Tout enfant a droit à l’éducation, au loisir, à la protection, à l’assitance et à la santé. Aussi, dans la déclaration de politique de lutte contre le VIH-Sida adopté en Avril 2004 par le gouvernement du Mali, il est stipulé que la protection des droits des orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH-Sida doit être de la responsabilité de l’Etat et des communautés.
C’est dans le souci de traduire le contenu de cette déclaration dans la réalité que du jeudi 18 Septembre au jeudi 9 Octobre 2008, les plus hautes autorités du pays a initié une campagne de plaidoyer en faveur des orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH-Sida, à travers le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS), en collaboration avec le gouvernorat et les mairies des six Communes du District de Bamako.
L’objectif de cette campagne est d’informer les leaders sur la situation des orphelins et enfants vulnérables du VIH-Sida, d’organiser une session de plaidoyer pour inciter Conseils Régionaux de Lutte contre le Sida (CRLS) et Comités Locaux de Lutte contre le Sida (CLLS), en un mot, amener les décideurs locaux à mieux connaître la question des orphelins et enfants vulnérables du VIH-Sida et à l’intégrer dans leurs dispositifs de prises de décision.
Le lancement de cette campagne de plaidoyer en faveur des orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH-Sida a eu lieu du 18 au 19 Septembre 2008, dans la salle de conférence du gouvernorat du District de Bamako. Après le gouvernorat, ce sont les mairies des six Communes du District qui ont été ciblées.
Ainsi, la mairie de la commune VI fut la première à servir de cadre, le mardi 23 Septembre 2008, à une série d’actions ciblant les décideurs en vue d’un soutien constant pour la résolution du problème, à travers la prise en charge de décisions politiques ou de mesures administratives, par les autorités locales et régionales, en vue de faire avancer positivement la question des orphelins vulnérables en matière de lutte contre le Sida.
Régionales et locales, puisque des sessions seront organisées aussi au niveau des capitales régionales et des chefs lieux de cercle, sous la présidence des gouverneurs de région et des préfets de cercle.
Le mercredi 24 Septembre 2008, c’est la mairie de la Commune III qui a reçu sa session, suivie de la mairie de la Commune IV, le jeudi 25 Septembre 2008. Le samedi 27 Septembre, c’était le tour de la mairie de la Commune I, suivie de la mairie de la Commune V le lundi 29 Septembre ladite. Ce jeudi 9 Octobre 2008, c’est la mairie de la Commune II qui clôturera cette campagne de plaidoyer en faveur des orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH-Sida.
Partout où le secrétaire exécutif du Haut Conseil Régional de Lutte contre le Sida, le Dr Aly dit Agali Wélé, a passé (au gouvernorat et dans les mairies des six Communes du District de Bamako), il a édifié l’assistance sur la situation et le niveau du Sida au Mali, ainsi que sur la situation des orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH-Sida.
En sa qualité de spécialiste en la matière, le Dr Wélé a estimé, durant ces sessions, que le nombre de prévalence du VIH-Sida est à 130 000 au Mali. A l’en croire, selon les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé-Mali (EDSM IV de 2006), la prévalence au sein de la population est de 1,3%, contre 1,7 selon EDSM III de 2001.
Quant aux femmes, elles sont deux fois plus touchées que les hommes, avec respectivement 2% et 1,3%. Le Dr Aly dit Agali Wélé a souligné que Bamako est la région la plus touchée par la maladie, avec un taux de prévalence de 2%.
Au cours de ces interventions, parlant de la situation des orphelins et enfants vulnérables du Sida, le Dr Wélé a expliqué qu’il est considéré comme orphelin et enfant vulnérable au sida, tout enfant vivant une situation menaçant sa santé, son développement, son intégrité physique ou morale, en rapport avec le VIH-Sida.
Toujours selon ses explications, environ 60 000 orphelins au Mali ont perdu leurs parents, soit 10%. Et 13 000 enfants de 0 à 14 ans sont porteurs du VIH. A l’en croire, 70 000 enfants ont déjà perdu un de leurs parents, voire les deux ; et 43% sont des orphelins de mère, 38% des orphelins de père, et 19% des doubles orphelins.
