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La Coordination des associations et ONG féminines (Cafo) a surpris et déçu par sa marche pour le moins inattendue et hors de propos de la semaine dernière.

Le gouvernement semble à plein dans la manipulation. Après la grande bévue du 8 mars qu’aucune communication n’a pu effacer, les femmes sont devenues pour lui des proies faciles. C’est par elles que le scandale est arrivé, c’est à elles de se mobiliser, pourrait-on dire. Ainsi, presque deux jours après les femmes qui ont marché pour l’école, Mme Traoré Oumou Touré, la présidente de la Cafo, mobilisait ses troupes, sur commande, pour battre le pavé.

La marche de la Cafo peut se lire à deux niveaux : cette association apolitique, qui a quand même réussi à fédérer les femmes au-delà des clivages politiques, avait réussi à rester hors de l’arène politicienne. Sa présidente actuelle avait reçu toutes sortes de pressions en son temps pour, à l’image des autres associations de la société civile, organiser un meeting de soutien au président ATT. La Cafo avait pu faire face et éviter ce fâcheux précédent.

Mais, juste après les élections et comme par hasard, une grave crise éclatait en son sein et la tête de la présidente, qui avait osé ne pas organiser la marche, a été fortement secouée. Elle a réussi à se maintenir, mais elle semble atteinte. C’est en tout cas la seule explication possible à la marche organisée et ayant pour but de faire diversion.
En tout cas, au moment où les enjeux sont à la lutte pour maintenir le pouvoir d’achat des ménages, la Cafo organise une marche dont le but était très flou.

D’ailleurs, cette marche puait à mille lieues la manipulation et l’orchestration. Ce qui ne grandit pas les organisatrices. Il y a lieu de s’interroger sur la motivation réelle de la Cafo et sur les raisons qui l’ont fait céder finalement sur un point que l’on croyait lui tenir à cœur : son indépendance et son apolitisme.

Pour garder son crédit, la Cafo devra, dans les jours à venir, organiser d’autres marches pour dénoncer cette fois-ci nos problèmes réels. En tout état de cause, après cette marche de soutien, la présidente de la Cafo convaincrait difficilement sur son indépendance et sa neutralité par rapport au pouvoir en place. En même temps, elle pose un fâcheux précédent qui marquera à jamais le Collectif des associations et organisations des femmes.

Alexis Kalambry

07 avril 2008.