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Tiraillés entre les promesses non tenues, les travailleurs compressés du Mali durcissent le ton. Ils ont reporté, malgré eux, la marche pacifique qu’ils entendaient organiser hier. Mais l’occasion s’est presque transformée en un meeting.

«Ce matin, il ne devrait pas y avoir cet attroupement pour qu’on vous parle au micro. Nous n’avons pas annulé cette marche parce que nous avons peur des forces de l’ordre. Puisque nous sommes en négociation, nous avons décidé de ne pas marcher», a expliqué Cheik Oumar Sissoko, secrétaire général de l’association des compressés du Mali.

La foule qui l’écoutait était dense, composée essentiellement de gens dont le regard reflétait toute la misère que les privatisations ont introduite au Mali. Les murmures de désapprobation fusaient face à l’annulation de la marche. «Je ne reviendrai plus jamais. Chaque fois nous nous déplaçons pour rien, cela ne peut pas continuer», a déploré un vieux compressé.

Pour calmer les nerfs de ses interlocuteurs, Cheik Oumar dut s’expliquer davantage. «Le gouvernement nous demande de surseoir à la marche parce qu’il estime que nous sommes en négociation.

Dans le cadre de ces négociations, nous avons rencontré les autorités après l’annonce de la marche. Ils nous ont fait des propositions que nous avons rejetées. Nous aussi, nous leur avons fait des propositions. Ils nous ont ainsi demandé de les attendre jusqu’au jeudi prochain pour avoir leur réponse», a poursuivi le secrétaire général de l’association des compressés du Mali.

Les responsables de l’association soutiennent que ce n’est que partie remise. «Ils continueront à vivre dans ce pays, nous aussi nous allons continuer à y vivre. Si jamais leur réponse ne nous donne pas satisfaction, nous allons marcher le mardi prochain quoiqu’il arrive», a promis Cheik Oumar Sissoko.

Du côté du président de l’association, Ousmane Berthé, le ton est également dur. «Gare à celui qui essayera de nous barrer la route le mardi prochain. Cet argent finalement ne servira pas à grand-chose, car nous sommes endettés à tel point que nous sommes devenus des mendiants. Mais il faut rester mobilisés. Ne vous découragez pas surtout», a prêché M. Berthé.

Selon Amadou Keïta, également membre de l’association, le gouvernement s’adonne à la gabegie et ne manifeste pas la moindre volonté de résoudre leur problème. «C’est une question de volonté, sinon chaque ministre du gouvernement de Modibo gagne 600 000 F Cfa d’indemnité et le Premier ministre en gagne 700 000 FCfa. Ils ont pu trouver de l’argent pour cela, tandis que nous, nous continuons à souffrir», a-t-il dénoncé.

Soumaila T. Diarra

06 Aout 2008