Les Echos : pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous êtes devenu guide touristique ?
Mamadou Tomba Traoré : Merci de m’avoir offert cette opportunité. Je suis Mamadou Tomba Traoré, j’ai 33 ans et suis guide touristique depuis 13 ans. Je vis à Mopti. Je suis venu dans ce métier comme tous les guides de mon pays, c’est-à-dire par amour. J’ai réellement aimé ce métier qui, d’ailleurs, offre beaucoup d’opportunités.
Les Echos : Est-ce à dire que vous n’avez pas été à l’école ?
M. T. T. : J’ai effectivement été à l’école. Mais j’ai abandonné les études au niveau du bac parce que je ne pouvais plus concilier école et pratique du métier de guide que je pratiquais uniquement pendant les vacances au début. Mais il a fini par prendre tout mon temps, parce que j’étais sollicité à tout moment par des touristes, qui appréciaient mon travail. Et c’est ainsi que je gagnais ma vie.
Les Echos : Regrettez-vous aujourd’hui d’avoir abandonné les études ?
M. T. T. : La réponse est à la fois oui et non. Oui parce que je pouvais être un cadre aujourd’hui superbement assis dans un bureau avec tous les avantages. Non parce qu’aujourd’hui je suis très respecté dans le milieu, que ce soit avec les agences de voyage ou les touristes eux-mêmes, je n’ai pas de problèmes. Je n’envie pas ceux qui ont pu terminer leurs études. Dieu merci, je vis bien ma vie.
Les Echos : Comment fait-on pour être guide ?
M. T. T. : Autrefois, n’importe qui pouvait s’autoproclamer guide. Il suffisait de connaître certains sites et pouvoir s’exprimer ou se faire comprendre dans certaines langues comme le français, l’allemand ou l’anglais pour se lancer dans la filière. Mais depuis l’arrivée de l’actuel ministre de l’Artisanat et du Tourisme des efforts sont entrepris pour assainir le secteur. Le ministère a même rassemblé les guides en organisant des formations. Des cartes seront disponibles bientôt pour des guides qui ont accepté de subir le test de recrutement. Je pense qu’après, il ne sera plus aussi facile d’être guide.
Les Echos : Quelles sont, selon vous, les qualités d’un guide ?
M. T. T. : Un guide touristique doit avoir une bonne capacité d’écoute, il doit connaître les sites, savoir les interpréter ou les expliquer. Il doit être coopératif, c’est-à-dire pouvoir multiplier les contacts avec les antiquaires, les agences de voyage… Le bon guide est celui qui est polyglotte, qui a un bon comportement. Le guide est l’image du pays pour les touristes.
Les Echos : Parlez-vous combien de langues ?
M. T. T. : Je parle correctement trois langues internationales (français, anglais, portugais) plus quelques langues nationales (peul, bambara, sonrhaï et un peu le dogon).
Les Echos : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
M. T. T : Il faut que le département continue le travail qu’il vient de commencer. Lorsqu’il parviendra à assainir le secteur en le débarrassant des mauvaises graines, nous qui avons accepté de faire honnêtement ce travail, serions épanouis. Sans quoi jusqu’à présent il y a parmi nous des jeunes sans scrupule, qui ternissent l’image du pays et souillent le métier de guide.
Propos recueillis, à Mopti, par
Idrissa Sako
24 août 2005