Mardi dernier, s’est ouvert à Sikasso dans les locaux de l’hôtel Maissa, l’atelier « Sécurité, développement et activités transfrontalières dans les régions du Mali et du Burkina Faso limitrophes de la Côte d’Ivoire ».
Il est co-organisé par le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, le Partenariat pour le développement municipal et le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE et a enregistré la participation de Moumouni Fabré, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation du Burkina et le général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales du Mali, qui a procédé à l’ouverture des travaux.
La rencontre de Sikasso, selon les intervenants à la séance d’ouverture et ses initiateurs, doit enclencher un processus transfrontalier de dialogue et d’action entre les régions de Sikasso et de Bobo-Dioulasso.
Elle pourrait contribuer à valoriser l’important potentiel transfrontalier de la zone et démarrer un cercle vertueux capable de limiter la propagation de l’instabilité liée, entre autres, à la crise ivoirienne.
Mais encore et surtout, il s’agit de lancer le Programme d’initiatives transfrontalières (PIT) et donc d’engager un échange entre acteurs locaux transfrontaliers, représentants institutionnels, experts et bailleurs de fonds pour déboucher sur des propositions concrètes d’actions ou de projets communs au sein de l’espace frontalier ; la mise en place d’un cadre transfrontalier de concertation permettant d’une part de suivre et d’appuyer la finalisation et/ou la mise en œuvre des projets identifiés et, d’autre part, de développer le dialogue sur les sujets d’intérêt transfrontaliers, en particulier la sécurité et la libre circulation, l’intégration économique et l’aménagement du territoire, enfin les coopérations socioculturelles.
Acte fondateur du PIT
Sikasso marque donc l’acte 1 du Programme d’initiatives transfrontalières (PIT) de la Cédéao. Le PIT est la traduction opérationnelle du récent mémorandum de la Cédéao sur les « pays frontière ».
Ce dernier prévoit, d’une part, de doter la sous-région d’une base juridique – traité, convention ou accord cadre communautaire – destinée à faciliter la coopération transfrontalière entre collectivités et/ou autorités locales/régionales et, d‘autre part, d’encourager plusieurs « expériences pilotes ».
Ce programme prévoit de s’appuyer sur les collaborations transfrontalières existantes ou potentielles, pour systématiser, au terme d’une phase de lancement (2006-2008), la coopération transfrontalière en Afrique de l’Ouest.
La multiplication de projets transfrontaliers devrait être l’un des moteurs de la mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique UE-Cédéao.
Cet accord et le PIT ont comme objectif commun de réduire à terme « l’effet de barrière » produit par les frontières.
Le PIT a pour vocation de recenser, articuler, formaliser les initiatives transfrontalières en Afrique de l’Ouest et favoriser la multiplication de cadres de coopération et autres initiatives transfrontalières sur les frontières intra-communautaires.
Il repose sur quatre niveaux d’interventions : celui des rapports transfrontaliers « de proximité » entre autorités et/ou collectivités locales/régionales ; celui – souvent nécessaire au développement du premier – des rapports bi ou trilatéraux entre Etats qui partagent une frontière commune ; celui de l’intervention régionale multilatérale, qu’elle soit intergouvernementale ou supranationale ; celui des rapports entre blocs régionaux désireux de nouer des relations relatives au contenu de leur intégration à la fois interne et externe.
Les ambitions de la Cédéao en matière de coopération transfrontalière ne peuvent déboucher sur des résultats concrets que si l’institution se dote de moyens de promouvoir ou d’impulser des actions sur le terrain.
Si pour l’instant, elle s’appuie sur ses partenaires du réseau Wabi (Unité d’investigations sur le terrain du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest) pour lancer certaines activités, elle doit pouvoir disposer de moyens d’action propres.
En effet, travailler à la vulgarisation du concept de « pays frontières » auprès des élus locaux des régions frontalières, des partenaires extérieurs, des Etats ou à l’identification de projets pilotes transfrontaliers implique de s’interroger sur les moyens de financer de telles opérations.
La création d’un fonds de facilitation des initiatives transfrontalières appuyé par les instances européennes est une des pistes à suivre.
Les travaux de Sikasso sont ainsi attendus sur l’autel des initiatives qui feront la paix, la sécurité et donc le développement sans barrières dans notre espace sous-régional.
Sikasso, pôle d’attraction de la construction transfrontalière sous-régionale, rien de plus normal, selon le maire de la localité, Mama Sylla pour qui sa ville a toujours été un carrefour, notamment le « lieu de rencontre de toutes les ethnies de la région incluant le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal… ».
Michel Boluvi
(correspondance particulière)
29 septembre 2005.