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Amadou « Haya » Sanogo, principal protagoniste du coup d’état du 22 mars au Mali, est depuis le 8 août dernier président du comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. De ce fait, il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs de la politique malienne.

jpg_une-1097.jpgCe poste hautement stratégique lui a été conféré par un décret signé par Dioncounda Traoré, président de la transition en vue de la préparation d’une intervention militaire qui se précise dans le Nord du pays. Mais cette attribution est en réalité la conséquence du coup d’état du 22 Mars qui a parachuté ce capitaine de l’armée de terre au plus haut sommet de l’état malien.

Prof d’anglais, jeune officier ou responsable de bizutage : mais qui est vraiment le capitaine Sanogo?

Fils d’infirmier à la retraite et quatrième enfant d’une fratrie de sept, Amadou Sanogo est né en 1972 et passe ses premières années à Ségou (à 240 km de Bamako) avant d’intégrer l’école du Prytanée militaire de Kati où il devient selon ses dires

« à 18 ans et quelques jours le plus jeune sous-officier de l’histoire de l’armée malienne »

Sa carrière de militaire se poursuit comme professeur d’anglais au Prytanée de Kati et comme instructeur à l’école militaire inter-armes de Koulikoro, où il est suspendu au même titre que tous les instructeurs en octobre 2011 après un bizutage ayant mal tourné (5 morts). Il a également fait partie des militaires qui ont bénéficié des formations aux Etats-Unis en tant que professeur d’anglais et dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mali. Ce qui l’a amené a effectuer quelques passages dans ce pays d’abord entre 2004 et 2005, puis en 2007, 2008 et 2010. De taille moyenne, et à la voix rauque, il a su se faire apprécier par ses hommes.

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«Suite à des requêtes et demandes non satisfaites, la rencontre de ces hommes avec le ministre de la Défense (ndlr, à l’époque le Générale Sadjo Gassama) a mal tourné, et ils ont pris des armes et des munitions pour se défendre. Le dialogue n’étant plus possible, il fallait faire entendre la voix des armes, Quand un militaire veut se faire entendre par la voix des armes, personne ne peut imaginer la portée. Je me suis dit, avec quelques collègues, pourquoi ne pas profiter de la situation et ne pas laisser ces hommes seuls agir, parce que trop c’est trop. C’est ce qui nous a conduits à ce coup de force».

L’idée d’un coup d’état ne lui était jamais venu à l’esprit, l’initiative aurait été prise selon ses dires par les sous-officiers et soldats qui l’entourent. Comme tout bon autocrate, il prétend que ce serait son entourage qui l’aurait porté à la présidence du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CRNDRE), créé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mars pour pallier « au déficit de l’état ».

Dans la foulée, il suspend les institutions, la constitution, ferme les frontières et établit un couvre feux. Mis au banc de la communauté internationale, de la francophonie et de la communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le capitaine au béret vert n’a pas d’autre choix que de négocier un plan de sortie de crise avec l’autorité sous régionale après de multiples tentatives de médiation et la mise en place d’un embargo. Le 6 Avril dernier, il accepte de signer un accord rendant le pouvoir aux autorités civiles et récupère le statut d’ancien chef de l’état (qui lui sera retiré quelques semaines plus tard par la Cédéao).

Toutefois, il a la main mise sur les affaires courantes du pays. Il aurait aimé « prendre ses responsabilités au terme du mandat de 40 jours imposé par la constitution au président par intérim (rallongé à un an par l’institution sous régionale) Paranoïaque et « convaincu de l’existence d’un complot, il s’est enfermé à Kati avec ses certitudes et ses ambitions de sauveur de la nation. »

« Je peux me rendre où je veux, quand je veux. J’ai une forte escorte composée de soldats entraînés qui peuvent faire face à une attaque ou à une embuscade, mais la sagesse nous dicte la prudence. Selon les informations dont nous disposons, je suis la cible privilégiée des adversaires du changement que j’incarne. Autant éviter de leur donner l’opportunité de réussir leur coup et plonger le pays dans le chaos. »

Kaourou Magassa

Source : Slateafrique.com, le 15 Octobre 2012