malheureusement, certains agents municipaux et des maternités profitent de l’occasion pour prendre de l’argent avec les parents. «Lors de la déclaration de naissance de mon enfant au niveau de la maternité de la commune V, on m’a demandé de donner le prix de la cola. J’étais dans l’obligation de donner 2000 F CFA à la dame. Il faut dénoncer cette incapacité de l’Etat à donner satisfaction aux citoyens», a déclaré une victime.

A Sogoniko, c’est encore pire. Il faut deux à trois mois pour avoir l’acte de naissance si l’on ne débourse rien.

C’est le même problème que Youssouf Ouèdraogo, frigoriste qui a attendu un mois pour pouvoir faire la déclaration de naissance de son nouveau né. «Mon enfant est né le 12 Mars 2008, c’est aujourd’hui (10 avril, NDLR) que je suis parvenu à faire la déclaration. En principe, on doit faire la déclaration une semaine après la naissance pour obtenir l’acte de naissance. Je viens pratiquement chaque jour à la maternité sans succès. Ce problème s’explique par la mauvaise coordination entre les différentes structures, à savoir : la mairie, le tribunal et la maternité. C’est le résultat du laisser aller. Ici, on paye 12 500F pour l’accouchement et lors de la déclaration, certains demandent de l’argent. Ce comportement des agents de l’administration publique n’est pas normal. L’acte de naissance est normalement gratuit ; c’est seulement les copies qu’il faut payer à 100FCFA », a martelé Ouédraogo.

Signalons par ailleurs qu’il existe des réseaux mafieux qui soutirent de l’argent aux populations en complicité avec certains agents des mairies. C’est le cas d’un homme connu sous le sobriquet de «Monsieur le maire» à Sabalibougou en commune V du District de Bamako. Ce dernier excelle dans les combines pour se faire de l’argent au détriment des populations.

Nouhoum Dicko

14 avril 2008.