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Il est l’un des rares candidats à faire au quotidien des propositions de solutions à l’insécurité qui règne dans le septentrion de notre pays depuis le 17 janvier. Sans tambour ni trompette, Madani Amadou Tall apporte sa contribution à l’édification nationale dans ces moments difficiles que vit la nation malienne. D’ailleurs, c’est ce qui explique la tenue, le 18 décembre 2011, du premier anniversaire de son parti Avenir et développement du Mali (ADM) à Tombouctou, loin de l’ordinaire bamakois. Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le septentrion de notre pays, il donne son point de vue sur la crise et ce qu’il attend d’une part des leaders des communautés touareg, et, d’autre part, des leaders politiques de la nouvelle génération. Lisez plutôt !

L’Indépendant : Quelle analyse faites-vous de la situation qui prévaut actuellement dans les régions Nord de notre pays et quelle solution préconisez-vous ?

Madani Amadou Tall : Lors de ma rencontre avec les chefs de fraction à Tombouctou en décembre 2011, je leur demandais de prendre leurs responsabilités car la tension était perceptible déjà. L’ADM a tenté de diffuser cette tension et cette crise. Nous savons que tant que le Nord a ce sentiment d’abandon, les rébellions resurgiront.

La crise qui prévaut en ce moment est une crise identitaire de groupes ethniques qui se trouvent divisés entre 4 à 5 pays et dont le Mali est l’épicentre. La communauté touareg vit un malaise car elle n’a pas pu s’intégrer. Il faut que les gens comprennent que la couleur de la peau n’est ni un privilège ni une tare. Aujourd’hui, le temps du dialogue est passé. Il reviendra sans doute après, quand les terroristes auront entendu la force de l’unité nationale et la force de l’armée malienne.

Par ailleurs, il faut que les puissances amies se prononcent sur la légalité de ce mouvement qui porte atteinte à l’intégrité territoriale du Mali. Aucun pays démocratique au monde ne peut tolérer l’usage des armes comme moyen d’expression.

Il n’y a pas deux solutions dans ce qui se passe au Nord : il faut utiliser la force et lorsqu’on aura fini avec ces terroristes, il faut juger tous les responsables des mouvements armés. Le Mali ne peut passer tout son temps à intégrer et réintégrer des bandits armés. Pour les solutions de réconciliations, elles viendront après. En attendant, il est temps que les leaders des communautés touareg désavouent ces terroristes. J’en appelle aux descendants de mon grand-père Mohamed Ali Ag Attaher El Ansari qui fut l’ami de mon grand-père Alpha Macki de ramener les enfants égarés à la maison.

Je salue le retour de mon oncle le Premier ministre Mohamed Ahmed Ag Hamani. C’est la preuve de sa loyauté et son dévoiement pour son pays, le Mali. J’espère que cet acte responsable servira d’exemple à beaucoup de nos compatriotes qui ont choisi l’exil plutôt que de partager ces moments avec le peuple malien : des Libyens qui veulent créer un Etat dans le Nord de notre pays.

Le Mali est un pays de dialogue mais aujourd’hui, il ne faut pas chercher de solutions compliquées à un problème simple : que les terroristes quittent notre territoire. On ne va pas aller sortir de vieux repères qui sont déjà contenus dans le Pacte national où, par souci de paix, nous avons voulu transiger. Malheureusement, avec le temps, cela a été perçu comme une faiblesse.

L’Indépendant : Que doit faire concrètement la classe politique en ces moments difficiles ?

Madani Amadou Tall: Le contexte politique actuel est marqué par ce qui se passe au Nord de notre pays. Toute la classe politique a les yeux braqués sur le septentrion. Pour autant, ceux qui gèrent le pays ou qui prétendent le gérer doivent apprendre à faire face à plusieurs fronts en même temps. Aujourd’hui, au delà de cette crise, il y a le front de la démocratie qui exige de chacun d’assister l’Etat dans la préparation et l’organisation et le bon déroulement des élections. Et au lieu d’envisager des scénarios catastrophes qui, à mon sens, ne sied pas, il faut travailler à des scénarios positifs.

Que l’attention de la classe politique soit portée sur l’avenir de la démocratie et sa consolidation plutôt que sur l’émergence d’ambitions personnelles. Mais au delà de la classe politique qui, elle, a la responsabilité d’être la conscience du peuple, il sied aussi aux nouveaux acteurs du paysage politique malien qui sont mes cadets à savoir Housseïni Amion Guindo dit Poulo, Ousmane Ben Fana Traoré, Tiémam Hubert Coulibaly, Yeah Samaké, Moussa Mara etc. et moi-même, d’apporter notre pierre à la construction du Mali de demain.

Diakaridia YOSSI

Le 20 Février 2012