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C’était le lundi 20 mars 2010, à l’Ecole de police. Le hic, c’est qu’il ne s’attendait pas à ce que Niamé Keïta Directeur général de la police nationale soit publiquement accusé par les policiers et tenu responsable de tous les péchés d’Israël.

Sale temps pour un flic

Le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, le Général Sadio Gassama a cru bon d’inviter les policiers à une réunion ayant tout l’air d’une assemblée générale (AG).

Il s’agissait pour lui, de s’enquérir des contraintes et difficultés rencontrées par les policiers dans leur mission de service public notamment la lutte contre l’insécurité. Le Général voulait prendre le taureau par les cornes.

Homme de terrain, il ne voulait plus être otage des rapports et PV le plus souvent loin de la réalité. A preuve, le lundi 20 mars dernier, il se serait rendu compte de certains faits gravissimes de la police dont il ignorait.

Donnant la liberté de parole aux éléments devant les officiers supérieurs y compris le DG Niamé Kéïta, le ministre Gassama prit la précaution de rassurer tout le monde. «Pas d’éventuelles représailles pour les propos qui seront tenus ici», aurait-il averti.

Du coup, les policiers ne se furent pas priés. Tout le monde savait que le DG Niamé Kéita serait la principale cible de la rencontre improvisée. «Il nous humilie publiquement et bafoue notre autorité. Nous sommes victimes de mutations et sanctions arbitraires…Il est prompt à sanctionner les fautes mais, réticent à récompenser le mérite. Il est injuste…», dénoncent les policiers la gestion calamiteuse de leurs affaires par le DG.

Les incidents ayant opposé les transporteurs aux policiers furent naturellement évoqués. A ce sujet, les agissements de Niamé Kéïta ont été retenus comme cause profonde.

C’est, diront les policiers, à cause de ses interventions intempestives et abusives que les transporteurs sont aujourd’hui remontés contre la police. Un intervenant précisa que plusieurs fois le cahier de bord des véhicules arrêtés pour infraction par les éléments de la Compagnie de circulation (CCR), est retiré des mains de l’agent par le Directeur général de la police nationale. «Il n’en fallait pas plus, pour encourager les transporteurs assurés de bénéficier d’une protection en haut lieu », conclu-t-il.

La gestion sociale du DG fut également à l’ordre du jour. Il n’aurait pas levé le petit doigt pour venir en aide à un agent victime d’une crise aigue dans l’exercice de ses fonctions.

C’est le syndicat qui s’impliqua pour que le pauvre policier puisse bénéficier des soins appropriés. Aussi écœurant que cela puisse paraitre, la direction informée de cet état de fait n’a même pas daigné rendre visite au malade.

En définitive, les policiers n’eurent pas leur langue dans la poche. En réponse à ces graves accusations, le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, le Général Sadio Gassama avoua ignorer toutes ces réalités. «Chaque chef de famille à sa façon de gérer son foyer», a-t-il indiqué cherchant désespérément à soulager Niamé Kéita Directeur général de la police nationale.

Naturellement, il ne convainc personne. Pendant les échanges qui durèrent plus de deux heures, M. Kéita eut évidement du mal à cacher son embarras. Il a indiqué au ministre avoir pris acte et a promis de revoir bien des aspects de sa gestion.

Quoiqu’il en soit, son autorité vient de prendre un sacré coup lors de cette réunion ressemblant à une assemblée générale pour faire humilier le DG. Une démission serait souhaitable pour ce dernier par principe et dignité, mais aussi et surtout par realpolitik. Que reste-t-il désormais de son autorité et celle de l’État ?

B T

Le Guido du 30 Mars 2010.