Facteurs de risque et de vulnérabilité
Selon le Dr Wélé, les facteurs de risque et de vulnérabilité sont nombreux. Parmi eux : l’insuffisance d’information sur la sexualité et les fausses croyances sur le VIH ; les relations sexuelles précoces (pression des pairs, prostitution, homosexualité) ; l’exposition à des rapports non protégés et l’accès limité aux prévenvatifs ; la forte prévalence des IST non ou mal soignées ; la dévalorisation de soi et du corps ; l’insécurité alimentaire et la pauvreté ; l’effritement des valeurs communautaires ; l’ existence de certaines pratiques néfastes à la santé ; l’analphabétisme et la faible prise en compte du genre.
Que peut et doit alors faire le responsable de l’autorité politique ou administrative, au niveau local? Selon le Dr Wélé, il peut informer ses mandants sur les OEV (Orphelins et Enfants Vulnérables) ; mettre au point un plan stratégique local ; encourager des réponses locales en matière d’OEV ; soutenir les enfants du Sida et les orphelins ; encourager l’implication de la société civile et du secteur privé et mobiliser des ressources au niveau local.
Quant au leader communautaire ou au responsable d’ONG ou d’association, il doit, selon le Dr Wélé, impulser et intégrer la dimension OEV dans toutes les activités de lutte contre le Sida ; faire un plaidoyer en faveur des OEV ; développer des messages promouvant les valeurs familiales et morales ; assurer soins et soutien aux OEV et praticiper à la planification stratégique.
Quant aux enfants eux-mêmes, dira le Dr Wélé, ils peuvent participer aux processus de prise de décision à tous les niveaux, et dans la planification que dans la mise en oeuvre, le contrôle et l’évaluation des questions relatives aux OEV ; soutenir les actions en cours en faveur des OEV ; apporter un soutien, dans le respect et la dignité, aux pairs affectés et affectés par le Sida.
“Si des efforts plus soutenus ne sont pas déployés, le Mali comptera, en 2010, 500 000 personnes porteuses du VIH, 170 000 décès dus au sida et 150 000 orphelins”, a prévenu le Dr Wélé. Pourtant, il faut reconnaître que depuis 2005, des efforts importants ont été entrepris en faveur des OEV.
Parmi ces efforts, on peut noter l’élaboration d’un Cadre Stratégique National 2006-2010 ; l’ADS et le plan triennal en faveur des OEV 2007-2010 ; les appuis financiers non moins importants découlant du Fonds Mondial, du MAP, de la BAD, qui ont permis aux acteurs, notamment ARCAD SIDA et RIOEV, d’identifier et de prendre en charge un nombre important d’enfants vulnérables au VIH et au Sida ; l’élaboration de l’outil de plaidoyer “PAGE” en faveur des OEV ; les activités de lutte contre la stigmatisation menées par l’Alliance des Religieux du Mali contre le VIH et le Sida ; l’élaboration de la loi sur le VIH-Sida.
Malgré les efforts constatés dans les prises en charge des OEV, la prise de conscience, facteur de changement de comportement, reste toujours faible au niveau des décideurs locaux. En effet, peu d’actions ont été entrepriss en direction des leaders locaux. C’est pour ces raisons que le Secrétaire Exécutif du HCNLS et l’UNICEF ont mis en place un outil de plaidoyer en faveur des OEV.
Cet outil mis à la disposition du secrétariat exécutif sera vulgarisé auprès de l’ensemble des acteurs concernés. Cet outil a fait l’objet d’une appropriation par l’ensemble des acteurs intervenant en faveur des OEV à travers un atelier du Comité National en faveur des OEV, instance consultative auprès du secrétariat exécutif et des secrétariat exécutif régionaux du HCNLS. Le MPFEF a également procédé à la formation de 25 formateurs, à l’effet d’utiliser, de façon systématique, l’outil “PAGE“ auprès des instances de décision.
Pour pallier les insuffisances d’information des décideurs locaux, le secrétariat exécutif du HCNLS et l’UNICEF entreprennent une campagne de plaidoyer en faveur des OEV.
Mariétou KONATE
09 Octobre 2008