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Depuis le plaidoyer spectaculaire du président de la CENI, Mamadou Diamoutani, la semaine dernière, pour un report de la présidentielle du 28 juillet prochain, c’est un mélange de déception et de colère dans le camp des partenaires du Mali, principalement la France de François Hollande qui a sauvé notre pays un certain 11 janvier 2013, enjoignant, chemin faisant, au gouvernement de transition l’organisation d’élections libres et transparentes en vue de doter notre pays d’autorités légitimes. C’est ce défi que ce même gouvernement n’a pas semblé pouvoir relever, d’où son désir de voir lesdites élections reportées sine die. Après avoir repoussé, dans un premier temps, la date du premier tour de la présidentielle du 7 au 28 juillet, nos gouvernants, après moult hésitations, semblent désormais se résigner à tenir le scrutin à cette dernière échéance, l’UE ayant opposé un niet catégorique à tout nouveau report. Il s’agit maintenant de savoir s’ils seront à même de relever ce défi pour lequel ils ont été appelés à siéger à la présidence de la République et au gouvernement transitoire.

Après tout ce que la communauté internationale a fourni comme effort, on se demande maintenant qui va porter le chapeau d’un éventuel report du premier tour de la présidentielle prévue le 28 juillet. Car, ce sont plus de 50 milliards F CFA qui ont été débloqués pour que les élections se tiennent à la date que les autorités maliennes ont-elles-mêmes arrêtée.

Voilà que les mêmes autorités, qui ont, malheureusement, consacré beaucoup plus de temps à travailler sur les dossiers d’appels d’offre que sur la préparation réelle des élections, veulent nous embarquer dans un report qui sera très préjudiciable à la crédibilité et à l’image de notre pays. Alors que les difficultés évoquées qui sont, certes, réelles sont loin d’être insurmontables, s’il existait réellement la volonté politique de les transcender. Sinon comment comprendre que la distribution des cartes NINA soit confiée à des jeunes gens qui n’ont même pas le BT, alors que ce travail pouvait être valablement effectué par des enseignants qui sont, d’ailleurs, actuellement en vacances.

Le népotisme, consistant à prendre des cousins et cousines à cause du perdiem qui leur sera payé au bout du rouleau, y est certainement pour quelque chose. Le perdiem du personnel chargé de la distribution variant, aux dires d’un agent déployé à l’école Plateau d’Hamdallaye en commune IV, entre 60 000F CFA et 95 000F CFA. A ce niveau aussi, on apprend que beaucoup d’agents ont déjà rendu leur démission au motif que le « travail est trop rude » comparé à l’argent que l’Administration leur donne.

C’est vrai que quand on prend des enfants pour faire un travail d’adulte, le résultat est connu d’office. Là encore on a constaté que ce sont les superviseurs, c’est-à-dire les chefs, qui gagnent plus que les agents qui passent toute la journée à recevoir les populations. Le ministère de l’Administration territoriale, qui a recruté ces agents, est en tout cas interpellé sur la question. Sa responsabilité est fortement engagée dans la réussite ou l’échec des prochaines élections. Alors que ce que l’ont voit sur les écrans de télé, c’est l’auto satisfecit des responsables de ce département. Cela au moment où d’énormes difficultés persistent sur le terrain.

D’autre part, en vue de l’élévation du taux de retrait, pourquoi le ministre de l’Administration territoriale, Colonel Moussa Sinko Coulibaly et celui de la sécurité, Général Tiéfing Konaté ne passeraient-ils pas des messages sur les médias pour annoncer que la carte NINA tient également lieu de carte d’identité. En plus qu’elle est gratuite. Cela va créer un réel engouement autour du retrait desdites cartes, éléments essentiels pour être électeur.

Au niveau des sites des centres de distribution des cartes NINA, la sécurité est si négligée qu’on se demande si ce sont bien des cartes d’électeurs qui y sont entreposées. Dans certains gros centres, il n’y a parfois que quelques trois à quatre agents des forces de l’ordre perdus dans la foule ; et aucun autre agent dans les salles, où sont déposées les cantines contenant le précieux document.

Au vu de toutes ces difficultés, de cette impréparation et désorganisation criarde, on se demande comment Moussa Sinko Coulibaly va-t-il réussir ce chantier-clé de la transition. Le report de la date fixée par le Conseil des ministres étant désormais exclu par les partenaires qui nous ont libérés, il reste maintenant à l’équipe de Diango Cissoko de retrousser les manches afin que tout soit fin prêt avant le jour J.

La date du 28 juillet étant désormais immuable et non négociable pour les partenaires du Mali et, principalement, par la France où François Hollande ne va quand même pas se décrédibiliser aux yeux du monde entier en cautionnant un tel report préjudiciable même à la bonne marche des institutions. Et c’est, certainement, ce que le président ivoirien a rappelé à la délégation malienne dépêchée spécialement auprès de lui, hier lundi.

Mamadou FOFANA

02 Juillet 2013