Les téléspectateurs ont été également déçus de la prestation de leur équipe nationale et des errements de l’arbitrage. Et, ils l’ont fait savoir dès la 90è minute du jeu lorsque l’attaquant togolais Mama Chérif inscrivit le 2è but de son équipe synonyme de victoire. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ; tout de suite la patience du public sportif s’est transformée en colère : conséquence, la pelouse du Stade du 26 Mars fut envahie par une foule déchaînée qui jetait des projectiles.
Les forces de l’ordre qui assuraient le maintien ont répondu en tirant des grenades lacrymogènes sur les gradins pour disperser les manifestants. Des manifestations se sont poursuivies alors dans les rues de Bamako où il y a eu des pillages çà et là, des feux et panneaux de siganlisation ont été cassés, des pneus brûlés, etc. On annonce des arrestations. C’est la République qui a tremblé. Dans les garnisons, on donna l’alerte, des sirènes ont retenti, un regroupement de toutes les forces de l’ordre fut convoqué d’urgence.
A l’Etat-major de la garde nationale à N’Tomikorobougou, un rassemblement s’est tenu d’urgence autour du chef d’Etat-major où des consignes fermes auraient été données. Ordre aurait été donné aux militaires de disperser toutes les manifestations de rue ; de dégager les voies des troncs d’arbres, des pneus calcinés… C’est ainsi qu’aux environs de 23 heures à N’Tomikorobougou où il y a la maison du ministre des Sports, des rues occupées ont été dégagées ; on a aperçu également dans la nuit du 27 mars des groupes de militaires sur l’Avenue Kassé Kéïta ramassant des tas d’ordures.
L’ARBITRAGE A CASSE LE MATCH
On le sait et il est vrai les Togolais ne sont pas venus en victimes résignées, ils ont joué sans complexe avec l’aide du trio-arbitral Ghanéen Agbenyega, Agbeko, Justice au centre, assistés de leurs compatriotes Annand Lomotey Archinold et Djormoah Nicholas à la touche. Peuvent-ils faire autrement quand on sait que le Togo est le voisin direct du Ghana ? Quel a été le rôle de Amadou Diakité, ancien président de la FMF aujourd’hui président de la Commission des arbitrages à la CAF ?
Le climat avant le match a également contribué à amplifier la violence après la défaite. Avant la rencontre, le climat se caractérisait par l’union sacrée autour des Aigles. Le ministre des Sports M. Moussa Balla Diakité n’a-t-il pas ordonné aux journalistes sportifs de cesser toute critique avant le match ? Un seul mot était sur toutes les lèvres : la victoire. Tout autre résultat compromettait les chances de l’équipe nationale. Le public sportif malien doit plutôt s’en prendre à leurs joueurs pour leur manque de vivacité, de combativité face aux Togolais.
Tout ce que nos joueurs ont demandé a été accepté : un nouvel entraîneur de haut niveau a été recruté en la personne de Pierre Lechantre avec un salaire brut de plus de 13 millions de FCFA par mois dont la moitié a été payée par le nouvel équipementier de l’équipe nationale, le compatriote Malamine Koné et sa marque Airness, signataire d’un contrat avec la Fédération Malienne de Foot et le Ministère des Sports.
Les primes des joueurs ont été aussi majorées. Pour quel résultat ? Les Eperviers ont battu les Aigles à plate-couture à domicile 2-1. La rencontre Mali-Togo du dimanche 27 mars comptant pour la 6è journée des éliminatoires de la CAN 2006 et de la Coupe du Monde de la même année se caractérisait également par le retour des frondeurs au sein de la formation du Mali comme Mamadou Bagayoko de Nantes qui a boudé la sélection nationale durant toute la phase aller des éliminatoires.
Leur retour n’a rien servi puisque le Mali a été battu une fois de plus. Et les Aigles entament la phase retour des éliminatoires par une défaite. Après six journées disputées, les nôtres sont toujours derniers de leur poule avec seulement deux points au compteur suivis du Libéria, du Congo Brazza tandis que les trois autres pays à savoir le Togo, la Zambie et le Sénégal ont chacun treize points.
Le calendrier des autres rencontres comptant pour la phase retour prévoit Mali-Libéria à Bamako le 5 juin ; le 18 juin, soit deux semaines après, la Zambie recevra le Mali à Lusaka; l’équipe du Congo Brazza viendra à Bamako en septembre et enfin nous terminerons la phase retour des éliminatoires de la CAN 2006 et de la Coupe du Monde de la même année à Dakar contre les Lions du Sénégal le 9 octobre 2005.
Les Aigles du Mali pourront-ils renverser la vapeur en leur faveur en se qualifiant au moins pour la phase finale de la CAN 2006 en Egypte, à défaut de le faire pour la Coupe du Monde ?
En attendant, c’est la République qui a tremblé le dimanche suite à des troubles.
Daba Balla KEITA
29 Mars 2005