« Je suis à dix-huit mois de fonction de PDG. Pas de solution de la part des actionnaires, pas de moyens financiers. Il m’est arrivé de me tourner vers le ministre de l’Economie et des Finances, qui n’est pas arrivé à me lever des fonds ». Voilà en substance, les propos du PDG de la BHM qui décrivent le besoin urgent de liquidité pour sa Banque.
Mamadou Baba Sylla a mis en exergue les énormes sacrifices qu’il a consentis jusque-là pour maintenir la BHM en vie. Il a, selon lui, réduit le train de vie de la banque économisant 700 millions de F CFA. La BHM est de nos jours à 8 milliards de F CFA de recouvrement et le taux de garantie, qui était de 23 milliards, a été porté à 80 milliards.
A son arrivée aux affaires, il a selon lui, évité de faire payer en doublon par la Banque la somme d’un milliard de F CFA à une société chinoise de la place pour le compte d’un opérateur économique alors qu’il ne devait que 500 millions de F CFA. Il a en plus rapatrié 300 millions de F CFA perdus quelque part au Congo-Brazza et qui étaient censés partis en pertes et profits.
Depuis près de deux ans, la Banque court derrière le fonds « FMO » de 4 milliards de F CFA, débloqués par un organisme néerlandais. Il fallait l’aval du ministre de l’Economie et des Finances pour mettre la main sur le pactole, qui n’est jamais tombé, a-t-il indiqué. Selon lui, « l’institution ne peut pas attendre et court le risque de s’arrêter à tout moment sans ressources ».
Optimisme
Le risque pour le PDG demeure toujours grand. A l’en croire, la BHM a en dépôts 43 milliards de F C FA avec 16 milliards de F CFA appartenant aux banques de l’extérieur. « Si la Banque s’arrête, ça fera 60 milliards de F CFA de crédit interne et externe qu’on sera obligé de payer », a-t-il signalé.
Dans la recherche de solutions pérennes, M. Sylla a affirmé avoir eu vent de l’existence de la Rapeco, une société de droit italien. Selon lui, il a envoyé au préalable, sur place en Italie, un cadre de la Banque pour prospecter le terrain. Son émissaire a certifié que l’opération serait fructueuse pour la BHM. Mieux, a-t-il ajouté, les 26 milliards, représentant le montant du prêt sont donnés sur 12 ans avec un an de différé à un taux de 3 %. Un intérêt qu’il juge intéressant en ce sens que le taux généralement admis est de 9 %.
Toujours selon M. Sylla, l’accord-cadre qui a pour banque de transaction la Deutsch Bank de Rome a été signé avec une société de droit italien (la Rapeco) et non la personne de Modibo Kane Kida, son PDG. « M. Kida n’est pas à 187 millions ou à 200 millions de F CFA près », a-t-il jugé. Pour attester de la moralité de l’opération, le PDG a souligné que « le BCL », qui est une sorte de renseignements généraux sur la moralité d’un partenaire financier, a approuvé la justesse de l’accord.
Les conclusions du conseil d’administration de jeudi constituent pour le PDG, un début d’application de l’accord-cadre. Il reste, selon lui, à envoyer les blocs de créances et les 44 traites pour la finalisation du contrat. « On va continuer dans la prudence. Au bout du compte il y aura des résultats », a-t-il laissé entendre.
Abdrahamane Dicko
Conseil d’administration de la bhm : L’emprunt de 26 milliards avec Rapeco autorisé
Tout en autorisant la poursuite de l’accord-cadre entre la BHM et la Deutsch Bank de Rome par l’intermédiaire de la Rapeco, le conseil d’administration extraordinaire de la Banque de jeudi dernier n’a pas manqué de tancer le PDG même tacitement reconduit dans ses fonctions.
Les administrateurs de la Banque de l’habitat du Mali (BHM) se sont réunis jeudi dernier dans les locaux de la Banque pour examiner l’accord-cadre de partenariat qui les lie à la Rapeco et la Deutsch Bank de Rome à propos de l’emprunt de 26 milliards de F CFA. Le conseil d’administration a donné son aval pour la poursuite de l’opération. Une commission ad hoc a été créée.
Le conseil d’administration extraordinaire de la BHM convoqué par l’Etat malien, l’actionnaire majoritaire, avait comme seul point à son ordre du jour, l’examen de l’accord-cadre de partenariat signé entre la Rapeco et la BHM avec la Deutsch Bank de Rome comme banque de transaction pour un montant de 26 milliards de F CFA.
Les administrateurs ont étudié les différents scénarios pouvant découler de la résiliation unilatérale de l’accord ou même de la continuation de la transaction. L’option finale a été de poursuivre l’exécution du contrat. Cette décision est assortie d’une recommandation relative à la mise en place d’un comité ad hoc d’administrateurs dont est membre le PDG. Le comité a pour mandat de suivre le processus avec comme objectif de sécuriser les intérêts de la BHM.
Selon le communiqué de presse issu de la rencontre, les administrateurs ont tout d’abord écouté le PDG de la BHM sur les raisons et l’objet de l’accord-cadre de partenariat. Le conseil a pris connaissance de son contenu et du transfert de 187 603 702 F CFA à la Deutsch Bank de Rome. Ce montant se trouve dans un compte indisponible pour des fins de transaction.
Le conseil a reconnu « les attributions statutaires et réglementaires » du PDG, mais a toutefois déploré le fait qu’il n’avait pas donné son accord au préalable. Cette réaction relève d’une mesure de sécurité pour le PDG lui-même que pour la BHM eu égard à sa difficile situation de trésorerie et surtout du montant élevé de la transaction.
Abdrahamane Dicko
19 juin 2006