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Ils sont nombreux à avoir fait des emprunts afin de financer de grandioses campagnes électorales lors des communales du 26 avril dernier. Au finish, les premières tendances des résultats sont source d’amertume pour ceux qui se sont tout bonnement plantés. Bonjour la traversée du désert !

Les élections communales se sont tenues le dimanche 26 avril sur toute l’étendue du territoire national. Les résultats de ce scrutin, dont les premières tendances ont commencé à tomber depuis lundi matin, sont cause d’insomnie au sein de plusieurs états-majors politiques et associatifs.

Ce sont, plusieurs centaines de millions de nos francs qui ont été injectés dans les préparatifs des élections communales par les différents protagonistes ; aussi bien les formations politiques que les indépendants. Si, au niveau de certains partis politiques, les fonds débloqués ont été tant soit peu amortis par les subsides provenant du financement public, que la Délégation Générale aux Élections a récemment affectés aux formations politiques éligibles, pour d’autres partis et des candidats indépendants, c’était une course effrénée vers la recherche de fonds de campagne.

Selon nos informations, ils sont nombreux (surtout les têtes de liste) ces candidats qui ont fait des découverts assez importants auprès des banques et autres mécènes pour, espéraient-ils, doper leur chance de parvenir à être maire de telle ou telle commune. Une énorme quantité importante de pagnes, de T-shirt et autres gadgets de campagne sont passés par là. Cet investissement, pense t-on secrètement, pourrait générer de substantielles retombées lorsque l’objectif fixé viendrait à être atteint.

Et puisque presque tous les candidats visent le même objectif, c’est-à-dire parvenir à se faire élire, l’équation devient nécessairement difficile à résoudre pour la plupart d’entre eux. Il s’ensuit que les résultats, qui commencent à tomber, vont laisser plusieurs candidats sur le carreau avec sur leur dos une meute de créanciers.

Ceux-ci, informés des résultats défavorables de leurs débiteurs, désormais «candidats malheureux aux communales du 26 avril 2009», n’hésiteront pas, un seul instant, pour accélérer la procédure de recouvrement de leurs créances. Ce sera alors le début de la traque de celui qui, il y a seulement quelques semaines, inondait tout le quartier de T-shirt, de pagnes, de cartons de thé, sucre et autres gadgets.

Dans le même temps, le rythme des fréquentations au domicile du candidat malheureux va nettement baisser pour s’estomper carrément : les courtisans et autres laquais, griots le temps d’une campagne électorale, vont se faire rarissimes. Même au sein de son propre parti ou de son groupe associatif (pour les indépendants) la solidarité, qui devrait lui apporter un réconfort, ne serait-ce que moral, se fera lamentablement désirer. Le pauvre ex-candidat va être fui quasiment comme la peste ! On évitera de le croiser ! On feindra de ne pas le voir, de ne plus le reconnaître.


Par ailleurs,
il ne faut pas perdre de vue le fait qu’à l’établissement des listes de candidatures pour ces élections, les ambitions étaient si fortes au sein du parti ou du groupe de soutien à la liste d’indépendants que notre pauvre candidat, qui plus est, tête de liste, a pu susciter quelques animosités. La nature humaine ayant du mal à se départir du brin d’hypocrisie qui lui colle aux chromosomes, notre candidat n’a pas manqué du «soutien du groupe».

Mais, avec l’échec retentissant qui vient de sanctionner le scrutin, pour lequel tant d’argent et d’énergie ont pourtant été dépensés, les mauvaises langues vont se faire plus acerbes, plus acérées, plus massacrantes.

Des critiques du genre «notre liste n’a pas été bien composée, quelqu’un d’autre aurait piloté cette liste, que nous n’aurions pas eu des résultats aussi catastrophiques…», ont fini d’asséner l’ultime coup mortel au moral, sérieusement éprouvé du malheureux, mais alors bien malheureux candidat.

En fait, pourquoi de tels déboires pour les candidats qui ont perdu les élections ? Ces vicissitudes sont souvent dues à un manque de réalisme de plusieurs acteurs, sur le terrain politique.

Sous d’autres cieux (en Occident par exemple), il y a des mécanismes de sondage et d’évaluation de la cote de popularité des hommes politiques, susceptibles de compétir dans telle ou telle élection. Ainsi, chaque acteur peut savoir s’il a des chances réelles d’être élu. Ainsi, évitera-t-il de se jeter dans des dépenses inutiles et de se mettre dans une position humiliante.


Bruno Djito SEGDBJI

28 Avril 2009