Les Echos : Quelle est, selon vous, l’intérêt aujourd’hui d’un thème comme « paix, sécurité et stabilité économique en Afrique » ?
Mme Alwata Ichata Sahi : La Journée célébrée ce lundi commémore le 44e anniversaire de l’Organisation panafricaine des femmes. Elle est placée sous le thème « paix, sécurité et stabilité économique en Afrique ». Elle est importante parce qu’elle permet aux femmes d’être en communion autour de préoccupations qui sont les leurs, de mobiliser et sensibiliser leurs partenaires, de faire des plaidoyers auprès des décideurs, c’est-à-dire les responsables politiques administratifs, religieux et les plus hautes autorités. Le thème a été choisi par le secrétariat général de l’OPF dont le siège est à Luanda (Angola). Mais la latitude a été donnée à chaque pays de choisir un autre thème selon les préoccupations de l’heure. Au Mali, nous avons jugé utile de maintenir le thème car son annonce a coïncidé avec des évènements au Mali notamment ceux du 23 mai (Ndlr : ce jour-là, des soldats insurgés ont attaqué le camp miliaire de Kidal, emporté des armes se sont réfugiés dans les montages. L’accord signé à Alger le 4 juillet entre le gouvernement et les insurgés est censé mettre fin à cette rébellion).
Les Echos : Concrètement comment la Journée va se dérouler ?
A. I. S. : Une grande mobilisation des femmes autours d’activités d’IEC (information, éducation communication), des sketches, des interviews, des conférences-débats, etc. au cours desquelles les femmes souligneront leur place et rôle dans la quête de la paix, la sécurité dont le continent africain a tant besoin. Nul besoin de dire que le continent est touché par des foyers de conflits dans lesquels les femmes sont les premières victimes.
Les Echos : Pouvez-vous parler des progrès réalisés dans la promotion des femmes et quelle est la part prise par l’OPF dans ceux-ci ?
A. I. S. : Naturellement il y a eu des progrès dans la promotion de la femme, même si ce sont de progrès timides. Le changement de mentalité et de comportement demande de temps. Il faut que les femmes soient responsabilisées à tous les niveaux de l’échelle socio-économique et politique et nous ne pouvons pas dire que rien n’a été fait. Aujourd’hui, Il y a des femmes ministres, directrices générales, etc. Il y a 40 ans, nous n’étions pas à cela. Mais, il reste encore beaucoup à faire. L’OPF a vu le jour un an avant l’OUA et elle s’est battue pour l’indépendance de nos pays. Elle a lutté pour l’émancipation des femmes et continue de le faire.
Les Echos : Comment ressentez-vous, à l’OPF, la nomination d’une femme présidente à la Cour suprême ?
A. I. S. : C’est un sentiment de fierté qui nous anime. Je pense qu’au-delà du genre, la compétence, le dynamisme, l’honnêteté et la perspicacité de Mme Diallo Kayita Kayentao ont prévalu à sa nomination. Cela nous rend fières. Personnellement, je ne suis pas pour les nominations de complaisance pour faire plaisir aux femmes, aux partenaires ou à la communauté internationale. Elle a été nommée sur sa valeur intrinsèque. C’est cela qui nous réconforte parce qu’elle sera une référence pour toutes les femmes. Sa réussite ou son échec est celui de toutes les femmes. Je souhaite bon vent à Mme Diallo. Qu’elle soit à la hauteur de la tâche !
Les Echos : Quel message lancez-vous à l’occasion de cette Journée ?
A. I. S. : C’est d’exhorter les femmes à continuer le combat.
Propos recueillis par
Denis Koné/Echos
31 juillet 2006