Macina, vieux chef lieu de cercle d’où ont été amputés les cercles de Niono et de Tenenkou n’est, à cette année du cinquantenaire de notre indépendance, que l’ombre de lui-même, du moment où le Mali accédait à l’indépendance.
En effet, pour qui avait vu Macina il y a au moins 50 ans, c’était une ville coquette, ville où les touristes faisaient prolonger les escales des bateaux Gallieni et Archinard afin de visiter la ville. Les bâtiments administratifs situés sur la berge étaient des joyaux qui faisaient plaisir à voir. Les entrées étaient du côté opposé où on devait traverser des forêts d’orangers bien ordonnés pour accéder aux logements des chefs de service ou aux bureaux.
Aujourd’hui c’est des cours nues, aux murs de clôture écroulés qu’il vaut mieux ne pas en dire davantage, après cinquante ans d’indépendance. Et pourtant nous avons eu des représentants des populations, je veux parler des Députés, qui nous faisaient tous croire qu’ils étaient ou des parents ou des amis des chefs de l’Etat ou des personnalités influentes du régime. Si cela était des vérités, Macina n’en a pas profité. Ainsi :
– Sous l’US RDA, Kounadi Traoré qui avait des liens de mariage avec Modibo Kéita a promis le bitumage de la route Point A- Macina, mais a fait tout son temps sans même déposer une benne de latérite sur cette route. Son action mémorable c’est d’avoir, à travers ses miliciens, fait subir des châtiments corporels à des lycéens et des chefs de famille qui avaient osé dire, à la faveur de la Révolution Active, qu’ils ne voulaient pas du député, du chef de village et du bureau politique. C’était en 1968. Le 19 Novembre 1968 est venu libérer Macina de cette dictature. A l’actif de Kounadi, les rues de Macina passaient encore sans qu’on ne soit obligé de tourner parce que devant le ponceau est cassé.
-Pendant toute la période de populisme des militaires avec le slogan LIBERTE, la ville a continué de se dégrader. Et quand l’UDPM est venue avec ses députés, le nôtre, du nom de Moussa Karabenta n’a rien fait pour arrêter la dégradation du cadre de vie. Lui aussi se disait dans les bonnes grâces d’un certain Sékou Ly.
Tout son temps, rien! Pas de route Point A -Macina, pas d’assainissement de la ville de Macina. Devant l’évidence du manque de résultat, une révolution de palais s’opéra au sein du bureau de l’UDPM à Macina: son secrétaire à la jeunesse lui déclara une bataille à visage découvert et finit par le détrôner. On croyait Macina sauvé avec l’arrivée de ce jeune à la tête d l’UDPM. Ce ne fut pas long.
-Le mouvement démocratique a renversé l’UDPM. Nous avons au moins pu conserver dans les archives l’intervention de ce patron de l’UDPM Macina en la personne d’un certain Ousmane Dienta dit Mana dans la bataille pour l’ouverture démocratique qui disait qu’il n’y aura pas deux partis politiques au Mali. Dieu ne l’a pas entendu.
Non seulement il y a eu plusieurs partis au Mali et lui, non seulement il fut ADEMA, mais aussi député de ce parti trois mandats de suite. Que pouvait-on attendre d’un homme comme celui-ci? Ce fut effectivement la catastrophe : la descente aux enfers de Macina a continué. En fait, un bon député, même s’il n’est pas le maire, s’implique fortement dans l’amélioration du cadre de vie de sa localité. Hélas! Là où on voyait des ponceaux cassés, on ne les voyait plus puisque tous les fossés ont été comblés de terre ainsi que les ponceaux. Puisque le besoin n’était plus là, les eaux de pluie coulent dans les rues et finissent par y stagner. Je prie Monsieur le Président de ne pas vouloir aller dans certains quartiers s’il n’a pas de pirogue, lors de sa mission de lancement ou d’inauguration de l’éclairage public de Macina.
Quand les populations ont compris que les députés Adema n’étaient pas efficaces mais bénéficiaient du vote automatique des militants compte tenu de l’implantation du parti dans le cercle (mais aussi la fraude et la partialité de l’administration, Cf les législatives de 2002 et le tripatouillage à Kolongotomo), ces populations, épaulées par l’association des ressortissants de Macina installés à Bamako et des ressortissants de Ténenkou ont suivi les dossiers de la construction de la route et du casier agricole jusqu’à leur aboutissement (Point A Macina est le premier tronçon de la route Point A Tenenkou).
Comme on pouvait s’y attendre, notre cher député a tenté de s’arroger le mérite de ces deux grandes réalisations du cinquantenaire à l’endroit de Macina. Ce fut heureusement peine perdue, les populations connaissant la vérité des faits !
Tous ces rappels historiques, d’une histoire pas très lointaine, pour dire au Président à l’occasion de l’inauguration de l’électrification de la ville de Macina que les braves populations de ce vieux cercle attendent de lui qu’il promette:
1) L’entretien périodique de la route Point A- Macina avant qu’elle n’atteigne un niveau de dégradation nécessitant une réhabilitation coûtant nettement plus chère.
2) De commander des travaux pour corriger toutes les imperfections de planage qui existent dans le casier. Compte tenu de ces imperfections, les populations paient bien souvent des redevances d’eau qu’elles n’auraient pas dû, les rizières ayant été noyées.
Dès à présent des paysans sont incapables de vider l’eau de trop de leurs champs. On ne peut donc pas parler de maîtrise de l’eau pour le casier de Macina.
3) De reprendre la redistribution des terres. En effet, le projet initial ne prévoyait que six villages en plus de Macina. Sous l’instigation du député Ousmane Dienta dit Mana, une trentaine de villages et des cadres de l’Office du Niger ont bénéficié du partage des terres. Mana espérait ainsi avoir le suffrage de ces populations nullement concernées par le projet du casier de Macina.
Monsieur le Président, renvoyer les populations non concernées et les nombreux cadres de Bamako et ramener aux proportions raisonnables les grandes superficies que se sont octroyées les cadres de l’office du Niger et les membres de la commission d’attribution des parcelles témoignerait de votre sens de l’équité aux vaillantes populations de Macina. Celles-ci ne savent pas où commence leur combat de revendication des terres, n’ayant pu disposer du dossier du casier rizicole de Macina, manipulé de manière politicienne par le Député. Ainsi, des familles qui cultivaient 10 à 20 ha avant se sont retrouvées avec 2 ha au plus. Elles souhaiteraient en avoir au moins 5 à l’instar des jeunes diplômés. A défaut, elles se contenteraient de 3 ha qui s’avèrent être un minimum par tout Colon pour avoir un bénéfice après paiement de toutes les charges.
4) De rénover les bâtiments administratifs, à commencer par la Résidence du préfet qui était un joyau où l’eau coulait sous les orangers dont le passant enviait les fruits murs jaunes et verts ainsi que les fleurs rouges écarlate des flamboyants ;
5) L’assainissement et l’adduction d’eau de la ville de Macina
6) Un lycée public à Macina.
Si tous ces engagements ont pu être pris, Monsieur le Président, les populations de Macina vous porteront toujours dans leur cœur.
Bamako le 14 Septembre 2010
Mamadou KEITA
Ingénieur en retraite à
Lafiabougou
17 Septembre 2010.