La ville des 333 Saints a été choisie par les plus hautes autorités nationales pour abriter le Maouloud 2006. A l’occasion, des prières collectives ont été organisées sur la terre sainte pour non seulement renforcer l’unité de la Oumma Islamique et bannir toutes les actions qui ont tendance à saboter l’Islam ou porter un discrédit sur le Prophète Mohamed (PSL). A Tombouctou, il y a eu deux grandes prières collectives auxquelles ont participé des fidèles venus des quatre coins du monde et de l’intérieur du Mali.
La première dirigée par le Guide de la Révolution Libyenne s’est déroulée le 10 avril tandis que la seconde conduite à la fois par les imams des Mosquées de Sankoré et de Djingarey Ber fut organisée le 11 avril. Les chefs d’Etat du Sénégal, du Niger, de la Sierre Leone, de la Mauritanie ont répondu à l’appel du frère guide Mouhamar Kadhafi et du Président de la République Amadou Toumani Touré. L’ancien président du Nigeria pendant la transition démocratique Abdoulsalami Aboubakar a lui aussi pris part aux deux prières collectives. La cité mystérieuse a vibré quatre jours durant au rythme des bottes et des grosses cylindrés.
Une armada de sécurité mobilisée pour la circonstance, des milliers de véhicules, de chameaux, de chevaux et de personnes qui ont quasi doublé sinon triplé la population de Tombouctou estimée à environ 30 000 personnes. La ville Sainte a encore prouvé qu’elle est toujours entourée de mystères. Rien n’a presque manqué sauf que certains participants insistaient pour avoir la qualité qui n’est pas toujours garantie dans ce genre de rencontre. Les citoyens de la Cité mystérieuse n’ont vraiment pas changé leurs habitudes à l’occasion de cette fête exceptionnelle. La ville, aussi, est restée telle qu’elle est, n’eut été les portraits géants de Kadhafi dressés tout le long de la voie qui va de l’aéroport au gouvernorat où à l’entrée de la place de l’Indépendance.
Le pèlerinage
Au-delà de ces aspects protocolaires et officiels, le Maouloud à Tombouctou est une sorte de pèlerinage, sinon un pèlerinage. Les nuits symbolisant la naissance et le baptême du Prophète Mohamed (PSL) sont exceptionnelles dans la cité mystérieuse. Si vous n’avez pas eu l’occasion de les vivre, cherchez-en car aucun écrivain journaliste soit-il, ne pourra vous décrire la beauté et la richesse de ces nuits. N’en doutez pas, vous rencontrerez pendant ces nuits les mystères de Tombouctou, de sa race humaine, de son paysage, de sa culture, de ses érudits, bref de son célèbre « El Farouk« . Voilà des nuits où les principaux mots prononcés se résument à Allah et à son Prophète Mohamed (béni soit-il). De vingt une heure à l’aube, hommes et femmes, jeunes et vieux, enfants et adolescents sont libres pour aller se recueillir sur les tombeaux des différents saints entourant la ville, assister à la lecture du Coran à travers la cité, et faire sept fois ou autant que vous le voulez le tour de la grande mosquée Djingarey Ber tout en faisant des bénédictions et en demandant la grâce d’Allah et de son Prophète Mohamed (PSL). Le Maouloud à Tombouctou, c’est aussi un moment de communion, de pardon et d’assistance.
C’est une période que tous les natifs de Tombouctou ont presque choisi pour retourner au bercail afin d’assister à la plus grande fête de la ville sainte, mais aussi pour voir leurs parents et amis. En tout cas, l’organisation du Maouloud 2006 à Tombouctou a permis aux citoyens de la ville Sainte de comprendre qu’ils ont une richesse inexploitée. Si les autorités maliennes prennent elles-mêmes l’initiative de l’organisation, les retombés pourraient doubler dans les années à venir. Alors, le Maouloud est un patrimoine qui peut faire le bonheur des régions du Nord et particulièrement de Tombouctou.
Idrissa Maïga
18 avril 2006