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Hier, aux environ de 14 heures, les commerçants détaillants ou pas, qui exercent le long du boulevard qui traverse le grand marché de Bamako du côté de Dabanani, ont vécu des heures difficiles. En cette veille de fête de ramadan, un détachement du groupement mobile de la sécurité a été chargé de mettre fin à une pratique qui ne date pas d’aujourd’hui.

Il est de notoriété publique que la partie du boulevard qui traverse le grand marché a été transformée depuis belle lurette en annexe du marché par les commerçants détaillants. D’ordinaire, en cet endroit, les automobilistes subissent un véritable parcours du combattant pour se frayer un passage dans le labyrinthe créé par les commerçants. Ce phénomène préoccupant prend des dimensions inquiétantes, dans les dix derniers jours de toutes les fêtes importantes du pays.

A l’approche des fêtes, la grande majorité des jeunes de Bamako, diplômés ou sans diplôme, profite de la grande ferveur pour se transformer en commerçant occasionnel. “Je m’appelle Issiaka Samaké. Je suis titulaire d’une maîtrise de géographie que j’ai obtenue à la faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash).

Et comme depuis la fin de mes études, je n’arrive pas à avoir un emploi, j’ai décidé de venir me débrouiller au près de mes amis petits commerçants au grand marché de Bamako à la veille des fêtes pour me faire une petite santé financière, en vendant sur le trottoir des articles que nous prenons chez des grands boutiquiers. Mais, je vous assure que je ne suis pas seul dans ce cas”, nous a indiqué un jeune dont la marchandise a été saisie par la police. Selon lui, l’intervention de la police a été perçue par les commerçants comme une provocation.

Comme la plupart de ses collègues commerçants détaillants, il dira que leur pratique a de tout temps été tolérée en ces lieux. “Nous payons au quotidien la somme de 100 Fcfa, au moment où les autres détaillants payent 50 FCFA. Cet argent va dans la caisse du district de Bamako”, a-t-il indiqué. Avant d’exprimer sa surprise quant à cette intervention de la police qui se situe à la veille de la fête de Ramadan.

Mais, comme un certain nombre de commerçants qui se sont rapidement attroupés autour de nous au moment de notre passage sur les lieux de la bataille entre policiers et commerçants, Issiaka Samaké est convaincu que les policiers sont venus pour faire monter la pression afin que les commerçants à travers leurs associations et autres regroupements cotisent pour aller négocier afin qu’ils puissent vendre en paix pendant cette période où ils réalisent la grande partie de leur chiffre d’affaire annuel.

En tout cas, pour une fois, les commerçants qui ont senti une arnaque derrière cette intervention policière, ont opposé une résistance farouche. En bloc, ils se sont opposés au fait que les policiers saisissent leurs marchandises. Le premier contingent de policiers débordés, n’ont eu leur salut qu’en prenant leurs jambes à leur cou.

Et comme les policiers ne doivent jamais fuir, des renforts sont vite arrivés dans l’espoir de créer le surnombre. Bien que les commerçants ont libéré les trottoirs, les policiers qui tenaient coûte que coûte à laver l’affront ont utilisé le gaz lacrymogène. Tout portait à croire que les policiers voulaient se venger d’une population innocente.

Sans discernement et contre toute attente, des bouteilles de gaz lacrymogène ont été projetées dans tous les sens. Dans un secteur déjà encombré par les automobilistes et autres piétons, l’action des policiers a provoqué un désordre indescriptible qui tranche avec la mission première des services de police.

Assane Koné

26 Septembre 2008