Conçu pour désengorger l’ancien marché, les Halles de Bamako, véritable joyau architectural ne jouent toujours pas leur rôle, celui d’un marché moderne qui regorge de monde et de marchandises. Tout simplement, les commerçants traînent toujours les pieds pour s’y installer.
Pour les uns, cette situation est due à la difficulté d’y accéder, liée à un problème de convergence des «sotramas» venant des quatre coins de la capitale. Pour les autres, elle est imputable à un manque de volonté politique. Mais, pour les superstitieux, les commerçants ont tellement fait des sacrifices avant de s’installer dans l’ancien marché qu’ils ne sont pas prêts à changer de boutique.
Conséquence: la plupart des boutiques, faute d’occupants, à l’arrière- plan du rez-de-chaussée et à l’étage presque inoccupé des Halles de Bamako, servent aujourd’hui de repaires pour les malfrats et de chambres de passe pour des mineurs. C’est donc une lutte acharnée que mène le dixième arrondissement pour assainir les halles qui, il n’y a pas longtemps, étaient considérés à juste titre comme un foyer criminogène du District.
Pour ce faire, le commissaire divisionnaire Mady Fofana a chargé l’inspecteur divisionnaire Bakary Bakayogo de s’en occuper spécialement. C’est dans ce cadre qu’en collaboration avec les éléments de la brigade de recherches du 10e arrondissement, il organise des rafles inopinées mais régulières aux heures les plus reculées de la nuit.
Dans la nuit du 11 au 12 août, aux environs de 2 heures du matin, les éléments du 10e arrondissement ont effectué une descente sur les Halles de Bamako. La particularité, selon la police, c’est que les délinquants trouvés sur les lieux étaient des couples en pleins ébats, pour la plupart des mineurs, dans les magasins squattés.
Après la fuite de plusieurs d’entre eux, les policiers réussirent à arrêter quatre jeunes délinquants et deux filles.
Il s’agit de Issa Sissoko, 18 ans, un sans domicile fixe, Souleymane Traoré, voleur ; KT 15 ans, vagabond ; IC 13 ans, récidiviste qui en est à sa sixième arrestation, D.D 16 ans, prostituée et K.D 15 ans, prostituée récidiviste bien connue au niveau des Halles de Bamako.
Le père de Kayatou Diallo, selon ses déclarations, vit à Kayes. Sa maman ayant quitté ce dernier pour se remarier à Kati, elle l’avait donc suivie. Malheureusement, les fils de son père adoptif ne s’entendaient pas avec elle. C’est ce qui l’a poussée à quitter Kati pour venir vivre à Bamako. «C’est entre les Halles de Bamako, la Cité des coopérants et l’autogare que je gagne ma vie. Je ne suis pas la seule qui s’adonne à la prostitution, nous sommes nombreuses, d’ailleurs il y a plus petite que moi», déclare-t-elle, sans la moindre pudeur. Avant d’ajouter que «ce sont les gardiens qui donnent les clés des magasins vides aux jeunes couples moyennant financement».
Pierre Fo’o MEDJO
16 août 2007.