Le thermomètre bat des records au Mali ces dernières semaines. La canicule se propage dans tous ses états.
La chaleur expédie les personnes âgées à l’hôpital, fait bouillir le sang des usagers de la route et d’une partie du personnel aérien.
La semaine dernière, le centre de Bamako était à la limite de l’explosion. Suite à la mort malheureuse d’un des leurs par la police, les conducteurs de « Sotrama » s’en sont pris à leurs collègues qui continuaient leur activité.
Ainsi, les habitants piégés devaient regagner leurs domiciles à pieds. C’est à travers ce type d’incident que l’on mesure la capacité des autorités à assurer un service minimum. Réaction nulle !
A l’avenir, il s’agit de mobiliser le parc automobile de l’État pour faciliter le retour des travailleurs chez eux.
Nombreux étaient ces personnes âgées, ces enfants assis en larmes sur les bords du pont roi Fadh pensant au chemin à parcourir. Le lendemain, plusieurs services étaient fermés dans la matinée. Ne faudrait-il pas évaluer l’impact économique de cette sortie des transporteurs ?
Cette démonstration n’est pas la seule à peser sur l’économie bamakoise ces temps-ci. Parlons aussi de ces embouteillages monstres qui découragent plus d’un à se rendre dans les lieux de commerce, de loisirs. Pis !
Les nerfs des automobilistes s’échauffent très vite après de longues minutes de bouchons. La loi du plus fort devient la règle et ils en viennent aux mains.
Il est vrai que les agents de sécurité font des efforts considérables pour rendre la circulation fluide, mais d’autres dispositions plus énergiques s’imposent comme la mise en place de bus faisant la navette entre les principales zones d’affluence de la capitale.
La construction d’une ceinture, l’interdiction des pousse-pousse et des charrettes, la sensibilisation et les sanctions contre les automobilistes indélicats sont nécessaires pour réduire le nombre d’accidents et désengorger les ruelles.
Je suis resté bloqué dans les bouchons durant 3 h le jour de l’arrivée du nouveau chef de l’exécutif guinéen, Sékouba Konaté. Conséquence, j’ai manqué tous mes rendez-vous au Salon de l’habitat de Bamako.
Si les routes ne sont pas coupées pour accueillir en grande pompe nos invités de marque, je pense qu’ils le comprendront bien en cette période de grands travaux. Tenez, comme beaucoup de nos concitoyens, je m’attendais à voir nos hôtes guinéens aux côtés de nos autorités à Tombouctou pour rendre hommage aux victimes de la bousculade du Maouloud.
Plus de 26 personnes sont mortes. L’administration locale affirme qu’elle résulte d’un mouvement de masse dans une zone en construction, à côté de la mosquée Djingareïber. Mais avaient-elles pris la peine d’avertir les populations ? Avaient-elles mobilisé suffisamment d’agents pour sécuriser les lieux ?
Ici, rien n’est bien grave. Il faut toujours s’en remettre à Dieu, or quand des incidents malheureux adviennent, il faut situer les responsabilités. Sinon d’autres négligences entraîneront d’autres catastrophes. Avez-vous vu la couverture qu’a faite l’ORTM de la tragédie de Tombouctou ?
En aucun moment, la chaîne de télévision nationale n’a donné la parole aux victimes, aux témoins. Ne parlons même pas de l’enquête journalistique. Aucune question pertinente n’a été posée aux responsables en charge de l’organisation et de la sécurisation de cet événement. On a l’impression que la rédaction a juste envoyé un cameraman et son perchiste.
Plus que jamais, cette nécessité de créer des chaînes de télévisions privées s’impose pour qu’afin l’actualité soit traitée d’un autre point de vue. Ça permettra également aux populations d’avoir accès plus rapidement aux informations. Le vendredi 26 février à midi, la grande majorité des Maliens ignoraient ce qui s’était produit dans la nuit, car ne disposant pas de chaînes de TV internationales comme Africa 24, France 24.
Je trouve le climat social de plus en plus tendu. Il ne tient qu’à nous pour remettre ce pays sur les rails. Pour un développement durable, nous devons construire une société dont la racine est l’intérêt public, la rigueur, l’honnêteté professionnelle, la solidarité et la justice sociale.
Birama Konaré
01 Mars 2010.