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Les lampadaires géants qui illuminent les grandes artères de la capitale se sont éteints à bien des endroits. Or, ils représentent un maillon essentiel de sécurité urbaine.

La route nationale Bamako-Koulikoro, qui traverse les Communes I et II à partir du rond-point de l’hôpital Gabriel Touré, est l’une des voies les plus fréquentées de la capitale pendant la nuit. Elle dessert plusieurs restaurants huppés et night-club.


Cette artère grouille de monde à certains endroits, mais reste dans le noir aujourd’hui. Bien avant le délestage chronique que nous connaissons depuis des mois maintenant. Installé à moins de 5 mètres de haut et souvent sur façade, selon l’esthétique de la lanterne ou candélabre, il permet d’illuminer l’espace, principalement le long de la voirie et sur les places publiques afin de se repérer dans l’espace, se mouvoir ou encore sécuriser les personnes et les biens pendant les heures où la lumière naturelle du jour est absente ou insuffisante.


Il constitue un véritable enjeu environnemental, économique, de sécurité et d’embellissement du cadre de vie. Il apporte avant tout un certain confort aux usagers qui se déplacent la nuit. Mieux éclairées, les rues et les routes sont plus faciles à appréhender. L’orientation est plus aisée et cela rassure le passant. La sécurité est aussi un point essentiel.

Pour les habitants de la ville aux Trois caïmans, ceci est un lointain souvenir. Mahamadou Cissé est un habitant du quartier de Titibougou en Commune I. Il travaille la nuit dans une usine de la place sise à la zone industrielle. Il n’emprunte les routes allant de chez lui à son lieu de travail que la nuit à partir de 8 heures du soir. Presque tous les jours, l’ouvrier industriel assiste à des cas d’accident de la route sur son trajet. La plupart de ces accidents, souvent mortels, sont liés à l’absence de lumière sur les voies.

Ces propos sont corroborés par Lamine Traoré, un chauffeur de taxi basé à l’aéroport international président Modibo Keïta de Sénou. Il explique le danger que courent lui et ses collègues, en transportant tous les soirs des passagers venus de l’extérieur vers différents quartiers de Bamako. À cause de l’obscurité sur de longues distances à travers la ville, beaucoup de passagers nous expriment leur peur pour leur sécurité, rapporte le taximan.

ROULER DANS LE NOIR-Au-delà de cette inquiétude, les chauffeurs sont souvent obligés d’installer des phares très brillant sur leurs véhicules, contrairement aux normes recommandées au risque d’éblouir d’autres conducteurs venants dans le sens inverse. Ce qui est facteur aggravant des cas d’accident. «Mais, avons-nous le choix ?» s’interroge notre interlocuteur.


«Car, si nous n’adoptons pas ces mesures de résilience pour exercer notre métier, nous nous exposons aussi à des risques d’accident tous les jours, à cause de l’absence d’éclairage sur les voies publiques». Idem pour les chauffeurs de camions de transports de marchandises qui ne sont autorisés qu’à rouler la nuit. Il n’est pas rare de voir ces gros porteurs encastrés dans les terre-pleins séparant les voies, les poteaux électriques et même les supports de ces lampadaires servant à l’éclairage.

L’inimaginable, selon Amadou Simpara, un habitant du quartier de Koulouba, c’est l’absence de lumière sur la voie tortueuse qui mène à son quartier en passant par le Parc national de Bamako et le Jardin zoologique. Chaque soir, quand il quitte son travail à Bamako, il roule dans le noir jusqu’à son domicile. Cette situation est devenue très inconfortable pour lui. À l’instar de ces nombreux usagers, quasiment tous les habitants de Bamako sont dépités face à ce problème.

C’est dans ce contexte que nous avons approché la Direction de la régulation de la circulation et des transports urbains (DRCTU), un service technique de la mairie du District, chargé de faire le suivi technique de la mise œuvre de la Convention de gestion des installations d’éclairage public au compte de la collectivité. Cette Convention entre la mairie du District et EDM-SA enjoint à cette dernière, d’assurer la fourniture d’électricité, l’entretien des installations et la mise en place des projets d’extension. La DRCTU a pour rôle de constater les disfonctionnements et les anomalies pour y remédier, confie un de ses responsables.

Malheureusement, ce sont des problèmes de disponibilité de pièces de rechange pour les cas de panne ou de vétusté des installations qui expliquent la situation actuelle. À cela, s’ajoutent les difficultés structurelles que connait la société aujourd’hui, rendant la maintenance du réseau inefficace.

Cependant, il existe un réseau qui fonctionne au solaire. Mais ce parc est insignifiant dans l’ensemble du système qui est conventionnelle, c’est-à-dire fonctionnant avec l’électricité fournie par EDM-SA. Au regard de toutes ces contraintes, nous sommes encore loin du bout tunnel, peut-on s’en convaincre. En attendant, les usagers prennent leur mal en patience.

Cheick Amadou DIA

Source: L’Essor