La Côte d’Ivoire, pays de destination de la diaspora malienne, est également la première destination des appels sortants du Mali. Face à cette situation de dépendance mutuelle, une coopération s’impose. C’est ainsi qu’après l’interconnexion du réseau électrique il y a quelques mois, le vendredi 24 octobre 2008 à Zégoua c’était celle de la fibre optique dont la cérémonie d’inauguration fut présidée par Mme Diarra Mariam Flatié Diallo, ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies et son homologue ivoirien Ahmed Bakayoko.
A cette cérémonie, on notait la présence de grandes personnalités dont entre autres le Directeur Général de Orange Mali, Alioune N’Diaye, le Président Directeur Général de la SOTELMA, Lassana N’Diaye, le Gouverneur de la région de Sikasso Mamadou Issa Tapo, le Directeur Général de Côte d’Ivoire Télécom. Zégoua est une localité située à l’extrême sud du Mali à la lisière entre le Mali et la Côte d’Ivoire, c’est en face de la cour d’une installation Malitel que s’est déroulée la cérémonie sous les sons de la musique du terroir, le Balafon et de nombreux habitants étaient en liesse.
La fibre optique, un ballon d’oxygène
Après l’intervention de bienvenue du maire de Zégoua, le gouverneur de la région de Sikasso Mamadou Issa Tapo a souligné que le 24 octobre est un grand jour pour le Mali et la Côte d’Ivoire. L’interconnexion de la fibre optique entre les deux pays sera donc un ballon d’oxygène de part et d’autre de la frontière.
Le gouverneur demanda ensuite aux populations de protéger l’infrastructure de communication. Pour le Directeur Général de Côte d’Ivoire Télécom, l’idée de la construction d’un réseau de fibre optique est à l’actif des opérateurs historiques des télécommunications du Mali et de la Côte d’Ivoire. A ceux-ci, se sont ajoutés les autres opérateurs.
La distance sur laquelle s’étale la fibre optique d’Abidjan à Zégoua est de 700 km. Cet équipement de communication a coûté environ 15 milliards de F CFA pour les deux pays, et sera un partenariat de gagnant-gagnant, a ajouté le Directeur de Côte d’Ivoire Télécom.
Le développement passe par des infrastructures de communication
Ahmed Bakayogo, ministre des Nouvelles Technologies, de l’Information et de la Communication de la Côte d’Ivoire, dans son allocution, s’est dit d’abord émerveillé par l’accueil de la population, avant de poursuivre que l’Afrique n’a pas participé à la grande révolution industrielle du 19ème siècle, de ce fait, elle court derrière la technologie.
Pour l’acquisition de cette technologie, la coopération devient une nécessité. C’est pour cette raison que le ministre ivoirien a félicité les opérateurs téléphoniques pour leur rapprochement.
La libre circulation, une réalité
La ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo a souligné que la circulation des personnes et des biens est devenue une réalité dans l’espace commun. Aujourd’hui, l’intégration n’est plus un rêve pour les populations qui en mesurent déjà les effets positifs dans leur vie de tous les jours et dans leurs activités économiques.
Mais cette intégration tant souhaitée ne sera effective que si elle s’accompagne d’un développement des infrastructures de communication et de transport. Selon la ministre, l’interconnexion de la fibre optique qui relie les deux pays revêt une importance stratégique pour les opérateurs des télécommunications et cela au-delà des deux Etats.
Elle désenclave fortement le Mali et rapproche les deux populations en mettant à leur disposition des supports diversifiés de communication. Elle revêt également un impact économique et social indéniable pour les populations et participe de façon entière à l’intégration des deux pays.
Diversification pour les opérateurs maliens
La ministre a en outre évoqué que les opérateurs des télécommunications du Mali pourront désormais tirer de la position de la Côte d’Ivoire pour diversifier leur accès au réseau mondial. Par ailleurs, de nouvelles opportunités de développement économique et social seront ainsi offertes aux populations des localités situées le long du tracé de la fibre à travers l’accès facile aux différents services des télécommunications. La sécurité et la libre circulation des personnes et des biens dans la sous-région sera donc définitivement renforcée à travers la boucle Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali.
En offrant des alternatives de connexion aux câbles transatlantiques, les opérateurs donnent de nouvelles perspectives aux deux pays sur les chantiers du désenclavement intérieur et extérieur, du développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de la sécurisation des liens internationaux avec la possibilité offerte aux divers intervenants de se sécourir mutuellement, a-t-elle poursuivi.
Le coût
S’agissant du coût global pour les opérateurs maliens, il s’élève à près de 10 milliards de F CFA, soit 5 846 000 000 pour la SOTELMA et 3 560 000 000 pour Orange Mali. Mme la ministre a par la suite lancé un appel aux opérateurs pour le bon fonctionnement des infrastructures qui sont de véritables outils d’intégration.
En guise de remerciements, les deux ministres ont remis chacun un million de F CFA aux populations de Zégoua. Les interventions furent suivies par l’inauguration officielle des installations de SOTELMA-Mali, une visite du site de l’interconnexion et ensuite l’inauguration des installations d’Orange Mali par les deux ministres.
La multiplication des capacités
Le Directeur Général d’Orange Mali Alioune N’Diaye, lors d’une intervention, nous a fait savoir que l’interconnexion de la fibre optique permettra de multiplier les capacités aussi par téléphone qu’en internet haut débit, aujourd’hui, on a des capacités suffisantes pour offrir l’internet haut débit et les tous nouveaux services de télé-enseignement, télémédecine, etc.
Cette interconnexion sécurise les sorties du Mali vers les câbles transatlantiques sous marines qui vont vers l’Europe, l’Amérique du Nord, nous avons maintenant plusieurs sorties sur plusieurs pays avec les fibres de la SOTELMA et d’Orange Mali qui peuvent aussi se secourir mutuellement. La probabilité de perdre le réseau pour les clients du Mali deviendra de plus en plus faible.
Le projet initie depuis 2001
Le Président Directeur Général de la SOTELMA Lassana N’Diaye, dans un entretien, a précisé que le projet a été initié depuis 2001 avec le concours de la BOAD et c’est en 2004 que les travaux ont démarré pour prendre fin en 2005. Ce projet est un projet sous-régional et permettra de sécuriser notre réseau surtout la transmission internationale à partir de la Côte d’Ivoire. Et pour la SOTELMA, ça permettra de mieux servir les clients via l’internet haut débit et de viabiliser le réseau.
Mamoutou DIALLO (Stagiaire)
28 Octobre 2008