En ouvrant le score à la 12è minute sur un bolide de Soumaïla Coulibaly, les Aigles avaient donné au public l’espoir d’un festival offensif comme le Sénégal la veille face aux Leone Stars du Liberia (6-1). Mais, ce but matinal n’a pas eu l’effet escompté car les poulains de Lechantre se sont effacés au fil des minutes laissant l’initiative du jeu aux Togolais.
Jusqu’à la pause, ils n’ont pu se créer une action dangereuse pour espérer saler l’addition. Bien au contraire, le portier Tangara a été souvent contraint à des prouesses pour empêcher la remise des pendules à l’heure. Nullement soucieux de leur statut de visiteurs, Adebayor et compagnie ont facilement résisté aux timides et incohérents assauts des Aigles pour placer des contres.
Pendant cette première période, le public a retenu son souffle parce que l’équipe malienne n’était pas à l’abri d’un retour de manivelle. On avait encore en mémoire le dernier match à Bamako contre les Lions de la Teranga (Sénégal). Surtout que le jeu des Maliens manquait d’assurance en défense, de cohésion au milieu et d’efficacité à l’attaque. Des joueurs comme Thiam, Police, Momo voire Freddie n’étaient pas visiblement dans le coup. Mal à l’aise, ils étaient plus volontaires qu’efficaces.
Comme la majorité des joueurs, ils manquaient surtout de fraîcheur physique et de leur traditionnelle vivacité. A l’image d’une défense lente et toujours en retard dans le marquage. Le souci venait surtout de Police, Sammy et Thiam qui avaient toujours des problèmes de placement dans l’axe. Seuls Fousseyni Tangara et Cédric Kanté assez présents et sereins dans les duels. Heureusement, la grande solidarité entre les joueurs a retardé l’échéance de l’humiliation jusqu’à la pause.
A la reprise, la rentrée de Djibril Sidibé a permis de stabiliser un peu le milieu. Suppléé dans la récupération, Djilla était relativement libéré de sa tâche défensive et pouvait apporter plus de tonus au jeu offensif. Mais, toujours est-il que les Maliens ne parvenaient pas à imposer leur jeu à cause de mauvaises passes multipliant ainsi les pertes de balle. Des maladresses qui ont profité à nos adversaires en leur permettant de s’imposer comme à l’aller il y a quelques mois à Lomé.
Les Eperviers ont surtout profité du mauvais placement de l’axe, surtout de Thiam et Police, pour battre le portier Fousseyni Tangara. Trop de déchets, moins de cohérence, de sérénité et moins d’automatisme ! Voilà les lacunes qui expliquent peut-être cette défaite. On sentait que les joueurs n’avaient pas évolué ensemble depuis la Can 2004. L’enjeu n’était pas non plus de nature à faciliter la tâche à des joueurs physiquement éprouvés avant même la pause. Il est vrai que la chaleur et la pression étaient presque insupportables. Mais, le classement de Lechantre comportait trop de risques.
Des défaillances individuelles et collectives
A l’attaque, par exemple, Mamadou Bagayogo et Frédéric Kanouté ne sont jamais parvenus à se compléter pour pousser la défense adverse à la faute. Ils ont surtout multiplié les déviations qui ont profité à leurs adversaires puisqu’il n’y avait personne à la pointe de l’attaque pour les exploiter judicieusement.
La rentrée de Mamadou Diallo à la place du premier nommé a permis à Kanouté d’être un peu plus percutant, mais pas décisif. Et si Henri Stambouli avait raison de penser qu’il était moins judicieux de faire évoluer ensemble Bagayogo et Freddie ?
L’attaque aurait été plus incisive si nous avions joué avec un seul attaquant de pointe, Frédéric Kanouté en l’occurrence, appuyé à gauche par Soumaïla Coulibaly ou Mad Diallo et à droite par Mamadou Bagayogo ou Seydou Kéita.
Au milieu aussi, Momo, Seydoublen et Soumy se sont énormément gênés dans la construction du jeu. Ils étaient souvent amenés à se disputer la balle permettant aux défenseurs togolais de se replacer. Finalement, le Mali a concédé sa première défaite à domicile depuis le début des éliminatoires combinés de la Can et du Mondial 2006.
Adieu les Pyramides
Cette défaite est synonyme d’adieu à la phase finale de la Can « Egypte 2006 ». Après les rencontres du week-end dernier, le Sénégal, la Zambie et le Togo ont tous 13 points.
Même si le Mali gagne ces quatre dernières rencontres (plus qu’improbable avec ce visage des Aigles), il ne pourra collecter que 14 points. Il faut donc que ces trois leaders du groupe perdent tous les matches qui leur restent et que le Mali gagne tous les siens pour que les Aigles puissent garder une chance de se qualifier.
Mais, il faut être lucide et reconnaître que cela révèle de l’utopie. Il faut avoir perdu la raison pour miser encore sur une qualification des Aigles à la phase de cette Can. Ce que le public doit attendre d’eux, c’est d’éviter de terminer à la queue de leur groupe. Ils doivent tout faire pour nous éviter cette ultime humiliation.
Déjà, il faut s’attendre à des sanctions de la CAF et de la FIFA puisque, après le second but togolais dans les arrêts de jeu, des supporters désabusés ont envahi la pelouse pour manifester leur désarroi.
Moussa Bolly
30 Mars 2005