Hier après midi, ils étaient quelques centaines de manifestants à protester à travers une marche contre l’arrivée au Mali du ministre français de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Les grands absents à cette marche ont été les députés de la région de Kayes qui avaient donné le ton en faisant des déclarations fracassantes les jours précédents.
Par contre, l’Association des expulsés maliens a réussi à faire adhérer à la manifestation plusieurs centaines de bamakois. Le ton a été donné à la Bourse du travail par les phrases qui étaient lisibles sur les banderoles déjà déployées.
On pouvait lire des slogans hostiles à la visite du ministre français au Mali « vous avez choisi votre immigration, nous choisissons aussi notre diatiguiya, Sarkozy dehors !« . « Sarkozy xénophobe, raciste n’est pas la bienvenue au Mali« , « Sarkozy au Mali = immigration subie« .
Alors que la marche devait commencer à 16 heures, des policiers aussi nombreux que les marcheurs avaient pris position devant la Bourse du travail dans le but d’empêcher la foule de s’ébranler vers l’Ambassade de France.
Alors des éléments de la police, sous la direction du commissaire du premier arrondissement, se sont érigés en un mur infranchissable devant le lieu de rassemblement.
Ne voyant pas d’issue pour la poursuite de la marche, la tension est montée chez les participants à la manifestation qui ont commencé à scander des slogans hostiles à la France et aux autorités maliennes considérées comme complices de la politique africaine de la France.
Plusieurs journalistes de la presse nationale et internationale étaient présents. Les organisateurs n’ont pas manqué de s’expliquer profitant de la présence du premier adjoint au maire. Selon ce dernier, la mairie a bel et bien reçu la déclaration.
Les responsables de la manifestation n’étaient pas d’accord et n’entendaient pas s’accommoder à la situation.
Des hommes politiques et autres défénseurs des droits de l’Homme étaient présents comme Djiguiba Kéïta dit PPR du Parena, Oumar Mariko de Sadi, Me M’Bam Diarra, ancienne présidente de l’AMDH, Mme Barry Aminata Touré de Jubilé 2000 – CAD- Mali ; Ousmane Diarra, président de l’association des expulsés maliens ; Amadou Tiéoulé Diarra, président de la ligue pour la justice, le développement et les droits e l’homme.
De vifs échanges s’engagent entre l’adjoint au maire, Oumar Mariko et le commissaire Traoré du 1er arrondissement. Répondant au maire qui soutenait n’avoir pas délivré une autorisation de marche, Oumar Mariko a indiqué qu’on n’est pas tenu d’avoir une autorisation : il suffit de déclarer la marche.
Mais tel n’était pas l’avis de la mairie et des forces de l’ordre. La tension montait d’un cran d’une minute à l’autre. Le commissaire finit par céder en laissant la marche se faire, mais en prenant soin de l’encadrer du début à la fin par les forces de sécurité.
La présence d’un homme politique de la trame de Djiguiba Kéïta PPR à cette manifestation a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les organisateurs. Il a pris une part active à cette marche en jouant un rôle d’organisateur le long de tout l’itinéraire. Son leitmotiv : « seule la lutte paye !« .
La foule s’est ébranlée de la Bourse du travail à la place de l’indépendance où une pose a été marquée avant de passer devant la Primature et le Ministère des finances. Une vieille femme qui a participé à toute la marche ne cessait de répéter à l’endroit de Sarkozy : « Il a fatigué nos enfants, alors qu’il reste chez eux tout simplement« .
La police avait pris soin de boucler hermétiquement la voie vers l’Ambassade de France et les manifestants se sont retrouvés bloqués devant le ministère de la communication et des nouvelles technologies.
L’absence des députés membres du collectif des députés de la région de Kayes a été ressentie comme une “honte” par les manifestants.
Ils auraient dû être présents à cette lutte qui est celle de tout le peuple, a-t-on dit. « Nous sommes du coté du peuple et nous estimons que cette marche est légitime« , selon PPR. Pour lui, « la venue de Sarkozy au Mali au moment où l’Assemblée française a adopté sa loi anti-immigration relève donc de la provocation« . Boukary Daou
18 mai 2006.